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Liesl Tommy
Respect
Sortie du film le 08 septembre 2021
Article mis en ligne le 21 septembre 2021

par Julien Brnl

Genre : Biopic, film musical, drame

Durée : 145’

Acteurs : Jennifer Hudson, Forest Whitaker, Mary J. Blige, Marlon Wayans, Tate Donovan...

Synopsis :
Un biopic inspiré de la vie de la chanteuse Aretha Franklin, de son enfance avec un père révérend et activiste des droits civiques à sa carrière prolifique comme diva de la soul.

La critique de Julien

Après avoir langui dans l’enfer du développement pendant de nombreuses années et subi ensuite de plein fouet la pandémie de Covid-19, le biopic consacré à l’immense Aretha Franklin est enfin sorti dans nos salles, mais par la petite porte, tout comme partout ailleurs dans le monde. Initialement prévu fin décembre de l’année passée, afin d’être éligible aux Oscar, et de gagner ainsi en visibilité, on ne comprend pas très bien pourquoi son studio (Universal Pictures) a décidé d’envoyer son film au casse-pipe, en le sortant en plein été (aux Etats-Unis), même si l’on se doute bien qu’il s’agisse là d’une question de calendrier de ses sorties. Mais tout de même ! Résultat, le film est un échec commercial, lui qui méritait pourtant d’être vu, ne fut-ce que pour l’hommage qu’il rend à la grande artiste qu’il met en scène.

Projet de longue date dans lequel Aretha Franklin avait elle-même été impliquée (elle avait d’ailleurs choisi Jennifer Hudson pour l’interpréter), « Respect » a vu sa production s’accélérer après son décès, le 16 août 2018. C’est bien connu, un artiste décédé rapporte gros, tandis que le biopic est sans doute l’un des business cinématographiques les plus juteux, plaisant d’autant plus à l’Académie des Oscar, notamment. Il n’est donc pas très surprenant de découvrir un film sur la carrière d’Aretha Franklin, d’autant plus qu’elle s’y prête.

Réalisé par la Sud-Africaine Liesl Tommy, dont il s’agit là du premier long métrage, le film suit principalement les deux premières décennies de la vie de Franklin, depuis sa naissance et enfance en tant que prodige de la musique dans une famille afro-américaine aisée, elle qui fut choriste de gospel à l’église de son père, pasteur et un fervent militant des droits civiques (Martin Luther King était un ami de la famille), à Detroit. « Respect » revient alors sur les « démons » et les (premiers - parmi les nombreux) drames de sa vie, tels que la perte de sa mère à l’âge de dix ans, un mariage abusif, elle qui a également souffert du fait de devenir mère très jeune (douze et quatorze ans !), ainsi que des contraintes du patriarcat, sans compter ses problèmes avec l’alcool. Parallèlement, le film revient évidemment sur le début (neuf albums sans succès) et le cours de sa carrière américaine de chanteuse de soul devenue très populaire, jusqu’à son ascension ardue vers la célébrité musicale internationale, en concluant ici avec l’enregistrement de son album live influent « Amazing Grace », en 1971. Alors qu’elle fut immergée très tôt dans les droits civils, le film revient aussi sur son militantisme, notamment pour les droits des femmes, tandis qu’elle fut aussi partisane des droits des Amérindiens.

« Respect » suit une mise en scène classique dans le genre, et ressemble finalement à tout autre exercice mettant en vedette la vie de grands artistes disparus. Pourtant, le scénario de Tracey Scott Wilson se permet quelques digressions avec la réalité, comme celle de nous faire croire, lors d’un scène tue par la suite, que Aretha aurait été abusée dans son enfance, alors que dans l’un de ses testaments manuscrits, découvert en 2019, Franklin aurait révélé que le père de ses deux premiers enfants n’était autre qu’un garçon, Edward Jordan, rencontré alors qu’elle était au collègue, mais sur lequel on ne sait que peu de choses, ni le rôle qu’il a joué dans la vie de ses enfants, étant donné que c’était la grand-mère d’Aretha, Rachel, et sa sœur, Erma, qui les prenaient en charge, alors que le succès d’Aretha montait en flèche. Aussi, le scénario présente quelques anachronismes, comme celui lié à ses problèmes avec la boisson, qu’elle aura arrêtée dans les années soixante, et non pas avant l’enregistrement de l’album live « Amazing Grace », lequel est l’un des albums gospel les plus vendus de tous les temps. Ces changements entrent ici dans une démarche de dramatisation, mais également de renaissance, propre à ce type de film. Qu’à cela ne tienne, « Respect » parle de lui-même, et est fidèle à l’une des parties de carrière de Franklin, mais en accéléré. Autant dire que vous en découvrirez plus sur la page Wikipédia de l’artiste, même si on en apprend tout de même suffisamment ici que pour intéresser.

Nul doute que l’interprétation de Jennifer Hudson, oscarisée pour son seconde rôle dans « Dreamgirls » (2006), reflète avec authenticité et force la personnalité de la chanteuse, elle qui a, tout comme elle, connu des drames dans sa vie, tels qu’un divorce tumultueux, mais surtout le meurtre de sa mère, de son grand frère et de son neveu dans un triple homicide, en 2008. Citant Aretha Franklin comme l’une de ses plus grandes influences et inspiration, Hudson a chanté et enregistré ici en direct sur le plateau du tournage, tandis que ce rôle l’a fait passer par plus de quatre-vingts changements de tenue. Réussissant à saisir ses émotions et démons intimes, l’artiste rend ici hommage à l’Artiste, et de la plus belle manière qui soit. Son jeu laisse en effet transparaître tout l’amour, et le respect pour la femme et l’idole que « la Reine de la Soul » représente pour elle, et sans aucun doute aussi pour des millions de fans à travers le monde. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Car c’est bien connu, les légendes ne s’éteignent jamais vraiment... La preuve en est avec l’une de ses dernières grandes prestations, dont la vidéo est jointe en fin d’article. C’était en décembre 2015, au Kennedy Center Honors à Washington, à l’honneur de l’auteure-compositrice-interprète et musicienne américaine Carole King, devant un Barack Obama submergé par l’émotion, avant qu’elle ne fasse tomber son manteau de fourrure sur scène...



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