Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Roger Michell
My Cousin Rachel
Sortie le 23 août 2017
Article mis en ligne le 29 août 2017

par Charles De Clercq

Synopsis : Angleterre, début du XIXème siècle. Philip, un jeune noble anglais, apprend la mort mystérieuse de son cousin en Italie, survenue peu après son mariage secret avec la jeune et jolie veuve Rachel. Il n’a qu’une idée en tête : découvrir les véritables raisons de sa mort afin de le venger par tous les moyens. Mais la visite inattendue de cette nouvelle cousine va tout bouleverser.

Acteurs : Rachel Weisz, Sam Claflin, Holliday Grainger, Andrew Knott, Iain Glen, Andrew Havill.

N’étant pas libre pour la vision presse de My Cousin Rachel, je me suis rattrapé le soir même en revoyant le film homonyme réalisé il y 65 ans par Henry Koster. Qu’écrire, sinon que, certes le film a pris quelques rides, mais a très bien vieilli et que c’est un plaisir de revoir Olivia de Havilland et Richard Burton dans le rôle de ce couple trouble et troublant. C’est aussi la stupéfiante transformation de l’actrice qui montre un tout autre visage à un moment clé du film. Difficile d’en dire plus sans spoiler ce qui n’est pas un remake, mais une nouvelle adaptation du roman de Daphne Du Maurier.

Reconnaissons-le, c’est de la belle ouvrage et, même si nous apprécions les films en noir et blanc, dans le cas présent le film de 2017 bénéficie de couleurs splendides au format 2.35 ! Les images et le cadre sont superbes, de même que les costumes, décors et la reconstitution. Hormis quelques modifications dans le déroulé de l’intrigue (en particulier le début plus développé chez Koster) nous avons affaire fondamentalement au même film ! Quoique, il y a des modifications dans la tonalité qui oblige à penser autrement. Il nous faut être prudent, de nouveau pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte. L’un et l’autre film ont comme clé d’interprétation l’ambiguïté d’un des personnages. A notre estime, il ne sait pas du même ! Chez Koster, c’est Rachel qui est trouble tandis que chez Roger Michell, c’est Philip (Sam Clafin : Me before You, Their Finest, Love, Rosie) qui est troublant. Dans le film de 1952, Burton est l’incarnation même de la virilité et la masculinité du héros ne fait aucun doute. En revanche, dans cette nouvelle adaptation de Roger Michell, de nombreux éléments permettent d’en douter. Sans être absolument certain de la validité de notre lecture, nous sommes conforté par le fait qu’une consoeur et un confrère ne nient pas sa pertinence.

Pour le dire clairement, Philip, arrivé à sa majorité de 25 ans requise pour avoir la pleine possession des biens de son cousin, est toujours puceau. Bien plus, l’attachement pour celui-ci est trouble même s’il est décrit comme étant de type fils/père. Disons que Philip a un amour chaste pour son cousin (une bromance non concrétisée ?). Lorsqu’il rencontre celle qui sera LA femme qui le troublera, il va lui offrir un collier qui appartient à sa mère (notre interprétation pourra paraître très « cliché »). Un collier qui se brisera. Enfin, son « rival » s’avère être un italien qui préfère « les amours grecques » ! Nous n’affirmerons pas que Philip est homosexuel, un concept pas vraiment opératoire à l’époque du récit, mais que sa sexualité n’est pas vraiment éveillée et que son amour/attrait/attirance pour Rachel est trouble, troublante, et manque de maturité. Il serait donc, à notre estime, celui qui ayant mal vécu la mort de son cousin va l’expliquer par celle qui est sa rivale pour le lui avoir pris. Dès lors l’explication donnée par Rachel et ses proches aux messages du cousin serait fondée. Pour Philip, Rachel sera la rivale qui lui a ravi son cousin et sa « haine » se canalisera vers elle (inconsciemment bien sûr) pour se muer en amour pour un objet de désir impossible. C’est ici que l’ambiguïté du mot hôte peut jouer (hôte étant celui/celle qui reçoit // qui est reçu). Hôte qui a la même racine que les termes hospitalité et hostilité ! Nous reconnaissons volontiers que cette interprétation, très personnelle et subjective, est largement sujette à caution. Il nous semble en tout cas qu’elle convient à merveille à l’acteur qui l’incarne. Non que ses qualités soient en cause, encore moins sa masculinité, mais que son jeu en retrait, sa personnalité moins affirmée avec un jeu plus effacé face à sa partenaire Rachel Weisz (The Lobster, The Light Between Oceans, La Giovinezza) correspond bien à la lecture que nous faisons de ce film version 2017 !



Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.11