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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Les critiques de Julien Brnl
Mortal Engines
Réalisateur(s) : Christian Rivers
Article mis en ligne le 12 décembre 2018

➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes - Sortie du film le 05 décembre 2018

Signe(s) particulier(s) :

  • adaptation du roman de science-fiction « Mécaniques Fatales » écrit par Philip Reeve et publié en 2001, et premier volume de la série de livres « Tom et Hester » ;
  • co-écrit et produit par Peter Jackson, tandis qu’il est réalisé par Christian Rivers, l’un de ses plus proches collaborateurs, ayant notamment travaillé sur les effets spéciaux de la trilogie « Le Seigneur des Anneaux » et « Le Hobbit », lui qui a reçu l’Oscar des meilleurs effets spéciaux pour son travail sur « King Kong » (2005).

Résumé : Des centaines d’années après qu’un évènement apocalyptique a détruit la Terre, l’humanité s’est adaptée pour survivre en trouvant un nouveau mode de vie. Ainsi, de gigantesques villes mobiles errent sur Terre prenant sans pitié le pouvoir sur d’autres villes mobiles plus petites.
Tom Natsworthy - originaire du niveau inférieur de la grande ville mobile de Londres – se bat pour sa propre survie après sa mauvaise rencontre avec la dangereuse fugitive Hester Shaw. Deux personnages que tout oppose, qui n’étaient pas destinés à se croiser, vont alors former une alliance hors du commun, destinée à bouleverser le futur.

La critique de Julien

Projet de grande envergure commerciale, « Mortal Engines » est sans doute le blockbuster le plus ambitieux de cette fin d’année. Adapté du roman de science-fiction « steampunk » « Mécaniques Fatales » écrit par Philip Reeve et faisant partie du quartet littéraire « Tom et Hester », ce récit d’anticipation post-apocalyptique se veut être une aventure épique située entre « Star Wars », « Mad Max : Fury Road » et « Jupiter Ascending ». Produit par Peter Jackson, et réalisé par l’un des maîtres actuels des effets spéciaux Christian Rivers, le film tient-il toutes ses promesses ?

La Terre n’est plus ici qu’un « no man’s land » après qu’une guerre nucléaire aux conséquences cataclysmiques l’ait balayée en soixante minutes, il y a près de mille ans de cela... Pour survivre dans un monde hostile et inhospitalier, les humains ont alors mis sur... roues d’énormes villes motorisées, se déplaçant sans cesse, et s’entre-dévorant pour survivre. En ingérant littéralement d’autres de ces mastodontes, les plus puissantes d’entre elles accroissent alors leur domination sur les autres, leur volant ainsi leurs ressources. C’est dans ce contexte quelque peu original qu’évolue l’humanité, adaptée à ce nouveau mode de vie.

La fugitive Hester Shaw cherche alors à venger la mort de sa mère, dont l’auteur n’est autre que Thaddeus Valentine, le plus célèbre archéologue et le Maître de la Guilde des Historiens de Londres, une immense « locomopole » de près de deux centaines de milliers de résidents. Avec Tom Natsworthy, un apprenti historien et orphelin originaire d’un rang inférieur de la grande ville de Londres, ils formeront une étonnante équipe prête à arrêter les plans de Valentine, occupé clandestinement à recréer une arme antique baptisée MEDUSA, capable de détruire les dernières villes encore immobiles et florissantes situées en Asie, ainsi dans l’optique d’étendre sa suprématie sur la planète...

