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CINECURE
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Bertrand Bonello (2014)
Saint Laurent
Sortie le 24 septembre 2014
Article mis en ligne le 22 septembre 2014

par Charles De Clercq

Synopsis : 1967 - 1976. La rencontre de l’un des plus grands couturiers de tous les temps avec une décennie libre. Aucun des deux n’en sortira intact.

Acteurs : Léa Seydoux, Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Pierre Niney, Moritz Bleibtreu, Louis Garrel.

Bertrand Bonello, à qui nous devons le remarquable L’Apollonide (Souvenirs de la maison close) en 2011, a réalisé le film Saint Laurent, dix mois après la sortie du film homonyme (à quelques lettres près !) Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, au début de cette année.

Difficile de passer après (et surtout de ne pas comparer avec) l’autre film. J’y avais été marqué et touché par les prestations de Pierre Niney et Guillaume Galienne.

Si ma préférence va au premier sorti, celui-ci ne démérite pas même s’il n’échappe pas à quelques critiques. Tout d’abord, il ne s’agit pas de la même histoire ! Fut-elle vraie, aucune n’est réductible au récit censé la raconter. Nous-mêmes, puisque nous sommes un media confessionnel, avons baigné dans les récits évangéliques et pour rendre compte de la vie de Jésus, il n’en pas fallu moins de quatre évangiles et de beaucoup plus d’apocryphes (ces derniers emplissant souvent plus notre imaginaire que les évangiles « reconnus »). C’est dire que entre la réalité et la vérité il y a toujours un écart de langage. S’agissant, justement de reconnaissance, le film de Bonnello n’a pas reçu l’imprimatur de Pierre Bergé, le compagnon d’YSL ! Comme si, pour poursuivre la comparaison avec nos propres récits, il s’agissait ici d’un apocryphe !

Pas la même histoire ! Là où Lespert nous narrait quasi vingt ans de la vie de Yves Saint Laurent de 1957 (à Oran) à 1976 (pour la fameuse collection dite des Ballets russes), Bonello, habitué à nous parler des alcôves, va se concentrer sur les années 67 à 76 et sa relation adultérine avec Jacques de Basher (le compagnon de Karl Lagerfeld, de 1951 à 1989).

Le film nous offre également un éclairage sur toutes ces petites mains, majoritairement féminines sans qui tant de vêtements n’auraient pu habiller les femmes, ou plutôt La femme !

Il nous propose aussi un itinéraire obscène (au sens propre du terme, à savoir ce qui doit être caché, ne doit pas mis sur la scène !) sur les démons de Saint Laurent et une vie où les artifices de la gloire et de la beauté cachent mal les misères et travers intimes. Nous sont ainsi donné à voir - et là le public est forcé au voyeurisme - la mise à nu du couturier, de ses partouzes, de ses dragues dans des buissons et surtout de sa consommation de drogues et médicaments. Comme si, pour grimper sur un piédestal il fallait descendre, loin, très loin au plus profond des fragilités !

Pour cela, un acteur d’exception, le jeune Gaspard Ulliel, donne vie et corps de façon remarquable à Yves Saint Laurent, jusque dans sa mise à nu (parfois même « littérale ») et sa descente aux enfers. Il campe ici un homme à la fois flamboyant et écorché vif. Alors lequel des deux (Niney ouUlliel) est le plus « vrai » ? Comment répondre ? La question n’a pas plus de sens que de demander si le Jésus de Jean est plus ou moins vrai que celui de Marc ! Ni l’un ni l’autre ! Tous deux appartiennent au récit et c’est la même chose pour les deux long métrages de cette année. Cela nous renvoie en fait à toute l’ambiguité des biopics !

Poursuivant la comparaison et sans m’aventurer à prendre position dans la question du vrai et du faux, Galienne me semblait plus crédible en Pierre Berger que Jérémie Renier (qui en revanche fut un étonnant et remarquable Claude François dans Cloclo !). Je retiendrai pour terminer la prestation de Louis Garrel (avec une fine moustache étonnante) dans le rôle de Jacques de Bascher ! Ceux qui connaissent sa filmographie savent qu’il n’hésite pas à donner corps pour la réalisation d’un film (que l’on songe à ses films avec Christophe Honoré ou à The Dreamers (Innocents) de Bernardo Bertolucci.

Si j’avais un reproche ou deux, ce serait (outre peut-être le fait que Bonello s’appesantit trop sur les scènes de débauche) la longueur du long métrage : 135 minutes, c’est vraiment beaucoup pour un film qui, cependant, mérite d’être vu !

http://www.youtube.com/embed/vhkSXbmm-uQ
Saint Laurent Official French Trailer (2014) - Yves Saint Laurent Biopic HD - YouTube


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