Synopsis : 1912. Angleterre. Maud est une jeune femme issue d’un milieu défavorisé. D’un jour à l’autre, de simple blanchisseuse, elle se retrouve engagée dans le mouvement féministe "Les suffragettes”. Maud réalise très vite que les manifestations pacifiques ne mènent à rien, les échecs de leurs actions et l’humiliation par les forces de l’ordre feront en sorte que petit à petit le mouvement et elle-même se radicaliseront. Quitte à mettre son mariage en péril, avec toutes les conséquences que ceci engendre, jusqu’à même risquer sa propre vie. Son combat pour l’obtention du droit de vote des femmes deviendra une idéologie pour laquelle elle est prête à aller jusqu’au bout. Une histoire de femmes ordinaires, mais révolutionnaires d’esprit, prêtes à tout pour défendre leurs convictions et faire basculer le statu quo d’un monde où les hommes font la loi.

Acteurs : Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Brendan Gleeson, Anne-Marie Duff, Ben Whishaw, Meryl Streep.

Primé lors des des 29e European Film Awards 2016

Suffragette est basé sur des événements historiques, même si l’histoire de Maud Watts est fictive (du moins jusqu’à plus ample informé), mais représentative de combats du début du siècle dernier, menés par la Women’s Social and Political Union en 1903 par Emmeline Pankhurst et sa soeur Christabel. Le film se termine en 1913, peu après la mort d’Emily Davison, en juin 1913 lors de la prestigieuse course hippique, le Derby d’Epsom, organisé le 4 juin devant cinq cent mille personnes. Elle tente de suspendre une banderole de son association à la bride du cheval qui appartenait au roi George V. Même si en 2013, les « causes » réelles restent floues, le film la présente comme la première martyre des suffragettes.

Le film se termine d’ailleurs par des images d’archives des funérailles d’Emily. En nous permettant d’accompagner Maud qui devient militante à son corps défendant, la réalisatrice nous permet de découvrir la dimension humaine et politique de ces combats et de la condition de la femme. Carey Mulligan (Maud) est en couple avec son mari Sonny Wats (Ben Whishaw excelle dans ce rôle d’un mari aimant, tendre, mais également prisonnier des conceptions des rôles de l’homme et de la femme dans la société). Elle travaille dans une laverie et les conditions de travail sont très dures (j’ai songé à plusieurs reprises à celle dont il est question dans Keetje Tippel, réalisé par Paul Verhoeven en 1975). Elle va peu à peu se rebeller et participer à des actions parfois violentes, puisque Emmeline Pankhurst les y incite. C’est Meryl Streep qui l’interprète pour quelques minutes durant le film. Sa présence apporte une caution et un soutien au film qui défend une cause qui n’était pas gagnée d’avance (et le générique donne quelques dates de l’évolution du droit des femmes et permet de constater que cela a pris du temps et qu’il y a encore du chemin à faire).

Nous découvrons aussi les emprisonnements (comme prisonnières de droit commun et non comme « politiques »), les grèves de la faim, les gavages de force, mais également l’inertie et la résistance farouche des hommes (mâles, donc) et des autorités à changer les choses et à maintenir un homme établi. Point de place donc pour l’égalité des sexes, des rémunérations, de traitement...

Dieu merci, les choses ont changé depuis !
Quoique ! Quoique !