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Alice Winocour
Proxima
Sortie du film le 27 novembre 2019
Article mis en ligne le 3 décembre 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • troisième long métrage de la cinéaste française Alice Winocour après « Augustine » (2012) et « Maryland » (2015) ;
  • aucun décor n’a été créé et aucune maquette n’a été utilisée pour le tournage du film, qui a pu bénéficier de diverses installations d’entraînement réelles de l’Agence spatiale européenne, telles que le centre d’entraînement de Cologne, la ville fermée de Star City (la Cité des étoiles) près de Moscou (où se trouve le Prophilactorium où résident les astronautes), ou encore le Cosmodrome de Baikonour au Kazakhstan.

Résumé : Sarah est une astronaute française qui s’apprête à quitter la terre pour une mission d’un an, Proxima. Alors qu’elle suit l’entraînement rigoureux imposé aux astronautes, seule femme au milieu d’hommes, elle se prépare surtout à la séparation avec sa fille de 8 ans.

La critique de Julien

Dans « Ad Astra » sorti en septembre dernier, James Gray envoyait Brad Pitt jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu, et cela afin de résoudre un mystère qui menaçait la survie de notre planète. Cette fois-ci, c’est la cinéaste française Alice Winocour qui envoie l’actrice Eva Green dans l’espace, pour une mission scientifique d’un an, dans le film baptisée « Proxima ». Dans ce film, Sarah, une mère de famille séparée, s’apprête à suivre un entraînement des plus intensifs en vue de partir dans l’espace, au détriment de son rôle de maman.

Décidément, la conquête de l’espace au cinéma est plus que jamais source de quête existentielle pour l’humain, et même maternelle dans ce film. En effet, pas de grands effets spéciaux dans « Proxima », plus que jamais centré sur une mère en proie aux doutes et à la culpabilité suite à la douleur de l’éloignement envers sa petite fille, elle qui a été choisie pour partir à bord d’une mission spatiale, ce qui bouleversera son existence, et dès lors celle de sa famille. D’après une histoire qu’elle a co-écrite, Alice Winocour s’intéresse à une héroïne des temps modernes, spationaute et mère à la fois, alors confrontée aux exigences de son métier et à sa préparation, ainsi qu’au machisme du milieu spatial (représenté ici par le rôle de Matt Dillon, soit l’un de ses trois collègues de mission faisant alors preuve de mépris sexiste sur ses capacités d’astronaute), et surtout aux sacrifices humains nécessaires à réaliser afin de réaliser son rêve.

Intime et pudique, « Proxima » joue donc ici davantage sur le travail psychologique et les émotions ressenties dans une telle situation, que sur l’action. Toute l’intrigue du film se passe d’ailleurs sur Terre, tandis que le processus de séparation avec notre planète auquel nous invite la réalisatrice est la première étape indispensable de tout voyage vers l’espace. À cet égard, l’histoire de cette maman touche autant qu’elle déconcerte, dans le sens où la mise en scène manque d’audace vis-à-vis des portes que lui offrait son contexte narratif. Car finalement, pas besoin d’embrasser le ciel pour traiter de l’éloignement.

Dans ce rôle, Eva Green ne s’est jamais révélée aussi forte et fragile à la fois, déchirée par la position de son personnage, que l’on parvient à comprendre sans mal. Notre empathie envers cette femme est bien là, malgré la froideur des décors réels, et très impressionnants, de l’Agence spatiale européenne, que l’équipe du film a pu filmer. Voilà qui donne du réalisme au récit. On salue aussi la performance de la petite Zélie Boulant dans le rôle de la fille d’Eva Green, dont l’écriture ne ment en rien sur ce qu’un enfant pourrait éprouver à l’approche du départ d’un parent, quand tout ce dont il a besoin s’absente pour une quelconque raison, volontaire ou non, et décidée par la vie.

Féministe, « Proxima » n’a d’yeux que pour les femmes qu’il filme, bien plus que pour les étoiles qu’il convoite, sans pour autant pointer du doigt ou stéréotyper l’homme en tant que (mauvais) père, ou astronaute. La démarche d’Alice Winocour est de refléter une réalité dans un domaine strict dont elle capture avec documentation et sincérité les images, et d’en exploiter une relation mère-fille, avec justesse et pudeur.



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