Synopsis : Petit génie des mathématiques, Christian Wolff est plus à l’aise avec les chiffres qu’avec les gens. Expert-comptable dans le civil, il travaille en réalité pour plusieurs organisations mafieuses parmi les plus dangereuses au monde. Lorsque la brigade anti-criminalité du ministère des Finances s’intéresse d’un peu trop près à ses affaires, Christian cherche à faire diversion : il accepte de vérifier les comptes d’une entreprise de robotique ayant pignon sur rue. Problème : la comptable de la société a décelé un détournement de fonds de plusieurs millions de dollars. Tandis que Christian épluche les comptes et découvre les rouages de l’escroquerie, les cadavres s’accumulent…

Acteurs : Ben Affleck, Anna Kendrick, Jon Berntha,l J.K. Simmons, John Lithgow.

 La tête et les jambes !

Le titre reprend ici celui d’une émission télévisée créée par Jacques Antoine et Pierre Bellemare au début des années soixante. Il s’agissait d’un jeu où deux candidats faisaient la paire et si « l’intellectuel » avait raté une épreuve, il pouvait être repêché grâce au deuxième candidat dans une épreuve sportive. Là ils étaient deux, ici, le protagoniste principal, Christian Wolff combine les deux. Ce n’est pas le premier film où un acteur incarne un autiste au cinéma ou dans une série télévisée. Dernièrement, X+Y (Le monde de Nathan) (2015), réalisé par Morgan Matthews, racontait l’histoire vraie d’un autiste qui avait participé aux Olympiades de mathématiques.

Le film de Gavin O’Connor (à qui l’on doit Jane Got a Gun qui n’a malheureusement pas été bien reçu par de nombreux confrères) fait découvrir un autiste, atteint du syndrome d’Asperger, mais qui a pu prendre et garder sa place dans le monde grâce à des capacités physiques exceptionnelles. Son père, ayant une formation militaire, plutôt que de le placer dans un centre spécialisé l’a entraîné à de nombreux sports de combat, à la dure et sans compromis. Il y mêlait même son frère (qui semble avoir le moins de problèmes alors que la soeur paraît souffrir de troubles différents). Tout l’intérêt du film et le plaisir du spectateur résident dans cette double compétence, physique et intellectuelle.

 Des acteurs de talent !

Ben Affleck incarne cet homme avec les ses particularités liées à son autisme. Il est probable ou possible que certains éléments soient caricaturés, mais peu importe, cela fonctionne juste et bien. L’acteur bénéficie de sa préparation physique pour Batman, mais a dû faire un travail d’endurance de nombreuses heures (deux par jour) dans une salle de sport pour acquérir un physique en adéquation avec son rôle. Il s’est initié au Pentjak Silat, une technique de combat indonésienne et au maniement de plusieurs types d’armes à feu.

A l’opposé, Brax, un des antagonistes du film, est interprété brillamment par Jon Bernthal. Son type de combat sera du genre freestyle et l’acteur qui a été boxeur tournera lui-même les scènes de combats. « Un des » antagonistes, car il y en a plusieurs, tant du côté de la mafia, que des autorités : police, fisc, FBI. Ainsi, on appréciera tout particulièrement J.K. Simmons (Whiplash) dans le rôle de Ray King. Enfin,celui de Dana Cummings, la comptable et ensuite partenaire de fuite et ou d’enquête de Mr Wolff est dévolu à Anna Kendrick.

 Un film que l’on ne doit pas spoiler !

The Accountant (Mr Wolff) est un fim dont un des intérêts principaux est de surprendre le spectateur par le développement et les rebondissements de l’intrigue. Le meilleur conseil que l’on peut donner est d’éviter de rechercher trop d’informations sur le déroulement du film avant d’aller le voir. Certains sites cassent le plaisir de la découverte en décrivant minutieusement toute l’intrigue et ses multiples dénouements. Certes il n’est pas interdit de spoiler sur Internet, c’est la règle du jeu. Un spectateur averti en vaut deux et en tout cas lui permettra de savourer une histoire très bien construite en usant du flashback notamment, mais également en faisant s’entrecroiser des itinéraires improbables. Ce sera tout le plaisir de découvrir un Ben Affleck aussi à l’aise avec les chiffres (il y a quelques scènes fascinantes) qu’avec les armes. Il y aurait même un point commun avec Batman dans le sens où Mr Wolff vient au service de ceux qui sont spoliés. Il le fait tant avec sa tête et sa formation intellectuelle et ses dons renforcés par le syndrome d’Asperger qu’avec sa capacité à utiliser ses poings ou des armes. L’empathie est pourtant de tous les instants alors même que ce comptable est au service d’organisations de type mafieux. Un « plaisir coupable » totalement assumé malgré, voire grâce aux entorses aux principes de vraisemblance. Ce n’est pas, en effet, ce qu’il faut attendre du film mais ce plaisir jubilatoire de découvrir un « intello » en mode combattant...

 Bande-annonce