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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
Scream VI
Sortie du film le 08 mars 2023
Article mis en ligne le 9 mars 2023

par Julien Brnl

Genre : Horreur

Durée : 122’

Acteurs : Melissa Barrera, Jasmin Savoy Brown, Courteney Cox, Jack Champion, Jenna Ortega, Henry Czerny, Dermot Mulroney, Liana Liberato, Tony Revolori, Samara Weaving, Hayden Panettiere...

Synopsis :
Après avoir frappé à trois reprises à Woodsboro, après avoir terrorisé le campus de Windsor et les studios d’Hollywood, Ghostface a décidé de sévir dans big apple. Mais dans une ville aussi grande ville que New-York, personne ne vous entendra crier...

La critique de Julien

Début de l’année dernière, la saga créée par Wes Craven (en 1996) renaissait de ses cendres, avec un quatrième film sobrement intitulé « Scream », lequel n’était pourtant par un remake, ni un reboot, mais plutôt une sorte de requel, soit un mix entre une suite et un remake. Outre le retour du trio de tête original composé de Neve Campbell, Courtney Cox et David Arquette, cet épisode, se déroulant 25 ans après la première tuerie de Woodsboro, voyait ainsi une bande d’adolescents aux prises d’un tueur portant le masque de Ghostface, ce qui avait forcé certains d’entre eux à faire face à de lourds secrets. En tête, il y avait alors Sam Carpenter (jouée par Melissa Barrera), hantée par les visions de son père et tueur originel Billy Loomys (Skeet Ulrich), et sa demi-sœur Tara (Jenna Ortega, devenue entre-temps une énorme star grâce à « Mercredi », la série Netflix de Tim Burton). Tout en étant notamment aidées par leurs camarades, les sœurs avaient alors réussi à se débarrasser non pas d’un, mais de deux Ghostfaces, alors que l’un d’eux n’était autre que Richie Kirsch (Jack Quaid), le petit copain de Sam. Réalisé par le duo de réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, eux qui avaient réalisé le très sympathique « Wedding Nightmare » (2019), ce film s’accompagnait alors d’un discours méta doucement moqueur sur la tenue du cinéma horrifique actuel, mais également du slasher ultra-codifié et de la subversion des attentes du public à son égard, au regard de la fameuse tournure de la franchise « Stab », soit ici le « film dans le film », inspiré du livre de Gale Weathers (Courtney Cox) « Les Meurtres de Woodsboro », basé lui-même sur la vie de Sidney Prescott (Neve Campbell). Amusant et assumé, « Scream » se suivait sans déplaisir, bien que foutraque, lui qui se regardait plus le nombril plutôt que d’essayer d’assurer ses arrières, étant donné son regard sans cesse rivé sur le passé. Un an plus tard, c’est donc à New York que l’on retrouve les survivants de la dernière boucherie, lesquels tentent de se reconstruire, et d’oublier. Mais plus pour longtemps...

Toujours écrit par le duo de scénaristes James Vanderbilt et Guy Busick, cette suite directe au précédent film fait désormais de « Scream » une (« saloperie de ») franchise (!), tel que le soulignera ici Mindy Meeks (Jasmin Savoy Brown), rescapée de la dernière attaque, avec ses théories toujours aussi farfelues sur le slasher, et les nouvelles règles du jeu qu’elle en déduira, faisant désormais de n’importe qui un suspect potentiel, soit aussi bien ses anciennes et nouvelles héroïnes, que le beau gosse torse-nu (Josh Segarra) de l’appartement d’en face. Comme d’accoutumé, cet épisode s’ouvre sur l’un des artifices (qu’on ne présente plus) de la saga, tandis qu’il tente déjà, la scène d’après, de déjouer nos attentes. Sauf que la démarche est tellement lourde et grossière que « Scream VI » fait tout le contraire. D’ailleurs, le film joue sans cesse ici la surenchère, et cela à tous les niveaux, tandis que Ghostface, lui, y rate toutes ses entrées. Le frisson laisse donc place ici au gore pour du gore, bien que quelques scènes collégiales (et musclées) sortent du lot. Et tout comme son prédécesseur, le film s’automutile dans son analyse outrancière des stéréotypes du genre. Culotté, mais pas assez intelligent, « Scream 6 » épingle également, à l’image de ses réalisateurs, la manière dont de nouveaux auteurs tentent de ressusciter d’anciennes franchises pour se faire opportunément un nom (et surtout de l’argent), et cela notamment au travers du - bref - personnage de Samara Weaving, jouant une professeure de cinéma, dénonçant alors cette démarche, au téléphone, à son futur rencard Tinder, lui qui s’est évidemment perdu en chemin, avant de le retrouver dans une ruelle assez glauque et, évidemment, de tomber (trop facilement) dans le panneau.

Ainsi, cette suite reproduit maladroitement tout ce qu’elle balance, qui plus est d’un regard hautain et supérieur, et tout en alignant les incohérences folles. Aussi, elle ose remettre en question les grandes figures de gloire des franchises, tout comme l’est finalement ici Courtney Cox, dans le rôle de Gale Weathers, la célèbre journaliste d’investigation qui, d’après une réplique salée, aurait peur qu’on l’oublie si Ghostface sortait de sa vie. Ce second degré est ainsi le bienvenu, tandis qu’il faut bien admettre que l’actrice de « Friends » n’a jamais connu un aussi grand rôle au cinéma que celui qu’elle campe ici pour la sixième fois. Cependant, force est de constater que les anciens connaissent, eux, les vraies règles, et en l’occurrence ici les codes du film d’horreur. D’ailleurs, « Scream VI » ne sort pas du lot comparé à ses aînés, et ne parvient pas (encore) à exister sans ressortir des victimes de Ghostface du placard, en témoigne ici le retour du personnage d’Hayden Panettiere, dans son rôle de Kirby Reed, survivante de « Scream 4 » (2011) de Wes Craven, désormais agent spécial du FBI, laquelle s’intéresse d’un peu trop près (selon nous) aux nouveaux agissements de Ghostface... À noter par contre l’absence au casting de Neve Campbell, pour une question de conflit salarial, ce qui vient confirmer que la saga (et sa nouvelle tournure) n’est plus qu’un gagne-pain pour celle dont Ghostface n’avait d’yeux...

S’il y a bien une question que tout le monde se pose ici, c’est donc bien de savoir qui se cache derrière le masque. Or, s’il est impossible de le deviner, c’est pour de mauvaises raisons ! N’ayant ici ni queue ni tête, les intentions du tueur s’avèrent, en effet, peu crédibles, et totalement tirées par les cheveux, tandis que l’intrigue use d’alibis de taille (ou non). Aussi, « Scream VI » installe la relève, comme il peut, même s’il essaie de se donner bonne conscience quant à sa nouvelle génération. Mais l’ombre de Billy Loomis plane toujours... Enfin, on était à même d’espérer que la ville de New York serve pleinement de théâtre à des meurtres originaux en série, d’autant plus que l’histoire se déroule en pleine période d’Halloween. Mais force est de constater que tout se joue ici manifestement en intérieur (dont dans un cinéma transformé en un improbable sanctuaire dédié à Ghostface), malgré une scène dans le métro, ne tenant cependant pas la route, en plus de l’avoir déjà vue dans la promotion du film. Bref, même pas peur, et même pas drôle. Le masque peut être rangé.



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