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Cédric Jimenez
Novembre
Sortie du film le 05 octobre 2022
Article mis en ligne le 10 octobre 2022

par Julien Brnl

Genre : Drame, thriller, policier

Durée : 105’

Acteurs : Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier, Lyna Khoudri, Sami Outalbali, Sofian Khammes, Stéphane Bak...

Synopsis :
Une plongée au cœur de l’Anti-Terrorisme pendant les 5 jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015.

La critique de Julien

Et si « Novembre », le nouveau film du cinéaste français Cédric Jimenez, suivait le même destin que son précédent film, « Bac Nord » ? Sorti chez nous directement sur Netflix, ce dernier a connu un succès fulgurant en France, avec pas moins de 2,2 millions d’entrées enregistrées, tandis qu’il était passé là-bas, avant sa sortie en salles, par le Festival de Cannes, où il avait été présenté en Sélection officielle hors compétition, tout comme « Novembre ». Tandis qu’il mettait librement en scène Gilles Lelouche, Karim Leklou ou encore François Civil autour du scandale de 2012 au sein de la brigade anti-criminalité (BAC) de Marseille où plusieurs de ses membres avaient été poursuivis pour diverses raisons, « Novembre » nous plonge quant à lui durant les cinq jours qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, au sein des enquêtes et des interventions de la police et de la SDAT, soit la sous-direction anti-terroriste. Au contraire du récent « Revoir Paris » d’Alice Winocour qui explorait les traumatismes des victimes d’un attentat (portées dans ce film par Virginie Efira et Benoit Magimel), le film de Cédric Jimenez se veut plus brutal, plus sanguin, mené sur le terrain, lui qui s’intéresse à la traque sans relâche d’Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des horreurs perpétuées au Stade de France, au Bataclan et dans plusieurs cafés et terrasses du 10e et 11e arrondissements de Paris, et ayant fait 130 morts et de très nombreux blessés...

Au travers de son scénario, Olivier Demangel a voulu « raconter ce que c’est que le service public aujourd’hui », et montrer - dans le cas de ces terribles événements - sa détermination et son engagement à toute épreuve pour arrêter les fugitifs en fuite, avant qu’ils ne commettent de nouveaux dégâts. Loin de tout voyeurisme, les attentats sont alors présentés ici en hors-champ, l’angle du scénario se centrant sur les cinq jours qui les ont suivis, au cœur d’un combat haletant contre le djihadisme radicalisé. Sans véritable personnage principal, « Novembre » est porté par une ribambelle de visages très connus du cinéma français, tels que Jean Dujardin (qui retrouve Cédric Jimenez après « La French » en 2014), Sandrine Kiberlain ou Cédric Kahn, et des acteurs plus ou moins récemment arrivés dans le paysage, et qui confirment, comme Anaïs Demoustier, Lyna Khoudri et Sofian Khammes, sans oublier notre compatriote Jérémie Renier. Tous ses acteurs sont au service de ces hommes et femmes ayant passé 24h sur 24 au service de l’enquête acharnée, sans qu’on ne sache vraiment qui ils et elles sont, et sans pratiquement aucun état d’âme, même si la fatigue et les moyens mis en œuvre pour mettre la main sur le mal nécessite parfois des promesses qui ne pourront être tenues, et donc des trahisons.

« Novembre » met ainsi le voile (et c’est le cas de le dire) sur le rôle, primordial dans cette affaire, de celle que l’on surnomme par le pseudonyme de Sonia - et dans le film Samia (Lyna Khoudri), soit une amie d’Hasna Aït Boulahcen, laquelle était une complice et cousine d’Abdelhamid Abaaoud, l’ayant aidé à se cacher. Au courant de cela, Sonia a alors prévenu courageusement le parquet anti-terroriste le 16 novembre 2016, et surtout héroïquement, étant donné qu’Abaaoud avait prévu de se faire exploser quelques jours plus tard à La Défense... Et il s’agira sans doute du seul point de vue psychologique du scénario de « Novembre », les personnages de Lyna Khoudri et d’Anaïs Demoustier étant ici pris au piège entre leur devoir collectif et leur intégrité, puisqu’on découvre que cette dernière l’aurait ainsi manipulée pour faire parler son amie. Du moins, c’est ce que nous montre cette fiction inspirée de fait réels, laquelle porte d’ailleurs une mention spéciale dans son générique d’ouverture, disant que « le port du voile islamique par le personnage de Samia répond à un choix de fiction qui ne reflète pas les convictions personnelles de l’intéressée », elle qui avait porté plainte contre la société de production du film, avant de gagner gain de cause. Vivant aujourd’hui sous une fausse identité dans le cadre du programme de protection des témoins, ce personnage est clairement le point angulaire de ce récit musclé, ayant permis de débusquer une partie des responsables des attentats du 13 novembre 2015.

Au regard de son assaut final extrêmement violent, le film de Cédric Jimenez reflète l’onde de choc qu’ont engendré ces horreurs, offrant - en très gros plan - l’implication du SDAT, afin, d’une part, de protéger la ville et le pays et, d’autre part, d’arrêter les responsables. Mais si l’on devait bien retenir quelque chose de cette histoire, ce serait qu’elle n’a permis de mettre hors état de nuire que la partie émergée de l’iceberg, ouvrant ainsi la porte à une enquête de plus grande ampleur encore, établie sur plusieurs continents, et durant de longues années...

S’il est donc efficace, et profite d’une mise en scène menée contre-la-montre favorisant les échanges plutôt que l’action (l’enquête a parfois le ventre est mou), « Novembre » manque toutefois de personnalité, de point de vue, lui qui n’offre d’ailleurs aucun regard sur le terrorisme (n’ayant sans doute pas le temps pour ça). C’est un honnête divertissement policier, inspiré d’un horrible fait réel ici décomplexifié dans ce qu’il représente et soulève, notamment d’injustice, et dont l’ombre plane toujours sur Paris. Mais il assume amplement son parti-pris, et dès lors les limites qui vont avec...



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