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Charlène Favier
Slalom
Sortie du film le 09 juin 2021
Article mis en ligne le 9 juin 2021

par Julien Brnl

Genre : Drame

Durée : 92’

Acteurs : Noée Abita, Jérémie Renier, Marie Denarnaud, Muriel Combeau...

Synopsis :
Lyz, 15 ans, vient d’intégrer une prestigieuse section ski-études du lycée de Bourg-Saint-Maurice. Fred, ex-champion et désormais entraîneur, décide de tout miser sur sa nouvelle recrue. Galvanisée par son soutien, Lyz s’investit à corps perdu, physiquement et émotionnellement. Elle enchaîne les succès mais bascule rapidement sous l’emprise absolue de Fred...

La critique de Julien

Initialement prévu en salles à partir du 04 novembre 2020, c’est finalement pour la réouverture des cinémas que « Slalom », premier film de la réalisatrice Charlène Favier, pointe (enfin) le bout de son nez. Et en l’occurrence, ce dernier mérite amplement le détour dans l’embouteillage des sorties que nous connaissons actuellement, et cela malgré le lourd sujet qu’il aborde, à savoir les violences sexuelles dans le milieu sportif, que sa réalisatrice a justement connues, à l’adolescence. Mais, son premier film, qu’elle n’aurait pensé autant touché par son propre vécu, est bien raconté comme une fiction, irriguée par son histoire, qui n’était pas dans le milieu du ski, lequel a été choisi avant tout parce que Charlène Favier a grandi à Val d’Isère, elle dont l’adolescence n’était faite que d’entraînements et de championnats... Un premier film intime, et pourtant d’une puissance brute, né d’une nécessité de dénonciation parfaitement inscrite dans un mouvement de libération de la parole.

Noée Abita, révélée dans l’inédit « Ava » (2017) de Léa Mysius, est absolument saisissante dans le rôle de cette jeune demoiselle en quête (total) d’amour, et en pleine découverte de son corps, laquelle vient alors d’intégrer une section ski-études, elle qui va y rencontrer celui en qui elle va placer tous ses espoirs, et inversément, étant donné que le personnage de Jérémie Rénier (tout aussi troublant, et troublé par ce rôle difficile), Fred, son entraîneur, va également tout miser sur elle, tout en succombant à ses pulsions, mais sans que sa jeune victime, inexpérimentée par son jeune âge et piégée par son incapacité à déceler ses limites, ne se rende compte de la véritable nature de leur relation.

Centrée sur ses deux acteurs, et le cadre naturel qui les entoure, et renforce leur solitude, la caméra de Charlène Favier filme alors les contradictions qui composent ses personnages, aux émotions ambivalentes. D’un côté, il y a un être qui se construit, et cherche en autrui son sauveur, et de l’autre celui qui le déconstruit, en cherchant en travers de lui à calmer sa propre frustration, avant de perdre totalement la raison. L’un qui chute, donc, et l’autre qui se relève, petit à petit. De résilience, il en est donc question dans « Slalom », au travers duquel son personnage principal, Lyz, va passer par toutes les émotions, avant de comprendre qu’il faut oser renoncer pour trouver la paix intérieure, et être en accord avec soi-même.

Ce drame se vit alors comme une longue, silencieuse et douloureuse emprise psychologique, menant contradictoirement à un éveil vers la maturité, rythmé par la noirceur des journées qui s’écourtent, mais surtout par les sentiments qui poussent l’humain à l’irréparable, face à son incapacité à contrôler ses propres frontières, ses désirs. Sans alors pointer du doigt, ni juger, la réalisatrice et scénariste marque avec densité les différentes étapes de cheminement que subissent son duo de personnages, aussi intenses l’un que l’autre, pour en arriver là où ils en sont. Et cette manière de procéder est aussi riche que troublante, elle qui, avec un thème aussi violent que l’agression sexuelle, mais agrémentée d’un pouls de mise en scène atmosphérique indéniable, font de « Slalom » un premier film qui prend la peine de zigzaguer dans la conscience humaine, pour alors mieux la comprendre, l’appréhender, pour parfois lui échapper, lorsque c’est nécessaire, et vital...



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