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CINECURE
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Robert Zemeckis
Pinocchio
Sortie du film le 08 septembre 2022 sur Disney+
Article mis en ligne le 15 septembre 2022

par Julien Brnl

Genre : Familial, aventure

Durée : 105’

Acteurs : Benjamin Evan Ainsworth, Tom Hanks, Joseph Gordon-Levitt, Cynthia Erivo, Keegan-Michael Key, Giuseppe Battiston...

Synopsis :
Un sculpteur sur bois nommé Geppetto fabrique une marionnette qu’il baptise « Pinocchio ». Souhaitant avoir un enfant, il fait le vœu à l’étoile des souhaits d’en avoir un. Ainsi la fée bleue donne naissance à Pinocchio, qui doit faire ses preuves de loyauté, de courage et pour être digne de confiance afin de devenir un vrai petit garçon. Accompagné de sa conscience Jiminy Cricket, Pinocchio devra affronter beaucoup d’obstacles dangereux pour devenir un vrai petit garçon.

La critique de Julien

Une fois n’est pas coutume, Disney recycle ses grands classiques. Après « La Belle et le Clochard » (2019), c’est désormais « Pinocchio » qui a droit à son remake pour Disney+ en live-action, lequel s’inspire ainsi du deuxième long-métrage d’animation des studios aux grandes oreilles sorti en 1940, lui-même inspiré du conte de Carlo Collodi, « Les Aventures de Pinocchio » (1881). Deux années après la sortie (tumultueuse) de la version (fidèle) de Matteo Garrone avec Roberto Benigni dans le rôle de Geppetto, c’est ici Robert Zemeckis qui a été choisi pour mettre en scène les aventures du célèbre pantin de bois, lui dont le nez s’allonge à chacun de ses mensonges, et qui rêve de devenir un véritable petit garçon, de chair et d’os. Sauf qu’il lui faudra, pour cela, écouter et bien travailler à l’école...

Après l’échec de son précédent film « Sacrées Sorcières » (2020), qui n’était autre qu’une mauvaise adaptation du roman du même nom de Roald Dahl (1983), Robert Zemeckis, 71 ans, ne serait-il pas fatigué ? Tandis qu’on lui doit notamment « À la Poursuite du Diamant Vert » (1984), la trilogie « Retour vers le Futur », « Qui veut la Peau de Roger Rabbit » (1988), ou encore « Forrest Gump » (1986), sans oublier « Seul au monde » (2000), le réalisateur exécute ici un cahier des charges très stricte et dénoué d’audace pour cette version édulcorée de « Pinocchio ». Difficile, en effet, outre quelques idées de mise en scène et des clins d’œil à sa filmographie (les coucous), d’imaginer qu’un si grand cinéaste est aux manettes de ce film, lequel a vampirisé l’histoire originale de toute sa sève (et on ne parle même pas ici de celle de Carlo Collodi, où Pinocchio était pendu !). Le récit passe alors comme une lettre à la poste, sans jamais prendre de risque (malgré quelques modifications peu notables), ni même retranscrire la rudesse des épreuves que doit traverser ici le petit garçon de bois, même s’il coche toutes les grandes lignes connues de son périple. Alors certes, les notions de responsabilité, de conscience (en la personne de Jiminy Cricket), de célébrité (pour la nouveauté) ou de distinction entre le bien et le mal sont ici abordées, mais de manière totalement superficielle, et sans approfondissement. Exit par contre l’importance de relation père/fils, et donc la lutte de Pinocchio pour être à la hauteur des attentes de son père, ce qui caractérisait pourtant l’œuvre originale. C’est donc à se demander si Robert Zemeckis et son coscénariste Chris Weitz ont retenu quelque chose de l’écriture du « Pinocchio » de 1940. Sa modernisation s’avère dès lors inutile, et bien trop légère que pour se justifier...

Tant qu’à réaliser un remake de ce classique du catalogue Disney, on aurait pu espérer que l’animation en aurait valu la chandelle. Et bien même pas. Malgré sa qualité certaine, rien ne sort ici du cadre, tandis que les expressions de Pinocchio se révèlent malheureusement lisses et sans saveurs, de même que celles des personnages secondaires, relégués d’ailleurs ici à de la pure figuration, comme Figaro, Cléo, Crapule, Grand Coquin ou Gédéon. Et malheureusement, l’arrivée de Sofia la mouette et de Fabiana, une marionnettiste handicapée, n’apporte pas grand-chose de sincère à l’ensemble, cherchant sans cesse à se donner bonne conscience... Quant à Tom Hanks, on se demande bien ce qui l’a motivé à accepter ce rôle, outre le fait de tourner devant la caméra de Zemeckis pour la quatrième fois. Allez savoir... Ce dernier en fait en tout cas beaucoup trop dans la peau de Geppetto, en essayant sans doute, malgré lui, de combler le vide face auquel il devait donner la réplique...

« Pinocchio » n’est donc pas une franche réussite. Cependant, l’émerveillement parvient à pointer le bout de son nez à divers moments, notamment lors de la longue scène d’introduction, dans l’atelier de Geppetto, au coin du feu, ou lorsque résonne aussi la mélodie du titre « When You Wish Upon a Star » (le thème musical des studios Disney), chantée ici par Cynthia Erivo, dans le rôle de la Fée Bleue... de couleur. Et force est de constater qu’une douce mélancolie traverse également le film. Mais rien de tout cela ne vaut la première version animée, qui fêtera dans quelques années son centenaire, en attendant celle de Guillermo del Toro, cette fois-ci pour Netflix, réalisée en stop-motion, et dont la date de sortie est fixée au 09 décembre prochain, elle qui devrait déjà recontextualiser davantage cette histoire d’enfance, se déroulant dans l’Italie fasciste...



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