Visuellement époustouflant, « Mortal Engines » propose un univers dystopique laissant voir à quoi pourrait ressembler le monde dans mille ans, socialement toujours autant déchiré entre riches et pauvres, nichés sur des villes mobiles, bien que cela semble ici plus compliqué que ça en à l’air. Ici, l’argent ne semble plus être le nerf de la guerre, mais bien les ressources, telles que le carburant, la vieille technologie ou les objets de valeur pillés. Malheureusement, tout ce contexte reste assez peu exploité dans le film. C’est donc dans son écriture que le film bât de l’aile, lequel ne répond pas à nos questions. En effet, cette histoire peine à donner des réponses sur l’existence et surtout le fonctionnement de ces engins dantesques. Certes, on comprend par quelques dialogues et vifs flash-back comment les humains en sont venus à construire de tels engins, mais la vie sur l’un d’eux n’est pas assez développée. Et puis, l’ensemble reste bien trop gentillet, et à destination des (post-)ados.

Tandis que l’humanité semble alors régulée à cet écosystème technologique par lequel la plupart du monde vit sur ces villes tractées se consommant (on appelle ça ici « darwinisme municipal »), nos héros se retrouvent ainsi rapidement à fouler le sol boueux de notre bonne vieille planète Terre, dans une quête bien plus importante qu’ils ne l’auraient pensée...

Certes prévisible dans ses grandes lignes, cette aventure effrénée autour de deux personnages qui n’avaient, à priori, rien en commun, est aussi un récit initiatique, où ces derniers apprendront à se dévoiler, à s’écouter, et surtout à s’unir pour le bien de l’humanité. Le plus intéressant d’entre eux est sans doute Hester Shaw (la révélation islandaise Hera Himar), dont on apprend beaucoup en cours de route, notamment sur son enfance, son visage scarifié, et sur l’entité qui l’a élevée. On n’en dira pas plus. Il y aussi Tom Natsworthy (Robert Sheehan, qui obtient ici l’un de ses premiers grands rôles - tout est relatif), osant prendre les devants sur sa vie, et croire en son rêve d’aviation, enfui au fond du tiroir après la disparition de ses parents. Ensemble, le duo Hester/Tom réussit à créer un petit quelque chose, bien que leur segment d’histoire reste trop classique. Autrement dit, ils finissent sans surprises ensemble. Mais s’il y avait bien que personnage adoré, alors ce serait Shrike, un monstre mi-Terminator et mi-zombie, qui n’est autre qu’un ancien humain ressuscité en cyborg, dont les siens ont derrière eux de nombreuses années de massacres en tous genres.

Malgré son lourd passé, son écriture parvient à émouvoir de manière marquante. Mais une fois de plus, on ne vous en dira pas plus. Quant à Hugo Weaving, il endosse une nouvelle fois-ci le rôle de grand méchant de l’histoire, avec plus ou moins de succès, même si son personnage manque de force. Et puis, on est amusé de découvrir au casting l’actrice sud-coréenne Jihae Kim, permettant sans doute au film d’embrasser une belle carrière en Asie. Et on l’est encore plus pour les Chinois, qui devraient adhérer à l’idée d’une « grande muraille », derrière laquelle réside encore une colonie d’humains résistants, vaille que vaille, à l’Occident.

Réalisé par Philip Reeve, à qui l’on doit des scènes numériques à couper le souffle dans les films de Peter Jackson, comme celle des rondins de bois dans la saga « Le Hobbit », « Mortal Engines » divertit ainsi sans grande embûche, et à renfort d’un visuel original et fort plaisant, bercé par le style « steampunk » du quartet littéraire dont il s’inspire. Si on retiendra particulièrement la scène d’ouverture, ainsi que celles où nos deux héros se livrent une course-poursuite dans une ville capturée par Londres, et en train de se faire découper en morceaux dans ses entrailles, on reste bouche bée face à la maestria numérique qui nous est ici offerte.

Supervisé par Peter Jackson (qui le co-écrit et le produit), le film mise donc sur le spectacle, aussi bien sur Terre que dans les airs, sublimé par une direction artistique grandiose. Et il serait dommage de ne pas souligner les quelques clin d’œils sympathiques et décalés à notre civilisation disparue, tels que via la technologie de l’écran, où deux statues toutes jaunes...



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