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Abel Ferrara (2014)
Pasolini
31 décembre 2014
Article mis en ligne le 28 décembre 2014

par Charles De Clercq

Synopsis : Rome, novembre 1975. Le dernier jour de la vie de Pier Paolo Pasolini. Sur le point d’achever son chef-d’œuvre, il poursuit sa critique impitoyable de la classe dirigeante au péril de sa vie. Ses déclarations sont scandaleuses, ses films persécutés par les censeurs. Pasolini va passer ses dernières heures avec sa mère adorée, puis avec ses amis proches avant de partir, au volant de son Alfa Romeo, à la quête d’une aventure dans la cité éternelle...

Acteurs : Willem Dafoe, Riccardo Scamarcio, Maria de Medeiros, Ninetto Davoli, Valerio Mastandrea, Giada Colagrande, Adriana Asti.

On pouvait s’attendre au pire après le dernier film d’Abel Ferrara, Welcome to New York - qui transposait les mésaventures de DSK (celles qui lui valurent une descente aux enfers) grâce à Gérard Depardieu et Jacqueline Bisset - sorti directement en vidéo. Il s’évitait ainsi les éventuels déshonneurs d’un échec en salle tout en surfant sur la vague médiatique pas loin de la presse de caniveau ! En gros, n’ayant jamais vu Go Go Tales ou 4h44 Last Day on Earth je ne retenais de sa filmographie que Bad Lieutenant, sorti il y a plus de vingt ans en 1992.

A l’arrivée, une heureuse surprise qui toutefois pourra déconcerter certains.

Le film n’est pas un biopic classique et il aborde les dernières heures de Pasolini. Depuis le montage de Salo jusqu’à sa mort sur une plage, roué de coups de bâtons et écrasé par sa voiture, en passant par l’élaboration de son prochain film et les rencontres furtives du quinquagénaire avec de jeunes prostitués (pour) homosexuels (car ils ne le sont probablement pas pour la plupart) dans certains quartiers de Rome.

On retiendra en particulier la mise en abîme du futur film de Pasolini, celui que l’on ne verra jamais et dont Ferrara nous livre en quelque sorte une longue « bande-annonce » à défaut de lui donner une existence. Il y sera question d’une étoile de la recherche d’un Messie, de la quête du Paradis, d’un désenchantement aussi, d’une descente aux enfers en quelque sorte.

Willem Dafoe donne véritablement un corps, une identité à Pasolini (et la ressemblance physique nous aide ici) et se découvre dans des interviews, notamment en français. Et justement, s’il y a a un bémol pour moi, c’est ce Pasolini-là qui parle tant anglais, beaucoup plus anglais qu’italien (je suppose qu’il s’agit d’une contrainte liée à l’acteur lui-même) insignifiante probablement mais qui se rappelait à moi comme un tout petit caillou dans la chaussure !

Pasolini aussi avec les siens, Pasolini échangeant sur son œuvre et sur l’Italie, sur fond de journaux ou de radio qui évoquent la violence celle-là même qui se déchaînera contre Pasolini, dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975. Autrement dit entre la fête de tous les saints et celle des défunts. Hasard du calendrier religieux qui fait coïncider la mort de ce très grand artiste avec un jour de gloire et un jour de deuil. Le réalisateur ne prend pas clairement position sur la cause de la mort de Pasolini : politique ou question de moeurs même s’il m’a semblé plus lire la seconde que la première.

NB : En voyant la bastonnade de Pasolini je n’ai pu m’empêcher de penser à la mort d’Ihsane Jarfi, une affaire qui a touché la Belgique (le meurtre/assassinat d’un jeune homosexuel le 22 avril 2012 et dont les assassins ont été condamnés avec la circonstance aggravante d’homophobie). Je me disais : c’est comme cela qu’Ihsane a été tabassé et qu’on la laissé mourir. le Lien que je fais ici est affectif et circonstanciel bien entendu. Il se fait qu’au moment de la vision de presse, l’affaire était jugée en Assises en Belgique.



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