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CINECURE
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Josie Rourke
Mary Queen of Scots (Marie Stuart, reine d’Ecosse)
Sortie le 27 février 2018
Article mis en ligne le 22 février 2019

par Charles De Clercq

Synopsis : Le destin tumultueux de la charismatique Marie Stuart. Épouse du Roi de France à 16 ans, elle se retrouve veuve à 18 ans et refuse de se remarier conformément à la tradition. Au lieu de cela elle repart dans son Écosse natale réclamer le trône qui lui revient de droit. Mais la poigne d’Élisabeth 1ère s’étend aussi bien sur l’Angleterre que l’Écosse. Les deux jeunes reines ne tardent pas à devenir de véritables sœurs ennemies et, entre peur et fascination réciproques, se battent pour la couronne d’Angleterre. Rivales aussi bien en pouvoir qu’en amour, toutes deux régnant sur un monde dirigé par des hommes, elles doivent impérativement statuer entre les liens du mariage ou leur indépendance. Mais Marie menace la souveraineté d’Elisabeth. Leurs deux cours sont minées par la trahison, la conspiration et la révolte qui mettent en péril leurs deux trônes et menacent de changer le cours de l’histoire.

Acteurs : Saoirse Ronan, Margot Robbie, Guy Pearce, David Tennant, Gemma Chan, Jack Lowden, Joe Alwyn, Martin Compston, Maria-Victoria Dragus

Josie Rourke vient du monde du théâtre et elle réalise ici son premier film. C’est Saoirse Ronan qui incarne Mary Stuart, pour la neuvième fois au moins au cinéma [1] ! Marie Stuart est un personnage historique passionnant et dont le cinéma revient de façon récurrente sur l’histoire tragique de cette reine catholique confrontée à Elisabeth d’Angleterre (cf. la note qui précède).

Josie Rourke réalise un film en costume très léché, bien construit, dans une mise en scène impeccable (on sent le métier du théâtre à l’arrière-plan). Le film est classique, un peu trop peut-être, mais cela n’enlève rien à sa beauté et à cette confrontation de pouvoir et d’égo de deux femmes qui jouent des rôles d’homme (en quelque sorte). D’une certaine façon, on pourrait relire le passé à la lumière des éclairages contemporains sur le « genre. C’est présent, bien sûr, dans la personnalité de ces reines qui gouvernent envers et contre tout et tous. Ce l’est aussi, avec le personnage de David Rizzio (Ismael Cruz Cordova) qui dira à sa reine qu’il se considère plus soeur que frère et que celle-ci surprendra dans le lit avec son mari Lord Darnley (Jack Lowden) et que l’on verra ensuite avec son amant (secrétaire ?) qui mourra suite à un bombardement de leur demeure. La réalisatrice prend probablement des libertés avec l’histoire et si le meurtre sordide de David Rizzio s’inscrit bien dans un fondement historique, le fait que Lord Darnley soit obligé de signer sa mise à mort sous peine d’être »outé" comme l’on dit aujourd’hui ne trouve pas de fondement historique. Il est d’autres adaptations ou torsions du réel par Josie Rourke, ainsi la rencontre entre les deux reines qui se dévoilent (l’on joue ici sur les voiles par lesquels la réalisatrice fait passer Elisabeth pour rencontrer Marie Stuart) l’une à l’autre. Le film débute par la fin de l’intrigue, juste avant que Marie Stuart soit décapitée et que l’on dépouille de son manteau pour la découvrir revêtue d’une robe pourpre qui témoigne ainsi de son statut de martyre. Le film se clôturera par un fondu au noir avant que le couperet ne tombe sur une reine que la réalisatrice rendra intemporelle en ne vieillissant pas son actrice (Saoirse Ronan) qui gardera tout au long du film l’éclat de sa beauté et de sa jeunesse. A l’opposé, Margot Robbie entre bien dans la peau de son personnage avec les stigmates de la variole qui marquent son visage et il faut mettre en avant le travail de maquillage qui fait évoluer les cicatrices des séquelles de la maladie au fil du temps. Le film donnera probablement à certains enseignants de se plonger dans le dossier presse pour en tirer un dossier pédagogique et revenir sur l’histoire de cette reine catholique qui a marqué l’histoire. Du reste il n’y a rien à redire du film qui est très classique, trop peut-être. C’est que depuis, l’on a vu un autre film historique, celui de Yórgos Lánthimos, La favorite. Il ne s’agit pas de la même époque, nous sommes bien des années après, mais il y aura désormais un avant et un après Lánthimos dans le film historique. Le réalisateur grec dépasse et transcende le classicisme traditionnel pour offrir une autre approche et l’on peut rêver de ce qu’il aurait réalisé comme film à partir de la confrontation de ces deux reines.



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