Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Frédéric Tellier
Sauver ou périr
Sortie le 28 novembre 2018
Article mis en ligne le 17 novembre 2018

par Charles De Clercq

Synopsis : Franck est Sapeur-Pompier de Paris. Il sauve des gens. Il vit dans la caserne avec sa femme qui accouche de jumelles. Il est heureux. Lors d’une intervention sur un incendie, il se sacrifie pour sauver ses hommes. A son réveil dans un centre de traitement des Grands Brûlés, il comprend que son visage a fondu dans les flammes. Il va devoir réapprendre à vivre, et accepter d’être sauvé à son tour.

Acteurs : Pierre Niney, Anaïs Demoustier, Vincent Rottiers, Chloé Stefani, Sami Bouajila, Damien Bonnard

Sauver ou périr est la devise des sapeurs pompiers de Paris. Trois ans après L’affaire SKI, Frédéric Tellier s’associe à nouveau avec David Oelhoffen pour écrire le scénario de son deuxième film, inspiré de faits réels. Inspiré, donc probablement pas l’histoire de Franck (Pierre Niney) mais une histoire de pompiers, telle qu’elle peut arriver à ces héros. S’agissant de « héros » nous sommes bien loin de la manière dont les USA ont encensé leurs pompiers après les attentats du 11 septembre 2001.

Le réalisateur vise ici plusieurs axes, la vie des pompiers de Paris, le traitement des grands brûlés, l’histoire personnelle d’un homme touché dans sa chair et celle de ses proches. Certains pourront avoir l’impression d’un documentaire qui se termine comme un téléfilm ou est traité comme un film pour la télévision un dimanche soir ! C’est que, avec probablement beaucoup d’exactitude, c’est l’univers d’une caserne au quotidien qui est très bien rendu à l’écran. L’acteur Pierre Niney est remarquable et a donné de sa personne pour ce film, prenant neuf à kilos de muscles en se préparant sportivement et en participant aux entrainements physiques, très physiques des pompiers : « « J’ai été formé dans une caserne. La rigueur des pompiers m’a tout de suite plu. J’ai participé à des entrainements, porté le matériel, je suis montée à la corde ainsi que sur la fameuse planche à 2,40m du sol, une épreuve symbolique. ». Kilos qu’il a perdus pour la deuxième moitié du film, après « l’accident » en se contentant de ne boire que des jus de fruits (« Franck a la force d’un leader, c’était la première fois que l’on me proposait d’incarner un tel personnage. J’ai aimé l’idée du défi : le mélange entre la puissance physique et la fragilité. J’ai travaillé tous les jours avec un nutritionniste et un coach. En tout j’ai pris 10kg de muscles. La difficulté a été de devoir les perdre pour la seconde parti du film dans laquelle Franck est à l’hôpital et est donc diminué physiquement. Pendant 3 semaines je n’ai bu que des jus ! J’avais également 4h de maquillage quotidien pour imiter les séquelles d’une peau brûlée. C’était intense ») (source des deux citations et d’après le dossier presse). Saluons ici la prouesse (même si d’autres acteurs sont allés beaucoup plus loin) mais surtout la façon dont l’ambiance est rendue, il faut le rappeler, de manière très documentaire, proche d’un « cinéma du réel » et, par exemple, l’on ne peut qu’être touché lors de l’appel, avec La Marseillaise entonnée et surtout l’appel des pompiers en commençant par le nom de ceux qui ne peuvent répondre que par la bouche d’anciens collègues qui annoncent « mort au feu » !

Tout aussi touchante, l’approche, également très documentaire, du traitement des grands brûlés, de la durée de guérison jamais atteinte complètement, malgré les greffes et les nombreuses opérations. La difficulté pour les proches, pour le brûlé lui-même et aussi l’engagement du personnel soignant. Et s’agissant de représenter les brûlures de Franck, il faut mettre en avant le travail remarquable des maquilleurs et prothésistes qui n’en font pas de trop : le visage... défiguré ne fait pas dans l’exhibitionnisme d’un « too much » mais reste sobre et convaincant. C’est très bien mais ce thème de la perte du visage, du lien avec l’identité, du regard sur soi (il ne suffit pas d’un jeu de miroirs pour le traiter !) et du regard des autres et des implications sur la vie professionnelle et affective méritait mieux. Le hasard des sorties fait que ce mois de novembre permettra de découvrir Twarz (Mug), un film polonais, dont l’un des enjeux est la perte du visage propre pour se (donner à) voir avec le visage d’un autre grâce à une greffe !

Il est donc bien difficile de dénigrer ce film tant l’on ne peut qu’être d’accord avec les causes et les thèmes qu’il défend. Et c’est donc pour cela que l’on pourra regretter le « happy end » un peu facile et surtout le manque d’ambition cinématographique du film qui, à l’arrivée, correspond beaucoup plus aux standards de la télévision, à tel point que l’on aurait pu en faire une petite série télévisée en six ou dix épisodes !

Il n’y a rien à reprocher à Pierre Niney et Anaïs Demoustier qui s’investissent totalement dans leurs rôles mais qui sont cadenassés dans leur interprétation par un cadre scénaristique qui les empêche de déployer leurs ailes. Que cela n’empêche pas d’aller voir ce film d’une part, mais surtout de regretter qu’il ne soit pas plus ambitieux ! 60/100



Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.11