Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Antoine Barraud
Madeleine Collins
Date de sortie : 02/03/2022
Article mis en ligne le 7 février 2022

par Charles De Clercq

Synopsis : Judith mène une double vie entre la Suisse et la France. D’un côté Abdel, avec qui elle élève une petite fille, de l’autre Melvil avec qui elle a deux garçons plus âgés. Peu à peu, cet équilibre fragile, fait de mensonges, de secrets et d’allers-retours, se fissure dangereusement. Prise au piège, Judith choisit la fuite en avant, au risque de tout perdre.

Acteurs : Virginie Efira, Bruno Salomone, Quim Gutiérrez, Jacqueline Bisset, Valérie Donzelli, Nadav Lapid, Thomas Gioria

L’affiche de Madeleine Collins laisse prévoir un film prestigieux. En effet, outre le casting, il y a les nombreuses étoiles attribuées par la presse cinématographique. S’agissant d’étoiles la note IMDB (au moment où nous rédigeons cette critique) est à 6,5... mais, loin de la traditionnelle courbe de Gauss, plus de 43% des votes se trouvent tout en haut de l’échelle, à 10/10 ; le reste se déployant là, en une courbe de Gauss qui est plus classique qui traduit plus notre perception du film qui ne nous a pas séduit comme nous l’espérions (c’est pourquoi, comme de coutume, nous vous renverrons vers des critiques positives en fin d’article). C’est que le film était présenté, à tort ou à raison, comme hitchcockien, dans la veine de Vertigo (excusez du peu !) . A l’arrivée nous avons eu l’impression d’un puzzle à construire péniblement autour d’une femme qui mène une double vie puisqu’elle a (ou semble avoir) deux foyers dont l’un avec une fille et l’autre deux garçons plus , deux pays, deux métiers...

S’il est indéniable que Virginie Efira entre bien dans son personnage et arrive à rendre compte de ses émotions, interactions et malaises au film des développements de son aventure, au risque d’effacer les autres protagonistes du récit, en revanche, notre gros problème se situe dans la construction du récit et de l’intrigue qui nous a mené à voir les invraisemblances au détriment du reste. Hélas, il est difficile d’en dire trop sans spoiler le film ! L’on se rend bien compte que l’on construit un puzzle quasiment à partir de rien. Qui dit puzzle signifie qu’il faut placer toutes les pièces sans qu’en manque une et plus encore sans qu’il y en ait de trop. La première pièce est le titre du film Madeleine Collins qui fait référence à un personnage qui n’apparait jamais dans l’histoire, sauf à la toute fin, alors même que l’on aura été brutalement éjecté du film depuis longtemps. La deuxième pièce est la scène inaugurale dans un magasin de vêtements en Suisse où une femme fait un malaise. L’intrigue laisse entrevoir un moment au spectateur la possibilité qu’il s’agisse d’une voleuse. Il n’en est rien. Ensuite ! Ben ensuite quoi, cette pièce-là est abandonnée sans que l’on donne de clé au spectateur. De quoi s’agit-il ? Pourquoi ? Qui est-ce ? Quand est-ce que cela reviendra à l’écran ? Est-ce que ce sera comme dans l’excellent et troublant Zurich de Sacha Polak ? A force d’attendre un lien (que nous n’avons pas vu - il faudrait revoir le film, mais l’envie est loin d’être au rendez-vous) l’on se retrouve avec une question tellement en suspens... que le suspens disparait !

L’histoire se déroule sur quelques semaines, quelques mois tout au plus (avec quelques flashbacks) mais on à l’impression qu’elle relate une ou plutôt des situations qui court depuis des années. Dès lors, parce que l’on ne connait pas encore cette pièce-là du jeu ; elle viendra plus tard, l’on peut se demander comment le mari et ses deux enfants en Suisse ne se sont pas rendu compte qu’elle était enceinte ! On encore : elle a de faux papiers, que le faussaire (interprété par Nadav Napid, qui apparait brièvement à l’écran aux 4/7e du film) a confectionnés avec une date de validité d’un mois (pour la revoir dira-t-il !). OK, mais avant ? Qu’en est-il ? Quels étaient alors ses documents d’identité ? Pourquoi en a-t-elle besoin de nouveaux ? Et, finalement - mais au sens aussi de : à la fin du film - qui est-elle ? Ce ne sont que quelques exemples d’incohérences qui ne trouveront une explication que beaucoup plus tard (trop tard). Elles sont probablement voulue par Antoine Barraud qui a voulu nous doubler (!) avec de fausses pistes pour que nous doutions de tout, jusqu’à la santé mentale de la protagoniste principale (y compris les scènes où joue la fibre maternelle, on n’en dira pas plus). C’est bien sûr possible. Il faut aussi ajouter que nous avons probablement gardé des réflexes de notre métier précédent, Officier de police judiciaire, plutôt que des réflexes de cinéphile et de critique cinéma !

Outre Virginie Efira, nous relevons le jeu de deux acteurs. Tout d’abord le réalisateur Nadav Lapid, dans le rôle du faussaire. Son apparition trop brève (à deux reprises) est probablement celle qui a le plus de « vérité » anthropologique. Ensuite, le jeune Thomas Gioria (Jusqu’à la garde, Adoration) dans le rôle d’un des deux enfants de Judith, qui va d’ailleurs jouer sur l’homosexualité de son fils pour le mettre de son côté lorsqu’il fait part de ses doutes.

A défaut d’avoir été séduit par ce puzzle (nous rejoignons l’avis de Tobias Dunschen et de Luigi Lattuca), nous renvoyons vers cette présentation positive de Cineuropa et une critique très élogieuse de Dominique Poncet sur culture-tops.



Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.11