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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Philippe de Chauveron
Qu’est ce qu’on a encore fait au bon dieu ?
Sortie le 30 janvier 2019
Article mis en ligne le 12 février 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • suite de « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » de Philippe de Chauveron, succès populaire surprise de 2014, ayant attiré un peu plus de douze millions de spectateurs en France, et devenu le dix-neuvième film le plus vu de tous les temps dans l’Hexagone ;
  • l’ensemble du casting principal rempile pour cette suite, tout comme le réalisateur et co-scénariste Philippe de Chauveron, toujours aidé par Guy Laurent.

Résumé :nLe retour des familles Verneuil et Koffi au grand complet !
Claude et Marie Verneuil font face à une nouvelle crise.
Leurs quatre gendres, Rachid, David, Chao et Charles sont décidés à quitter la France avec femmes et enfants pour tenter leur chance à l’étranger.
Incapables d’imaginer leur famille loin d’eux, Claude et Marie sont prêts à tout pour les retenir.
De leur côté, les Koffi débarquent en France pour le mariage de leur fille. Eux non plus ne sont pas au bout de leurs surprises…

La critique de Julien

Étant donné l’énorme succès du premier film, il était évident que nous allions retrouver la famille Verneuil, leurs quatre filles et beaux-enfants, pour de nouvelles réunions de famille pas comme les autres. C’est donc chose faite aujourd’hui, avec « Qu’est-ce qu’on a Encore fait au Bon Dieu ? »
.
Sans surprise, Claude et Marie sont de nouveau catastrophés. Après que leurs filles aient épousé un Juif, un arabe et un asiatique, et la quatrième un ivoirien, voilà que leurs gendres n’aiment plus la France, et souhaitent la quitter, en emportant bien évidemment avec eux leurs filles, et petits-enfants. Projets avortés, manque de sécurité, crise sociale, ou encore rêves dérisoires sont ici en cause. Mais pour le couple parental, hors de question de les laisser filer à l’étranger, sans essayer au moins de leur vanter leur beau pays qu’est la France de Macron... Et pendant ce temps-là, André Koffi (le père de Charles, et mari de Laura Verneuil), lui, apprend que sa fille Viviane va se marier. Mais ce qui l’ignore, c’est que c’est avec une femme...

On reprend les mêmes, et on recommence, mais en moins bien (ou plus pire, ça dépend de comment on voyait la chose). Bien que l’intrigue n’est pas la même, on a comme l’impression qu’elle n’est ici qu’un prétexte pour rabattre un humour peu réflexif autour des différences culturelles, du racisme, du mariage pour tous, et plus généralement de l’idée que se font les scénaristes de l’état actuel de leur pays. Et si l’humour en question emprunte bien entendu le ton de la comédie, et que le casting se donne, la recette ne prend plus (pour autant qu’elle ait déjà pris - mais ça, c’est autre chose). Pourtant, les vannes et jeux de mots fusent dans cette suite qui se joue toujours (aussi mal) des clichés du racisme, laquelle s’attaque ici à ceux autour des étrangers, ou du terrorisme. Mais là, c’est notre indulgence qui en prend un coup, notamment lors d’une scène où il est question d’un réfugié assez barbu, installé chez les Verneuil, malgré Claude, lequel le soupçonnera d’être un terroriste (bonjour l’immense amalgame), et l’assommera à coup de pelle, persuadé qu’il était détenteur d’une ceinture d’explosif (on vous laissera découvrir dans quel contexte). On veut bien admettre que l’on peut rire de tout, mais encore faut-il le faire avec intelligence et souci de finesse. Or, ce film s’apitoie tellement sur les plus conventionnels stéréotypes xénophobes qu’il en devient lourdingue, et finalement à côté de la plaque.

Si le premier film pouvait au moins reposer sur la découverte d’un couple qui voyait ses convictions mises à mal, ainsi que de leur gentille petite famille multi-ethnique pas comme les autres, ces retrouvailles manquent follement de rythme, et de souffle. C’est sans doute à cause du scénario, à la fois trop mécanique et répétitif. Et puis, il faut bien avouer qu’il n’y a pas un seul gag pour dépasser l’autre, et que l’ensemble peine à faire travailler nos zygomatiques. Inscrit dans un discours pro-macron, certaines répliques font d’ailleurs souffrir nos oreilles, de là à se demander ce qui a bien pu passer par la tête des scénaristes...

« Qu’est-ce qu’on a Encore fait au Bon Dieu ? » se prend les pieds dans le tapis, et ne fait que recycler de manière paresseuse une recette déjà bien éprouvée. Bref, on s’ennuie, on s’offusque, on rit jaune, tandis que des haut-le-cœur viennent parfois saupoudrer le concept. Finalement, nous aussi, on se (re)pose la question...



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