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Les critiques de Julien Brnl
Millenium : Ce Qui ne me Tue Pas / The Girl in the Spider’s Web
Réalisateur(s) : Fede Alvarez
Article mis en ligne le 28 novembre 2018

par Julien Brnl

➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes - Sortie du film le 21 novembre 2018

Signe(s) particulier(s) :

  • adaptation du roman « Ce qui ne me Tue Pas », qui n’est autre que le quatrième tome issu de la saga « Millenium », mais cette fois-ci écrit par David Lagercrantz, ayant repris le flambeau après le décès de Stieg Larsson en 2005 (à qui l’on doit la trilogie initiale) ;
  • après les adaptations cinématographiques des trois premiers livres avec Noomi Rapace dans le rôle de Lisbeth Salander et Michael Nyqvist dans celui de Mikael Blomvist, David Fincher a sorti en 2011 une nouvelle adaptation du premier bouquin, intitulé « Les Hommes qui n’Aimaient pas les Femmes », avec Rooney Mara et Daniel Craig dans ces rôles respectifs ;
  • le réalisateur uruguayen Fede Alvarez retrouve le directeur de la photographie Pedro Luque Briozzo, le chef costumier Carlos Rosario et le compositeur Roque Baños, avec lesquels il avait travaillé sur ses deux premiers films, « Evil Dead » (2013) et « Don’t Breathe : la Maison des Ténèbres » (2016).

Résumé : Frans Balder, éminent chercheur suédois en intelligence artificielle fait appel à Lisbeth Salander afin de récupérer un logiciel qu’il a créé et permettant de prendre le contrôle d’armes nucléaires. Mais la NSA ainsi qu’un groupe de terroristes sont également sur la piste du logiciel... Traquée de toutes parts, Lisbeth va faire appel à son ami le journaliste Mikael Blomkvist, qu’elle n’a pas vu depuis 3 ans...

La critique de Julien

Il aura fallu attendre sept longues années pour découvrir sur nos écrans les nouvelles aventures de Lisbeth Salander, cette justicière tatouée d’un dragon dans le dos, caché par un style vestimentaire gothique si particulier. Fidèle amie du journaliste d’investigation et cofondateur du magazine Millénium Mikael Blomkvist, cette héroïne se dresse contre le mal, et déjoue toute sorte d’histoires peu catholiques, elle dont la robustesse et l’intelligence ne font qu’un.

Malgré nos espérances, on savait depuis longtemps que ce nouvel épisode ne serait pas une suite du film de David Fincher adapté du premier livre de Stieg Larsson, étant donné qu’il est ici question de l’adaptation libre du quatrième opus mal-aimé par les fans de la saga et la famille de l’écrivain, écrit pour l’occasion par David Lagercrantz, ayant repris la succession de l’œuvre du créateur de la trilogie littéraire suite à son décès prématuré en 2005.

« Ce qui ne me Tue Pas » avait donc la lourde tâche de redonner un nouveau souffle à cette saga policière après les résultats décevants au box-office de la version du virtuose David Fincher, malgré un bon bouche-à-oreille, et un générique d’ouverture qui restera dans les annales (à revoir via le lien ci-dessous). Mais situé à de lointaines encablures de sa mise en scène noire et froide, ainsi que du mystère haletant de son scénario, cette nouvelle aventure déroute par le traitement convenu de son histoire, perdant en plus (en grande partie) la fibre particulière de cette saga. Voilà ce qui s’appelle dénaturer...

On ne peut pas reprocher à Fede Alvarez (on lui doit le surprenant et angoissant thriller « Don’t Breathe ») de ne pas avoir réalisé un film efficace, tant son adaptation dévoile une intrigue mis en scène sans temps-morts, et faisant la part belle à l’action. Durant ses près de deux heures, « Ce qui ne me Tue Pas » divertit dès lors le public avec une facilité déconcertante, et une recette bien huilée, mais pourtant bien éloignée de l’ADN de « Millenium ». Et c’est sans doute le plus grand problème de ce film.

Cousu de fil blanc, cette histoire mêlant cyberattaque terroriste, fantômes du passé liés à Lisbeth et corruption ne ressemble en rien à ce qu’on a déjà pu voir au cinéma des bouquins de la saga. Trop de facilités scénaristiques incohérentes viennent ici endommager l’aspect initial profond et complexe des aventures de Lisbeth Salander, laquelle est en plus ici beaucoup trop accessible par rapport à la Lisbeth Salander interprétée dans le film de Fincher par Rooney Mara.

Le personnage (maintenant incarné par Claire Foy - « The Crown ») ne tient à vrai dire pas la route, lui qui est capable (par exemple) de pirater en un claquement d’œil n’importe quel programme informatique ou dossier d’Etat ultra-protégé. C’est simple : l’Internet, c’est elle ! Heureusement, l’actrice s’en sort avec les honneurs dans sa performance physique, bien qu’elle ne parvient pas à faire oublier dans le même rôle ni Noomi Rapace, ni Rooney Mara. Sans parler de l’acteur Sverrir Gudnasson, faisant pâle figure face au jeu de Daniel Craig dans la peau de Mikael Blomkvist.
Là où l’œuvre « Millenium » est donc singulière, cette adaptation ne ressemble qu’à un thriller policier et d’espionnage lambda, traçant certes à cent à l’heure, mais dans lequel les personnages ne cessent de jouer au jeu du chat et de la souris. C’est donc écrit à l’aide de grosses ficelles, quand on sait en plus que de grandes libertés scénaristiques ont été prises par rapport au roman.

Malgré son savoir-faire au niveau du cinéma d’horreur, le réalisateur ne peut rien face à la superficialité du film. S’il s’est entouré en partie de la même équipe technique que celle de ses précédents films, on peine ici à retrouver son inventivité, lequel nous avait habitué à mieux, ou en tout cas à ne pas s’aligner sur les codes du cinéma populaire.

Passé une nouvelle fois au rouleau compresseur hollywoodien, il ne reste ainsi plus grand chose de l’esprit de l’œuvre de Stieg Larsson, ni même de son âpreté scénaristique existentielle. « Ce qui ne me Tue Pas » satisfera en tout cas le spectateur venu chercher un divertissement musclé, emmené en plus par un rôle féminin fort, mais pourtant loin de refléter dans son développement la véritable Lisbeth Salander.



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