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Sofia Coppola
The Beguiled (Les proies)
Sortie le 20 septembre 2017
Article mis en ligne le 27 août 2017

par Charles De Clercq

Synopsis : En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d’un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Alors qu’elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l’atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu’à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous.

Acteurs : Nicole Kidman, Elle Fanning, Kirsten Dunst, Colin Farrell, Angourie Rice.

 De belles images

Nous n’avons pas été déçu par le film. Il y a de bonnes choses, même si l’on n’atteint pas la densité de Virgin Suicides : l’image, la direction, le cadrage, les actrices, belles, la photo. C’est même visuellement très beau, malheureusement il manque quelque une âme au film. Si l’on n’a jamais vu le film de Don Siegel, le plaisir sera au rendez-vous. C’est que l’histoire de ce caporal McBurney blessé à la jambe vient apporter une sérieuse dose de testostérone dans un orphelinat de jeunes filles où il sera le seul mâle, un ennemi nordiste, Yankee, au sein d’un établissement sudiste, quelques années après le début de la guerre de Sécession. On trouvera peut-être le film vénéneux, tout particulièrement dans sa fin (et l’on pourrait même écrire « faim » !). Un bon moment de cinéma, classique, pour ce film réalisé par une grande dame. En revanche si l’on compare au film homonyme de 1971, les choses changent. Et d’ailleurs pourquoi un remake quarante-six ans plus tard ?

 Pas un remake

En réalité, Sofia Coppola ne réalise pas un remake du film de Siegel, mais une nouvelle adaptation du roman de Thomas Cullinan (là où Siegel s’était adjoint Irene Kamp et Albert Maltz pour le scénario). Toute la question est de savoir qui verra le film de 1971 ? Sans cela, beaucoup prendront pour argent comptant le film de Coppola sans se poser de questions. Et pourtant, c’est une occasion de découvrir que le premier était sacrément un (très) bon film, sans commune mesure avec ce qui n’est donc pas un remake. C’est finalement assez étonnant qu’une femme n’ait pas voulu donner corps aux enjeux de cette histoire (nous ne pouvons penser que la réalisatrice qu’elle est n’en ait pas eu conscience !).

Son parti pris est très différent de Siegel. Comme plusieurs confrères/consoeurs en sortie de vision presse, nous sommes d’avis qu’il est intéressant de voir le film en lien avec son époque de réalisation. Par ailleurs, une des premières scènes du film de Siegel ne passerait plus la rampe aujourd’hui. Lorsque le « Yankee » demande à Amy, la petite orpheline qui le trouve dans les bois : « tu as quel âge ? ». Elle répond « 12 ans, mais bientôt 13 ! ». Et, lui répond, « alors (sous-entendu tu es une femme) je peux faire cela », et il l’embrasse sur la bouche !"

 Et où l’on compare au film de Siegel

Comme nous n’avons pas lu le roman, nous ne savons qui est le/la plus fidèle à celui-ci. Toutefois, Le Siegel à une densité bien plus importante que le Coppola. Il est probable que celle-ci est plus proche du texte (supposition sur la base du fait que Siegel s’est adjoint deux scénaristes). Il y a chez lui un film bien plus érotique (oserons-nous ajouter ) en faisant un mauvais jeu de mots - comportant de nombreuses « zones érogènes ». C’est que la tension sexuelle est plus palpable, plus explicite chez Siegel. Sans compter l’arrière-fond de guerre bien plus présent, la relation incestueuse de la directrice avec son frère (à son corps défendant ou pas, l’ambiguïté est toujours présente), la servante noire et le racisme latent (et parfois exprimé sans fard !), les fantasmes de la directrice et le lien avec le tableau et le Christ et aussi l’aspect symbolique également, ainsi la corneille attachée avec une corde au début et morte au bout de la même corde à la fin, la chanson du début et de la fin également.

Si Coppola a pour elle la beauté de ses actrices par rapport au film de Siegel, les personnages féminins de ce dernier sont bien plus pervers que chez Coppola ! Il en est de même pour le Yankee bien plus soft chez la réalisatrice. Par ailleurs, outre la musique de Siegel qui ajoute une tension, celle-ci est également plus présente lors de l’irruption de trois soldats sudistes (après l’épisode de foulard) et également lors de l’arrivée nocturne d’autres sudistes qui ont l’arrière pensée d’abuser des femmes. Siegel insiste aussi (ce qui n’est pas du tout explicite chez Coppola) sur l’importance de la tortue, sur le fait que le Yankee aime beaucoup les champignons et qu’il aime aussi beaucoup utiliser ses jambes pour la danse par exemple.

 En conclusion

Ce sont en fait deux œuvres radicalement différentes et ici, Coppola est en mode soft et mineur par rapport à Siegel. Nous rejoignons l’avis posté par « The Boogeyman » sur le forum dvdclassik par un de ses membres :’Au sortir de la salle on ne pense qu’à ce qu’aurait pu (dû) être ce film avec tous les éléments que la réalisatrice avait à sa disposition et non à ce qu’on vient de voir. Sofia Coppola se contente « d’effleurer » les thématiques et ses personnages. Sa version n’est jamais ambiguë, jamais troublante, pas de tensions ni de suspense. Réalisation et interprétations sont totalement asexuées, plates. Le scénario ne fait que survoler la surface sans faire le moindre remous, le seul « coup d’éclat » dans cette atmosphère diaphane subit un traitement des plus fade. Beaucoup trop sage, limite amorphe, limite, car Sofia Coppola a fait le choix d’un parti pris qui lui sied parfaitement, mais qui ne convient pas à ce que l’histoire méritait (ou du moins aux attentes qu’elle suscite).

 Bande-annonce

The Beguiled : Trailer HD VO st bil
The Beguiled : Trailer HD VO st bil

La vie d’un pensionnat de jeunes filles dans l’Etat de Virginie en 1864. Alors que la guerre civile fait rage, le pensionnat pour jeunes filles de Miss Martha Farnsworth reste totalement coupé du monde...
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Lien vers la critique de Julien Brnl



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