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Roland Emmerich
Moonfall
Sortie du film le 23 mars 2022
Article mis en ligne le 30 mars 2022

par Julien Brnl

Genre : Science-fiction, action

Durée : 120’

Acteurs : Halle Berry, Patrick Wilson, Michael Peña, Donald Sutherland, John Bradley, Charlie Plummer...

Synopsis :
Une force mystérieuse fait sortir la Lune de son orbite autour de la Terre et l’envoie à toute vitesse se crasher sur la planète bleue. À quelques semaines de l’impact et alors que le monde est au bord de l’anéantissement, Jo Fowler, cadre de la NASA et ancienne astronaute, est convaincue qu’elle détient la clé pour nous sauver tous - mais seuls un astronaute de son passé, Brian Harper et un théoricien du complot, K.C. Houseman la croient. Ces héros improbables vont monter une mission impossible de dernière minute dans l’espace, laissant derrière eux tous ceux qu’ils aiment...

La critique de Julien

Une fois n’est pas coutume, Roland Emmerich s’amuse à détruire le monde dans « Moonfall », son nouveau blockbuster de science-fiction. Après « Midway », relatant les six premiers mois de la guerre du Pacifique, et devenu l’un des films indépendants les plus de tous les temps étant donné qu’aucun major n’y avait investi leurs billets verts, le cinéaste germano-américain retourne dans l’espace (ce n’est pas la première fois qu’il y va), l’occasion rêvée pour lui de nous révéler que la Lune n’est en fait qu’une mégastructure artificielle. Cette dernière sera alors attaquée par une sorte de mystérieux essaim noir, provoquant son changement d’orbite, et dès lors se rapprochant dangereusement de la Terre. Cela aura notamment pour effet (à très court terme) des catastrophes cataclysmiques telles que des tsunamis, des anomalies gravitationnelles et des dissipations atmosphériques et, dans un second temps, une dislocation de la Lune et une collision inévitable de celle-ci avec la Terre. Heureusement, une improbable équipe sauvera le monde de sa perte...

« Moonfall » débute alors en 2011, alors que les astronautes Brian Harper (Patrick Wilson), Jocinda Fowler (Halle Berry) et le meilleur ami du premier, Marcus, sont en mission dans l’espace à bord de la navette spatiale Endeavour, afin de réparer un satellite. Harper sera alors témoin d’une attaque de l’orbiteur par un essaim extraterrestre, tuant Marcus. Harper parviendra cependant à rejoindre la navette, sauvant Fowler, et à les ramener héroïquement sur Terre. Mais son histoire sera rejetée par la NASA, après une enquête de dix-huit mois, imputant une erreur humaine à l’incident, lequel sera dès lors renvoyé, et perdra tout... Dix ans plus tard, un théoricien du complot, K.C. Houseman (John Bradley), découvrira alors que l’orbite de la Lune se rapproche de la Terre, lequel tentera alors de rentrer en contact avec Harper, mais sans succès. Jusqu’à ce que la NASA découvre à son tour cette anomalie, ce qui changera toute la donne, ainsi que le regard de Harper vis-à-vis d’Houseman. Fowler, maintenant directrice adjointe de la NASA, mettra ainsi tout en œuvre, avec ces deux bras cassés (en plus des siens), pour empêcher la perte de l’humanité...

Avec Roland Emmerich, autant mettre de côté toute notion de cohérence et de vraisemblance, lui qui, au contraire d’un Christopher Nolan, par exemple, préfère défier les lois de la physique au profit du spectacle décérébré. Tandis qu’il l’a co-écrit et co-produit, son film met d’une part du temps à démarrer, en plus de faire route tout seul lorsque son trio de personnages principaux nous blablatent leurs théories et hypothèses scientifiques pour sauver notre chère planète, mais que seuls eux semblent croire et comprendre, laissant dès lors le spectateur sur le carreau, pendant que le président des États-Unis le chef d’état-major interarmées s’apprêtent, eux, à lancer une frappe nucléaire vers la Lune, sans imaginer une seule seconde les conséquences d’un tel acte. Scientifiquement, c’est donc un zéro pointé, alors qu’on y parle aussi bien de théories conspirationnistes autour du programme Apollo, mais également de la théorie de la Lune creuse, de sphère de Dyson, de naine blanche, ou encore d’intelligence artificielle, mais sans aucune nuance, pertinence, ni approfondissement. Aussi, Patrick Wilson, en ancien astronaute en disgrâce, Halle Berry, en directrice adjointe de la NASA (avant de s’y retrouver toute seule aux commandes !) et John Bradley, en rigollot de service (cela dit brillant), font ce qu’ils peuvent pour sauver la Lune, et forcément la Terre, au risque de voir chuter leur carrière cinématographique respective. Autant dire que leur prestation n’est que poussière, mais pas d’étoile... Sans parler des protagonistes que l’on suit sur Terre, entre progénitures et ex, mais sans aucune considération. Bref, c’est bel et bien un fourre-tout apocalyptique, mais qui ne nous étonne pas de la part de son metteur en scène. Quoiqu’on pensait tout de même qu’il s’était calmé, et avait compris de ses erreurs. Mais ce sera sans doute chose faite, étant donné le four commercial et critique du film (même si cela ne semble jamais l’avoir préoccupé)...

Qui dit blockbuster à la Roland Emmerich, dit évidemment effets spéciaux numériques en tous genres. Et visuellement, s’ils sont laids et baignés dans un noir les rendant illisibles (la scène du tsunami), « Moonfall » parvient tout de même à impressionner par moments, surtout lors de ses scènes de destruction massive (celle où la ville de New York disparaît sous nos yeux, à l’exception du sommet du Chrysler Building, qui atterrira bien plus loin). Et entre nous, nous étions venus là pour ça. Nous en avons donc à moitié pour notre argent, même si nous n’avons pas payé notre place, tandis que nous préférons assister à une énième destruction de la Terre par Roland Emmerich dans notre siège de cinéma qu’à une guerre dans notre réalité...

« Moonfall » est donc bête, décomplexé du cerveau, et réalisé sans une once de science-fiction mesurée, et inspirée (bien qu’il se base sur quelques concepts et théories non-acceptés par la science traditionnelle). C’est du spectacle distordu comme on en faisait dans le temps, et qui aurait mieux fait de rester dans les tiroirs. On espère en tout cas que Roland Emmerich se remettra de ce nouvel échec, et qu’il (re)signera, un jour d’après ou l’autre, un divertissement apocalyptique de qualité, loin des clichés...



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