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César Díaz
Nuestras Madres
Sortie du film le 13 novembre 2019
Article mis en ligne le 16 novembre 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • après de nombreux montages de film et deux documentaires (« Territorio liberado » et "Pourquoi les Hommes Brûlent-ils ?), le réalisateur belge César Díaz, originaire du Guatemala, sort son premier film, présélectionne pour nous représenter aux Oscar, dans la catégorie du Meilleur film en langue étrangère ;
  • présenté à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2019, où il a notamment remporté la Caméra d’Or.

Résumé : Guatemala, 2018. Le pays vit au rythme du procès des militaires à l’origine de la guerre civile. Les témoignages des victimes s’enchaînent. Ernesto, jeune anthropologue à la Fondation médico-légale, travaille à l’identification des disparus. Un jour, à travers le récit d’une vieille femme, il croit déceler une piste qui lui permettra de retrouver la trace de son père, guérillero disparu pendant la guerre. Contre l’avis de sa mère, il plonge à corps perdu dans le dossier, à la recherche de la vérité et de la résilience.

La critique de Julien

Installé en Belgique depuis une vingtaine d’années, César Díaz signe ici son premier long métrage de fiction (assez court), lequel renvoie à ses origines guatémaltèques (lui qui y est né en 1978), et précisément aux conséquences de la guerre civile suite à la dictature d’extrême droite militaire qui secoua le pays de 1960 à 1996, et fit plus de 200000 morts (majoritairement d’origine indigène), dont son père, disparu en 1981.

Inspiré par son récit, sans être autobiographique, « Nuestras Madres » (littéralement traduit par « Nos Mères ») nous parle alors d’un jeune anthropologue travaillant à l’identification des disparus au lendemain de la guerre civile, massacrés et enterrés on ne sait où sous terre, au Guatémala, alors que le pays est rythmé par des procès en série jugeant des militaires responsables des atrocités perpétuées envers les guérilleros. Marqué par la disparition de son père, Ernesto entendra alors le témoignage d’une vieille dame, qui éveillera en lui une piste pour retrouver le corps de son père, bien que sa mère l’en dissuadera...

Explorant la relation mère-fils entre drame du passé inavouable d’un côté, et manque paternel de l’autre, César Díaz convoite ici l’intime histoire d’une famille à celle du Guatemala. Tragédie peu connue de ce côté de l’Atlantique (pour des raisons de racisme selon son réalisateur), le film a le mérite de mettre en lumière les horreurs dont ont été victimes les Indiens guatémaltèques durant près de quarante années, et surtout de leur rendre hommage au travers du métier occupé par le personnage principal, lequel nettoie les ossements retrouvés avant analyses, pour ensuite les restituer aux familles concernées, lesquelles pourront ainsi faire leur devoir de deuil, et enterrer leurs disparus. Or, l’existence de ce jeune homme est d’autant plus amère qu’il ne porte pas bien haut son pays dans son cœur, lui qui souffre de questions ouvertes liées à son père, qu’il n’a de cesse de chercher. C’est d’ailleurs sans doute pour cela qu’il exerce ce métier aujourd’hui, pourtant peu reluisant à la base. César Díaz parle aussi de nos mères, héroïnes quotidiennes des temps modernes, toujours là pour aller de l’avant, et se battre pour elles et autrui, quoi qu’il en soit, malgré l’humiliation, ou les échecs.

Pour un premier film, César Díaz réalise un œuvre de mémoire sans esbroufes, soulignée par une belle photographie, et un réel souci d’esthétisme. Plusieurs scènes restent ainsi en tête, telle que celle d’ouverture, du parking, ou encore de la plage. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si le réalisateur a écrit cette dernière scène charnière avant toutes les autres, et bâti son récit tout autour, afin d’y aboutir.



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