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CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Danielle Arbid
Peur de rien
Sortie le 2 mars 2016
Article mis en ligne le 6 février 2016

par Charles De Clercq

Synopsis : Les années 90. Lina, 18 ans, débarque à Paris pour ses études. Elle vient chercher ce qu’elle n’a jamais trouvé au Liban, son pays d’origine : une certaine forme de liberté. L’instinct de survie comme seul bagage, elle vogue d’un Paris à l’autre au rythme de ses rencontres amoureuses. Parce qu’à 18 ans, on rêve d’embrasser le monde et pas qu’un seul garçon…

Acteurs : Manal Issa, Vincent Lacoste, Paul Hamy, Damien Chapelle, Clara Ponsot, Orelsan, Dominique Blanc.

 Un oncle abuseur !

L’histoire, c’était il y a vingt-cinq ans, mais ce pourrait, probablement être aujourd’hui. Lina n’est pas dans sa patrie, mais celle-ci veut-elle d’elle, comme elle est ? Ou, du moins, lui laisse-t-il une place pour être elle-même ? C’est donc l’itinéraire d’une jeune fille, 18 ans, l’âge de la majorité et de l’indépendance. L’âge de faire des choix, l’âge de dire non. Le premier non qu’il lui faudra exprimer, sera pour son oncle (par alliance). Cette famille où elle est reçue, c’est un havre d’identité et de repli. Mais si le danger guette au sein même de la cellule familiale parce qu’elle est fille, déjà femme et que les hommes s’arrogent tous les droits et se croient tout permis, que faire, sinon fuir ? Mais où peut-elle trouver refuge ? Comment jongler avec des impératifs contradictoires : mener à bien ses études et pouvoir se loger et devoir travailler pour le faire ? Il y a aussi l’administration, celle de l’école et celle du pays. Ses « ’papiers » sont-il en règle, à commencer par un certificat médical valide ?

 Trois hommes

Il y a aussi l’amour et peut-être d’abord le sexe ! A commencer par Jean-Marc, jeune, mais largement adulte (marié, père de famille... mais cela elle l’apprendra plus tard), barbu, séducteur en quête de nouvelles sensations. Paul Hamy (Mon roi, Maryland, Suzanne et aussi le controversé Un français) arrive à donner corps à cet homme qui mésuse de ses charme et de la parole pour faire œuvre de séduction sur beaucoup plus jeune que lui. Occasion pour Lina d’expériences sexuelles finalement acceptées, mais aussi d’amours déçues parce que l’homme, cet homme-là, Jean-Marc, est ce qu’il est et retournera à ses amours après cette passade non amoureuse. Occasion pour le critique de (se) poser la question de l’homme dominateur qui (ne) voit la femme (que) comme objet sexué et sexuel. Impression qu’entre les mains et les mots de Jean-Marc, Lina était un petit oiseau pour le chat !

Ensuite, il y a Julien, interprété par l’excellent Damien Chapelle. Il était Bacchus dans le malaimé Métamorphoses de Christophe Honoré, film que nous avions apprécié. Ce comédien belge est à l’image de son personnage, l’esprit sans cesse hors des murs étriqués de son logement, rêvant de partir hors de ces murs, lui le poète inconsolable. Il partira à l’étranger et l’on peut penser, voir espérer pour Lina qu’il reviendra.

Enfin, Vincent Lacoste (il faudra bien qu’un jour ce jeune et séduisant acteur sorte des rôles dans lesquels on l’assigne ou enferme !) offrira un autre type de rencontre et d’échange pour Lina. Il est, caricature probablement, de « gauche ». Grâce à son père, avocat, il entrera sur un registre plus « politique » et en même temps procédurier pour que celle-ci puisse obtenir son droit de séjour en France.

 De multiples facettes

Selon la réalisatrice, le film n’est pas autobiographique... mais donner cette précision, c’est reconnaître aussi que celui-ci n’est pas indemne de son histoire personnelle : « peut-être que la réalité de ce que j’ai vécu était plus dure ou plus douce, peu importe. Je préfère laisser œuvrer le temps. L’écriture est un moyen de composer avec le vécu et le cinéma parachève doublement ce processus : avec le scénario, le choix des comédiens puis à travers le regard que vous portez sur eux, le montage... Donc, non, ce n’est pas autobiographique. Ce que je voulais dire à travers ce film c’est « la somme de ce qu’on devient » grâce aux gens rencontrés ». Le choix de l’actrice principale, c’est un coup de cœur de Danielle Arbid : « Trois mois avant le tournage, je cherchais encore une jeune fille qui m’interpelle, ’qui me ressemble’. Je pense que tous les réalisateurs cherchent ça. Je me suis lancée dans un casting sauvage, en France et au Liban. J’ai reçu 700 candidatures, rencontré une centaine de jeunes filles et j’ai eu un coup de cœur pour Manal Issa. Elle avait 21 ans, une personnalité opaque, mystérieuse. Elle vivait dans une famille libanaise d’origine musulmane installée en France depuis cinq ans et plutôt refermée sur elle-même. Mais elle venait de se faire tatouer ’Ma révolution’ sur son bras gauche. ». Cela a été un coup de chance également, d’autant plus que le père de la (future) comédienne, Manal Issa, lui avait interdit de se rendre au casting car les films de la réalisatrice sont censurés au Liban. Elle est criante de vérité dans ce rôle, le premier donc. A ces côtés de nombreux comédiens donnent corps à des personnages hauts en couleur : l’étudiante royaliste, son ami Skin, la professeure de littérature, Madame Gagnebin (Dominique Blanc). Dommage que cette richesse écrase un peu le film.

Peur de rien : Trailer HD
Peur de rien : Trailer HD

Les années 90. Lina, 18 ans, débarque à Paris pour ses études. Elle vient chercher ce qu’elle n’a jamais trouvé au Liban, son pays d’origine : une certaine forme de liberté. L’instinct de survie comme seul bagage...
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