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Stefano Sollima
Suburra
Sortie le 9 décembre 2015
Article mis en ligne le 3 décembre 2015

par Charles De Clercq

Synopsis :
1. A Ostie, près de Rome, certains veulent construire « la Las Vegas de l’Italie », un mégalomane projet immobilier. Dans un enchevêtrement des intérêts corrompus, plusieurs parties sont impliquées : l’Etat (même des parlementaires et des ministres), le Vatican, et plusieurs familles de Mafia. Comme des vautours autour d’un cadavre, ils réclament tous leur part du gâteau.
Une confrontation brutale entre les différents aspirants est toutefois inévitable. Au cours d’une période de huit jours fatals, le château de cartes va s’effondrer...

2. Suburra est un film qui met en scène la politique, le Vatican, la mafia, la corruption, le recyclage d’argent, la drogue et la prostitution.
Suburra aborde la bataille politique et criminelle pour la conquête d’Ostie, destinée à devenir un paradis du jeu de hasard. Les personnages sont Filippo Malgradi (Pierfrancesco Favino), Numéro 8 (Alessandro Borghi), chef d’une famille criminelle qui gère le territoire, Sebastiano (Elio Germano), un jeune organisateur d’événements et divers religieux corrompus et des chefs mafieux rivaux comme « Samurai » (Claudio Amendola), représentant de la faction la plus crainte du crime organisé à Rome. Tous ces personnages révèlent un système de corruption et d’illégalité endémique et ramifiée. (source Wikipedia)

Acteurs : Pierfrancesco Favino, Elio Germano, Claudio Amendola

Le film adapte un roman éponyme de Carlo Bonini et de Giancarlo De Cataldo. Il débute par un intertitre : « 6 novembre 2011 : sept jours avant la grande apocalypse ». Dès avant de voir un homme en blanc que l’on reconnaîtra immédiatement comme le pape Benoît XVI, nous savons que le réalisateur va ancrer son long métrage dans la réalité concrète italienne. Le pape nous ouvre un axe religieux tandis que la date (6 novembre plus sept) nous conduit au samedi 12 novembre 2011, jour de la démission de Berlusconi et de son gouvernement. S’agissant d’Italiens et d’Italie, on peut se dire « ce n’est que cela ! » alors même que « la grande apocalypse » pouvait nous ouvrir un autre espace, plus fantastique, par exemple. La vision du pape ouvre, elle, à bien d’autres perspectives qui, malheureusement, ne seront qu’effleurées.

Revenons à la première partie du film, très prometteuse. Le réalisateur nous fait découvrir une kyrielle de personnages qui n’ont a priori aucun lien entre eux, hommes politiques, mafiosi, petits truands, racketteurs... C’est peu à peu que la toile d’araignée va se construire enfermant les uns et les autres dans des pièges tendus par certains qui tirent les rennes pour s’enrichir de façon crapuleuse. Nous découvrons aussi comment l’intime, sordide parfois, va avoir des conséquences en cascade. Celles-ci, à l’image d’une boule de neige vont s’en aller, grandissantes, amplifiées par un climat de vendetta. La situation échappera alors tant aux grands qu’aux petits truands, certains même étant happés de façon collatérale, ou plus exactement à cause de leur ascendance, tel ce fils obligé de payer les dettes du père.
Cette partie est la plus aboutie du film, car elle nous laisse dans une situation de suspens et, malgré quelques scènes violentes, se joue dans les échanges et le respect, même chez les truands. Certes on se rend compte que des (les ?) politiques sont pourris, que l’on paie le prix de ses actes, mais il y a une sorte de statu quo qui ne tiendra pas longtemps jusqu’au déséquilibre.
Au décompte des jours, le spectateur pourra croire que cela va conduite à la fameuse « apocalypse » et qu’à celle-ci sera mêlée l’Eglise catholique, par la figure du pape. En réalité, il n’en sera rien.

Bien plus, à un certain moment, lors d’un passage dans une grande surface, le film bascule dans tout autre chose, à de l’action quasiment pure, comme dans une série télévisée américaine où la violence et la musique œuvrent de concert pour nous faire vivre une situation où nous prenons conscience que cela va empirer et éclater. Nous avons même droit à quelques clichés scénaristiques, tel ce chien agressif qui revient à plusieurs reprises (si d’aventure on n’avait pas compris) et qui jouera un rôle dans l’affaire. Au final, nous arrivons bien au fameux samedi 12 novembre 2011, avec la démission de Berlusconi (qui n’est pas cité dans le film). Mais nous aurons perdu en cours de route le lien avec l’Eglise catholique. Il y a bien une compromission et une commission abordées, mais nous sommes vraiment loin du gros déballage et en tout cas nous nous sentons floués parce que ce que l’on pouvait pressentir au tout début du film est noyé, perdu et oublié en cours de route. Par ailleurs, je regrette beaucoup la grosse arnaque au niveau du pape. Non que je veuille le défendre, mais il s’agit simplement de crédibilité au niveau du scénario. En mêlant la démission du Premier ministre et l’annonce de la démission du pape, le réalisateur ancre son film dans le réel. Mais, malheureusement il a tout faux, car ces événements ne sont pas contemporains. La démission de Berlusconi c’est bien le 12/11/2011, celle de Benoît XVI, c’est le 28 février 2013. Elle est annoncée le 11 février 2013 et non pas le dimanche 6 novembre 2011 comme dans le film.

Bien entendu, la morale sera sauve en partie : les actes mauvais sont punis... des mauvais sont châtiés par des moins mauvais... mais la politique et la mafia s’en font faire trois petits tours et reviendront après les élections et tout reprendra de plus belle avec les mêmes ou leurs opposants puisque tout serait interchangeable.

Ma note (59/100) témoigne d’une certaine déception parce que j’attendais beaucoup du réalisateur des séries Gomorra et Romanzo criminale. Suburra traduit d’ailleurs bien cet ancrage dans le monde des séries et c’est ici un défaut. Outre que le film possède le dynamisme d’une série, il en a aussi les multiples intrigues et sous intrigues. C’est beaucoup trop pour un film même de 2h15. L’on comprend pourquoi une série est mise sur les rails depuis quelques semaines. Elle devrait permettre de développer plus en profondeur les très nombreuses pistes du film. Ce format série devrait rendre justice au passage du roman vers l’image.

Pour conclure !
Un critique ne détient pas la vérité. A la sortie de la projection presse, plusieurs journalistes étaient très enthousiastes, un autre, en revanche, était très dubitatif et je me sens plus en phase avec lui, même si je serai plus positif. Je suis proche du point de vue de Pierre sur Le blog du cinéma.

Mais comme nous sommes dans une sorte de Minority Report, je convie ceux qui le souhaitent à lire d’autres criques largement positives, telles celles

Suburra - Bande Annonce [VOST]
Suburra de Stefano Sollima.

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