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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Rob Letterman
POKÉMON Detective Pikachu
Sortie le 8 mai 2019
Article mis en ligne le 22 mai 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • adaptation du jeu vidéo (sur Nintendo 3DS) « Détective Pikachu » (2016), soit une œuvre spin-off dérivée de l’univers « Pokémon » (créé par Satoshi Tajiri en 1996), dans laquelle le joueur incarne alors un Pikachu qui doit résoudre différents mystères ;
  • quatrième film de la franchise, et premier en prises de vues réelles, à sortir en France après les films d’animation « Mewtwo contre-attaque » et « Le Pouvoir est en toi » sortis en 2000, et « Le Sort des Zarbi » un an plus tard. En tout, il y a eu 22 films d’animation autour de l’univers des « Pokémon ».

Résumé : Après la disparition mystérieuse de Harry Goodman, un détective privé, son fils Tim va tenter de découvrir ce qui s’est passé. Le détective Pikachu, ancien partenaire de Harry, participe alors à l’enquête : un super-détective adorable à la sagacité hilarante, qui en laisse plus d’un perplexe, dont lui-même. Constatant qu’ils sont particulièrement bien assortis, Tim et Pikachu unissent leurs forces dans une aventure palpitante pour résoudre cet insondable mystère. À la recherche d’indices dans les rues peuplées de néons de la ville de Ryme – métropole moderne et tentaculaire où humains et Pokémon vivent côte à côte dans un monde en live-action très réaliste –, ils rencontrent plusieurs personnages Pokémon et découvrent alors un complot choquant qui pourrait bien détruire cette coexistence pacifique et menacer l’ensemble de leur univers.

La critique de Julien

Attendu par toute une génération de fans, « Pokémon : Détective Pikachu » n’est pas en soi une pure adaptation en prises de vues réelles de la série animée qui a bercé l’enfance de beaucoup de jeunes adultes d’aujourd’hui. Au risque d’en décevoir certains, il s’agit bien ici de celle d’un jeu vidéo éponyme sur Nintendo 3DS sorti il y a trois ans au Japon (et l’année passée chez nous et en Amérique du Nord), alors dérivée de l’univers « Pokémon », créé par Satoshi Tajiri en 1996. Extrêmement populaire il y a une quinzaine d’année, il semble pourtant renaître de ses cendres, en témoignent le succès colossal rencontré par l’application « Pokémon GO » sur smartphone, en 2016, téléchargée plus de 850 millions de fois, ainsi la mise en chantier de ce film, traduisant ainsi l’assurance intacte des studios envers les « Pokémons », et leurs pouvoirs de rentabilités, et d’autant plus quand on sait ô combien ce genre de projet va (re)dynamiser le nombre de produits dérivés vendus (cartes, jouets, livres, mangas, etc.) au travers le monde, même si l’œuvre de Satoshi Tajiri n’en avait pas vraiment besoin... Dirigons-nous ainsi vers une nouvelle « Pokémania » ? Quoi qu’il en soit, « Pokémon : Détective Pikachu » ne peut être qu’une opération gagnante pour ses investisseurs. Mais qu’en est-il pour les spectateurs ?

D’emblée, ne vous attendez pas ici à suivre les aventures du jeune dresseur de « Pokémon » Sacha, accompagné de son fidèle ami Pikachu et de ses amis Ondine et Pierre (pour ne citer qu’eux), lequel parcourt le monde « Pokémon » afin d’obtenir le grade suprême de « Maître Pokémon ». Dans « Pokémon : Détective Pikachu » (et donc également dans le jeu duquel il s’inspire), il est question de Tim Goodman, un étudiant partant à la recherche de son père enquêteur récemment disparu, à Ryme City, tandis qu’il n’avait plus de contact avec lui depuis de sa tendre enfance. En effet, ce dernier a consacré sa vie aux « Pokémon », et notamment à Mewtwo...
Dans l’intrigue, humains et « Pokémon » ne vivent pas en harmonie, tandis que les premiers tentent de les capturer dans la nature, à l’aide de leur « Pokéball ». Pourtant, et justement à Ryme City, tous vivent ensemble, et tirent parti l’un de l’autre pour une vie meilleure (malgré les mauvaises intentions de certains), alors que chaque humain possède son propre camarade de route « Pokémon », sans pour autant pouvoir communiquer avec... Alors que le joueur incarne un Pikachu qui doit résoudre différents mystères dans le jeu vidéo, Tim découvrira dans l’appartement en désordre de son père un Pikachu totalement amnésique, appartenant sans doute au disparu, et avec lequel il semble en mesure de dialoguer, bien que cela relève de la pure folie. Ensemble, ils se mettront alors sur la piste d’indices pour retrouver le père de Tim, tandis qu’une mystérieuse organisation sème le trouble dans la ville...

