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CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Ildiko Enyedi
Teströl és lélekröl (On Body and Soul / Corps et âme)
Sortie le 27 décembre 2017
Article mis en ligne le 14 novembre 2017

par Charles De Clercq

Synopsis : Mária, nouvelle responsable du contrôle de qualité et Endre, directeur financier de la même entreprise, vivent chaque nuit un rêve partagé, sous la forme d’un cerf et d’une biche qui lient connaissance dans un paysage enneigé. Lorsqu’ils découvrent ce fait extraordinaire, ils tentent de trouver dans la vie réelle le même amour que celui qui les unit la nuit sous une autre apparence...

Acteurs : Alexandra Borbély, Géza Morcsányi, Zoltán Schneider

Ce drame hongrois a remporté l’Ours d’or dans la sélection officielle du 67e Festival international du film de Berlin, mais également le prix FIPRESCI et le prix du jury œcuménique. Autant dire qu’avec la barre placée aussi haut, nous attendions beaucoup de ce film. La côte IMDB, mais aussi la critique de Nicolas Gilson, un confrère dont nous apprécions souvent les analyses nous (r)assuraient dès avant l’entrée dans la salle. Hélas, nous avons eu un sérieux problème : nous ne sommes pas arrivé à entrer dans la forêt pour y accompagner la biche et le cerf. Finalement, nous ne sommes resté que dans l’abattoir ! Difficile d’exprimer ce qui nous a empêché de profiter pleinement de ce film dont nous convenons que les critiques enthousiastes sont dans le bon. Ce n’est pas l’aspect fantastique du film, la rencontre d’un homme et d’une femme, blessés dans le corps ou dans la tête, dans les songes et donc au-delà de la corporéité qui nous a bloqué. Nous pensons que notre histoire personnelle, le rapport à l’animal ou plutôt à la « cause animale » (comme ancien végétarien aujourd’hui « flexitarien » ) a dû jouer. Nous nous sommes senti enfermé dans l’abattoir. Enfermé avec les animaux. Obligé à voir ce que l’on ne veut pas voir : la façon dont les animaux passent et trépassent pour arriver dans notre assiette. Nous avons même dit à l’un de nos confrères, au sortir de la salle, que le film devrait être montré à ceux et celles qui hésitaient à devenir végétarien ! Non pas que l’on ait affaire ici, en Hongrie, à un film gore, pendant outrancier des images sauvages prises dans certains de os abattoirs en Belgique et en France. Bien au contraire, le film a été tourné dans des conditions réelles et aucun animal n’a été tué « pour les besoins du film ». Celui-ci a intégré de vraies images de mise à mort d’un animal. Et le directeur de l’établissement a approuvé le tournage et tient beaucoup à ce que le personnel ait une philosophie de respect par rapport à l’animal que l’on tue (un peu comme dans des cultures ancestrales et « primitives »). Ce point est d’ailleurs évoqué dans le film où Endre, le directeur, signale à un futur ouvrier qui désire être embauché qu’il ne restera pas s’il n’a pas de sentiments, mais reste une « brute ».

Entre Endre (Géza Morcsányi), ce directeur avec un bras inerte, et Mária (Alexandra Borbély), inerte également, mais au plan relationnel, alors que son cerveau lui a de multiples ressources (elle est autiste et souffre possiblement du syndrome d’Asperger - non évoqué dans le film) quelque chose se noue donc dans les rêves. Il ne s’agit pas ici d’adhérer à l’aspect fantastique ou pas (après tout, les songes ont une dimension religieuse tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau !), mais de prendre acte de cette dimension symbolique qui nous donne au demeurant, de découvrir de belles images des cervidés dans la forêt, à plusieurs reprises durant le film, mais aussi au début et à la fin (mais, là, avec une sérieuse différence).

Rien à redire des liens qu’ils tissent ou tentent de tisser entre eux. Les deux acteurs incarnent bien leurs rôles. D’autres protagonistes aussi, même s’il nous est apparu que le trait semblait parfois forcé. Nous avons cependant un très gros problème avec la psychologue, Klára (Réka Tenki). Elle est « nécessaire » dans l’intrigue pour que Endre et Mária découvrent qu’ils font le même rêve, qu’ils boivent ensemble, biche et cerf se touchant le museau en rêve. Il n’empêche, au niveau vraisemblance, il y a un sérieux problème : comment cette psychologue ne voit-elle pas l’autisme (au moins) de Mária ? C’est à tout le moins un signe d’une totale incompétence ! Que fait-elle là alors ? A noter aussi des scènes dont nous peinons à voir l’utilité, ainsi celle relative au produit avec des effets stimulants (aphrodisiaques) destiné aux animaux et qui a été dérobé. Elle est l’occasion, bien sûr, de voir ce qu’il en est des relations humaines sur le lieu de travail et sur l’image que l’on peut avoir de certaines personnes (l’ouvrier injustement accusé). En revanche, l’abattoir nous est apparu comme un personnage du film, principal même. Les lieux, le matériel, les hommes en son sein, leurs rituels, de nettoyage par exemple, la saignée, la découpe des animaux... font partie de l’essence même du film, à mettre en lien avec les animaux enfermés dont nous savons (nous en tout cas) qu’ils seront mis à mort avant la découpe et ensuite de (littéralement) passer à la casserole (ce que l’on ne voit pas, mais que nous savons donc - désormais !).

Un conseil donc : allez lire et/ou écouter l’avis de confrères et consoeurs et/ou de vos amis plutôt que de vous fier à notre seule critique, par exemple celle de Nicolas Gilson sur le site Un Grand Moment... !



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