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CINECURE
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Eric Barbier
Petit pays
Sortie le 26 août 2020
Article mis en ligne le 12 mars 2020

par Charles De Clercq

Synopsis : Dans les années 1990, un petit garçon vit au Burundi avec son père, un entrepreneur français, sa mère rwandaise et sa petite soeur. Il passe son temps à faire les quatre cents coups avec ses copains de classe jusqu’à ce que la guerre civile éclate mettant une fin à l’innocence de son enfance.

Acteurs : Jean-Paul Rouve, Djibril Vancoppenolle, Dayla De Medina, Isabelle Kabano

Sixième long métrage d’Eric Barbier, après La promesse de l’aube qui nous avait séduit (au contraire de nombreux critiques et cinéphiles), séduction toujours assumée, nous attendions beaucoup de cette nouvelle adaptation du célèbre roman de Gaël Faye. L’auteur s’inspirait de sa propre expérience même si son roman (multiprimé en 2016) n’était pas strictement autobiographique.

Si nous avons globalement apprécié le film qui nous a profondément ému, grâce à ce regard à hauteur d’enfant, et à dimension régionale, voire locale, il n’en est pas de même pour d’autres critiques. L’attente par rapport au roman était peut-être trop importante pour ne pas conduire à une certaine déception cinématographique, voire une déception certaine ! Selon ces confrères et consoeurs, celle-ci est d’autant plus prégnante qu’il est bien difficile d’être négatif par rapport au film, car, comme le signalait une de nos consoeurs, le spectateur (et donc le critique) est « pris en otage ». L’on ne pourrait d’ailleurs douter des bonnes intentions du réalisateur, mais de bonnes intentions ne feraient pas nécessairement un bon film ! C’est par honnêteté que nous reprenons ces avis, alors que nous rejoignons l’avis globalement positif des Cahiers du Cinéma (cf. infra).

C’est d’autant plus important que ce thème du génocide au Rwanda, du rapport entre Hutus et Tutsi a été plusieurs fois traité au cinéma ou au théâtre. Bien plus l’on suppose que nombre d’intervenants dans le film ont vécu celui-ci comme une catharsis de la mémoire, celle de leur peuple, de leurs ethnies, de leurs parents près de trente ans après les événements. Il y a très peu d’acteurs professionnels dans ce Petit pays ! Et c’est peut-être cela qui donne une densité au film où les acteurs ne jouent pas un roman, mais leur histoire, celle de leurs ainés et ils font mémoire d’un passé qui les trouble et les empoisonne encore aujourd’hui. C’est aussi leur mémoire qui s’inscrit sur l’écran pour que nous n’oublions pas.

Selon certains, nous aurions donc affaire à un film boiteux, maladroit avec un mauvais casting : que viendrait faire Jean-Paul Rouve ici avec de mauvais acteurs. Si donc l’on attend du film qu’il soit une leçon de cinéma, que son vocabulaire et sa grammaire cinématographique émerveillent, l’on serait loin du compte. Nous faisons état ici de ces avis négatifs que nous respections, venant de critiques que nous apprécions. Mais nous n’avons pas vu le même film et il est probable que de ne pas avoir lu le roman nous a aidé pour le coup.

Il faut voir le film, car il nous oblige à regarder des pages terribles du Burundi et du Rwanda. Un regard, par le côté, le petit côté de la lorgnette, celui des enfants. On peut rêver d’autre chose, mais il n’empêche que ces pages de l’histoire d’un petit pays doivent continuer à être lues pour ne pas oublier. C’est toute la noblesse de cette mise en images, avec l’ambiguïté de certains personnages, de certains blancs colonisateurs, de ces africains opprimés, exploités dont les conflits ethniques vont s’exacerber et qu’ils découvriront que n’étant pas de la même ethnie ils sont différents et doivent être ennemis. Il nous faut entendre les échos de la radio qui nous fait entendre la situation politique dans les sphères du pouvoir, les drames que l’on sait, les conflits locaux, la haine des blancs et la haine d’africains entre leur ethnie dont on leur dit que l’autre est l’Ennemi.

Par ailleurs, nous rejoignons donc nos confrères des Cahiers du Cinéma qui sont très élogieux et écrivent dans leur numéro de mars 2020 : « A cet enjeu de renversements de points de vue, le film répond par d’assez subtils pas de côté, de l’interprétation tout en retrait et soustraction du redoutable Jean-Paul Rouve au portrait de cette enfance africaine dont Eric Barbier embrasse les nuances en un remarquable mélange de distance (le point de vue du petit héros métis) et de proximité (la maison-refuge où résonne l’écho sourd de la tragédie) ».

https://www.youtube.com/embed/TWljlQtnLx4
Petit Pays – Bande-annonce officielle HD - YouTube


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