Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Steven Soderbergh
Magic Mike : Dernière Danse
Sortie du film le 08 février 2023
Article mis en ligne le 13 février 2023

par Julien Brnl

Genre : Comédie dramatique

Durée : 112’

Acteurs : Channing Tatum, Salma Hayek, Caitlin Gerard, Matt Bomer, Joe Manganiello...

Synopsis :
Mike Lane, surnommé « Magic Mike », travaille désormais comme barman en Floride. Il y rencontre une riche femme qui découvre son passé de stripteaseur. Elle le pousse alors à reprendre la danse et le convainc d’entraîner une troupe à Londres.

La critique de Julien

Prêt.e.s pour une dernière danse ? Avoir avoir délaissé sa troupe de stripteaseurs et son acteur principal Channing Tatum avec « Magic Mike XXL » (2015) [1] pour Gregory Jacobs, qui était son premier assistant-réalisateur sur « Magic Mike » (2012), Steven Soderbergh retrouve son acteur fétiche pour une dernière chorégraphie, laquelle arrive alors que les temps ont changés à Hollywood, et qu’une tornade féministe est passée par-là, ainsi qu’un certain mouvement #MeToo, faisant état de viols et d’agressions sexuelles très médiatisés depuis l’affaire Weinstein (2017). Destiné un temps à sortir directement sur la plateforme HBO Max aux Etats-Unis, « Magic Mike : Dernière Danse » arrive finalement au compte-gouttes dans les salles du monde entier, lequel est toujours écrit par Reid Carolin, auteur des deux précédents films. Ce dernier avait ainsi déjà travaillé avec Soderbergh, tandis qu’il avait coécrit et coréalisé la comédie dramatique « Dog » avec Channing Tatum, lequel y tenait le rôle principal d’un vétéran qui devait escorter le berger Belge Malinois de combat de son ancien commandant, et cela aux funérailles de ce dernier. Lointainement inspiré de l’expérience personnelle de l’acteur, ce troisième volet de la franchise aux muscles (et pétards) mouillés et aux danses suggestives se met ainsi au goût du jour et de l’actualité, pour jouer, sur scène, les prolongations, et sans doute un dernier rappel, tandis que le public féminin, lui, s’en émancipe...

Après avoir perdu son entreprise de meubles pendant la pandémie mondiale de COVID-19, Mike Lane, qui vit désormais à Miami comme barman pour une entreprise de restauration, se verra demander ses services à Maxandra Mendozaune (Salma Hayek Pinault), une riche mondaine héritière, mais en pleine instance de divorce prolongée, elle qui risque de tout perdre, étant donné que sa fortune appartient à celui qui sera bientôt son ex-mari (et surtout à la mère de ce dernier). La dame, qui peine à trouver un sens à sa vie et à s’engager pleinement dans quelque chose, sera alors extasiée par Mike, après avoir succombé à ses charmes, dès lors persuadée de « l’artiste visionnaire » qu’il est, capable ainsi de faire sortir le public de sa « torpeur ». Alors qu’elle vient de récupérer les rênes du théâtre « The Rattigan » à Londres (sur lequel plane cependant une fermeture), où elle y produit la pièce de théâtre « Isabel Ascendant », elle confiera la mise en scène de cette pièce à Mike, pour la modique somme de 60000$. Et ça tombe bien, car ce dernier doit rembourser ses amis des Kings de Tampa [2]. À l’image de sa situation de femme coincée dans son mariage, Maxandra espère, au travers des talents de son protégé, dépoussiérer cette histoire féministe, tout en espérant recréer auprès du public la même sensation et plaisir d’autonomisation de la femme qu’elle a ressentis pendant la lap dance de Mike, lors de leur rencontre. Bémol : ce dernier ne veut plus danser...

Raconté par la voix off peu signifiante de la fille adoptive du personnage de Salma Hayek Pinault, Jemelia George, laquelle est en train d’écrire un livre, « Magic Mike : Dernière Dance » braque davantage ici ses projecteurs sur l’émancipation de la femme plutôt que sur les abdos de Channing Tatum et de ses nouveaux condisciples. C’est d’ailleurs un Mike assez fatigué et éteint que l’on retrouve tout le long du métrage, à l’image du film de Steven Soderbergh, qui manque cruellement de peps, et, osons le dire, de fesses. Le personnage de Channing Tatum a d’ailleurs totalement perdu de sa fraîcheur, de sa superbe, lequel n’est finalement ici qu’un pion à la guise d’une femme de pouvoir (tangible), laquelle en tombera - évidemment - amoureuse (et réciproquement), désireuse de surmonter les attentes de la société à son égard, de choisir ce qu’elle veut, et d’éprouver librement le désir (le symbole de la licorne) sans qu’on ne lui dicte, ou l’impose. La permission de l’homme vis-à-vis de la femme est également un thème central dans ce film, quelque peu féministe. Cette « Dernière Danse » n’est donc pas à l’image des précédentes, bien qu’elle ne passe malheureusement pas à côté d’un énième show final tape-à-l’œil, et pourtant sans ampleur, ni véritable éclat, outre ladite danse, où Mike reproduira sur scène avec sa partenaire les principales poses qu’il a partagées avec Maxandra lors de leurs premiers ébats, le tout en glissant littéralement sur l’eau. C’est beau, certes, mais c’est surtout très sage. Le film trouve d’ailleurs ses plus belles scènes dans la sensualité électrique du jeu qui existe entre ses deux personnages principaux, mais également dans ces petits instants de répétitions, de chorégraphies filmés sans aucun autre son que celui de la musique, comme si le vide était partout autour de ces danseurs et acteurs, empêchant ainsi le bruit de se propager. Une bonne donne de séduction habite également le métrage de Steven Soderbergh, où les corps se caressent avec érotisme, sans jamais jouer la carte de la vulgarité. Mais dans l’absolu, force est de constater que ce troisième épisode, très romantique, se termine sur une note assez fade, malgré ses volontés de surfer sur une vague féministe très actuelle et nécessaire, mais sacrifiant au passage sa figure emblématique masculine, elle qui n’avait pourtant rien demandé, et qui ne méritait pas pareil traitement. Car autant vous dire que Mike n’est plus aussi magique qu’il l’était...



Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.11