« Pokémon : Détective Pikachu » est une réussite en demi-teinte. On se dit tout d’abord qu’avec un tel budget de production (150 millions de dollars), le visuel de certaines créatures aurait pu être un peu plus approfondi. De plus, cette aventure en prises de vues réelles manque de sel visuel, et de véritables moments à retenir, si ce n’est une rare scène impressionnante, où la Terre tremblera sous les pieds de nos héros (alors rejoint par une journaliste et son Psykokwak). Pourtant, on ne cache pas que voir des « Pokémon » prendre vie dans un film nous excite quelque peu (Léviator est de la partie !), où en tout cas nous rend nostalgique d’une certaine époque, et notamment lorsque Pikachu se met à fredonner le générique de la série animée... Mais voilà qu’à côté de cela, seulement une soixantaine d’entre eux sont visibles dans le film, contre plus de huit-cents au total, ce qui est un peu court, tandis que la part d’importance de chacun d’eux n’est pas très importante dans l’intrigue, eux qui font donc ici majoritairement de la figuration, excepté donc pour Pikachu, Mewto, Psykokwak et Métamorph, ce qui est assez frustrant. Dommage en effet que cette histoire n’utilise pas assez les forces et pouvoirs uniques des « Pokémon » pour la rendre alors réflexive, créative, et donc originale. Au contraire, l’enquête en question pour Tim (pâle Justice Smith) et son ami prend une tournure assez abra-cadabra-nte (désolé), que seuls les adultes parviendront à comprendre (s’ils en ont l’envie), alors que le film est censé être destiné à toute la famille, et ainsi parler à chacun de ses membres. Ainsi, même si l’on comprend l’envie de scénaristes (au nombre de quatre !) de créer une histoire ayant de l’épaisseur, elle s’avère être ici inadaptée à son public, et un brin trop compliquée vis-à-vis de l’univers dans laquelle elle prend source. Qu’à cela ne tienne, les plus petits craqueront pour l’irrésistible animation de la mascotte électrique de la licence, et des apparitions toujours plaisantes des autres « Pokémon ».

En effet, à défaut de nous emballer pleinement dans son histoire, « Pokémon : Détective Pikachu » parvient à réanimer chez le spectateur une flamme qui sommeillait en lui, l’invitant ainsi à replonger dans une période d’insouciance. Et ça fait du bien, de temps en temps. Aussi, on apprécie la personnalité de Pikachu (il en a bien une), lui qui est le principal sujet humoristique du long métrage. Doublé par Ryan Reynolds, la créature est ici loin de l’image innocente qu’elle renvoie dans l’œuvre originale, elle qui est ici hautaine, prétentieuse, addictive au café, et très portée sur la séduction... Pourtant, la tournure des événements nous invite à fondre pour cette petite boule de poil toute jaune... Enfin, le film propose un univers fictif à lui, et plus précisément au sein d’une métropole moderne et cosmopolite, dans laquelle se situe l’action. Même si ses recoins ne sont pas assez exploités, Ryme City convainc, en empruntant autant à Tokyo, Londres, qu’à New York dans ses décors.

Au final, « Pokémon : Détective Pikachu » limite la casse, en proposant un divertissement plus ou moins efficace et accessible, malgré quelques facilités et difficultés narratives. Bien qu’elle ne laissera pas un souvenir impérissable dans les mémoires, cette adaptation permettra au moins de relancer la machine à billets. Autant donc vous dire qu’on n’a pas fini d’entre parler de cet univers, au cinéma...



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