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CINECURE
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Wolfgang Fischer
Styx
Sorite le 16 janvier 2019
Article mis en ligne le 23 janvier 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • le cinéaste autrichien assez méconnu Wolfgang Fischer n’en est pas à son premier coup d’essai, puisqu’on lui doit notamment le film de fiction « What You Don’t See » (2009), tandis qu’il a étudié la psychologie et la peinture à l’Université de Vienne avant de suivre un cursus de cinéma à Düsseldorf et d’arts médiatiques à Cologne ;
  • le titre du film fait référence au fleuve Styx, qui dans la mythologie grecque constitue la frontière entre le monde des humains et les Enfers, tandis qu’il s’agit aussi du nom d’une déesse ;
  • le nom du yacht sur lequel navigue le personnage physique principal du film s’appelle le Asa Grey, en référence à Asa Gray, le botaniste et correspondant de Charles Darwin, tandis que ce personnage suit les traces du célèbre naturaliste et paléontologue ;
  • Prix Panorama, Prix Label Europa Cinema et Prix Heiner Carow à la Berlinale 2018.

Résumé : Rike, quarante ans, est médecin urgentiste. Pour ses vacances, elle a planifié un voyage en solitaire pour rejoindre l’île de l’Ascension depuis Gibraltar, une île au nord de Sainte-Hélène, où Darwin avait planté une forêt entière. Seule au milieu de l’Atlantique, après quelques jours de traversée, une tempête violente heurte son vaisseau. Le lendemain matin, l’océan change de visage et transforme son périple en un défi sans précédent…

La critique de Julien

Personne n’est préparé à cela. L’Europe n’est pas préparée à cela. Le monde n’est pas préparé à ça. Pourtant, la crise migratoire, c’est l’humain qui en est responsable. Dans « Styx », Rike, un médecin urgentiste solitaire, navigue en direction de l’île de l’Ascension, sur son yacht. Alors que la traversée se passe sans embûche pour cette professionnelle, une tempête vient frapper sa trajectoire. Mais heureusement, elle sait y faire face à la mer, et était bien préparée à cette éventualité. Pourtant, le lendemain, Rike rencontrera un tout autre obstacle, auquel elle n’avait probablement jamais songé, et pourtant... Face à elle, un chalutier est en train de s’abîmer en mer, tandis qu’une poignée de migrants crient des appels à l’aide. Or, malgré les promesses des gardes-cotes suite à ses appels radio de détresse, ces derniers ne viendront pas, tout en obligeant Rike à ne pas intervenir, et à s’éloigner. Dès lors, faut-il agir, ou obéir ? Dans les deux cas, le dilemme sera cruel, et les retombées irréversibles...

Avant de confronter son héroïne ordinaire des temps modernes à cette situation, le cinéaste autrichien Wolfgang Fischer parvient à nous immerger à bord de ce yacht, sur lequel s’exécute avec maestria l’actrice allemande Susanne Wolff. Sa conduite du bateau, sa danse corporelle et son comportement permettent à son rôle de totalement convaincre, laquelle on dirait experte en la matière.

Tourné en pleine mer entre Malte et la Sicile, l’équipe composée de huit personnes à bord devait dès lors se cacher pour ne pas apparaître à l’écran. Excepté pour les scènes de tempête tournées dans un char à Malte, le film a donc été filmé en pleine mer, et parfois face à des conditions de tournages difficiles, telles que l’humidité, le soleil, la promiscuité, etc.

Mais « Styx » devient une expérience bien plus éprouvante pour le personnage principal, tout comme pour le spectateur, lequel ne peut s’empêcher subir de plein fouet la portée politique de ce scénario déguisé, et qui ouvre directement au débat. Que faisons-nous ou non pour la crise migratoire ? Dans le cas de « Styx », la réponse est claire et nette, et ne nous laisse guère l’embarras du choix. Dans cette optique, le film réussi à nouer un nœud avec notre estomac, tant ce à quoi est confronté cette femme est inadmissible, dans le sens où ce n’est pas à elle à venir en aide à ces migrants, en plein déshydratation, et ne sachant par-dessus tout pas nager. Mais étant donné l’ignorance des garde-côtés, et dès lors des autorités gouvernements des territoires côtiers avoisinants, elle n’aura d’autre choix que d’en faire un, alors qu’on lui ordonne de ne rien faire, sous peine de graves conséquences...

« Styx » fait partie de ses films qui ne laissent pas indifférents, et qui proposent un métaphore non-équivoque sur un problème de société grave, auquel nous serons de plus en plus fréquemment confrontés, en occident. Il n’y a qu’à voir le nombre de victimes, hommes, femmes et enfants confondus pour se rendre compte de l’urgence de la situation, et de la nécessité de trouver des solutions, étant donné qu’ils sont de plus en plus à prendre la mer sur des embarcations fortunes, préférant ainsi avoir une chance d’échapper à la mort plutôt que de la trouver s’ils ne fuient pas...

https://www.youtube.com/embed/BjG4viHYDFY
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