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Les critiques de Julien Brnl
Ma fille
Réalisateur(s) : Naidra Ayadi
Article mis en ligne le 21 septembre 2018

par Julien Brnl

➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 12 septembre 2018

Signe(s) particulier(s) :

  • première réalisation de la comédienne Naidra Ayadi, vue notamment dans « Polisse » (2011) ou « Les Gazelles » (2014) ;
  • librement inspiré du roman « Le Voyage du Père » de Bernard Clavel, qui avait déjà été adapté par Denys de La Patellière en 1966 ;
  • co-produit par Thierry Ardisson, qui souhaitait depuis longtemps adapter le roman en question, lui qui avait quitté sa province à vingt ans pour faire carrière à Paris, et connu des débuts difficiles (dont une tentative de suicide) avant d’atteindre sa renommée.

Résumé : Hakim et Latifa ont fui la guerre civile algérienne au début des années 90. Ils vivent depuis dans le Jura, avec leurs deux filles : Nedjma 14 ans, et Leïla, l’aînée, partie suivre ses études de coiffure à Paris. Trois jours avant Noël, Nedjma reçoit un SMS laconique de sa grande sœur. Elle ne pourra pas venir les rejoindre pour les fêtes, prétextant une nouvelle fois une surcharge de travail… Latifa s’en prend à Hakim et le pousse à aller chercher Leïla. Nedjma viendra avec lui, ils en profiteront pour découvrir Paris. À leur arrivée dans le salon de coiffure, ils apprennent que Leila n’y a en réalité jamais travaillé. C’est le voyage d’un père qui commence, dans Paris, une nuit, jusqu’à l’aube...

La critique

Un temps envisagé à la réalisation de cette seconde adaptation du roman « Le Voyage du Père » de Bernard Clavel, Roschdy Zem interprète à son tour le rôle de ce père en voyage en ville, la veille de Noël, afin d’y retrouver sa fille, partie y tenter sa chance il y a quelques mois. L’occasion ainsi de revenir ensemble en province, et passer les fêtes de fin d’année en famille... Sauf qu’une fois arrivé sur place, accompagné de sa cadette, ce dernier découvrira une vérité qu’il n’aurait pu imaginer autour des activités de son aînée, elle qui est en plus introuvable...

« Ma Fille » est librement inspiré du roman de Bernard Clavel, étant donné que sa scénariste et réalisatrice (qui signe d’ailleurs ici son premier film) a pris beaucoup de libertés sur l’histoire, comme celles de situer l’histoire à Paris plutôt qu’à Lyon ou de modifier les origines du père, ici arabo-musulmanes, ce qui renforce d’une façon le poids de ses désillusions. Mais bien plus que d’un père à la recherche de sa fille, il est aussi question dans ce film de la confrontation entre deux générations, dont l’une est issue de l’immigration (ayant fui l’Algérie pour offrir une vie meilleure à ses enfants), et l’autre de ses entrailles, au sens large du terme et de l’Histoire, soit de la jeunesse actuelle.

Ainsi, ce père sera confronté de ses propres yeux aux revers de cette dernière (la crise touche tout le monde), et bien plus que cela via le cas de sa fille, confrontée au monde de la prostitution. Sous-texte pertinent, il n’en demeure pas moins traité en surface, le scénario préférant jouer sur une traque à suspens désespérée d’un père pour retrouver sa fille, et cela en l’espace d’une nuit. « Ma Fille » côtoie aussi le mal-être que peu ressentir un enfant vis-à-vis d’un de ses pairs, soi-disant davantage choyé par ses parents, ainsi que celui d’assumer ses mauvais choix, et, dans le cas de cet enfant, éviter le regard de sa famille pour ne pas être jugé, ou lui faire de tort, bien que l’absence en est déjà un, sans parler du mensonge... Enfin, le film ouvre le dialogue entre un père et sa fille, et lui permet d’ouvrir les yeux sur ce qu’il n’aurait pu comprendre sans cela.

Dans le rôle de cette figure paternelle aussi désorientée que sa progéniture, Roschdy Zem est époustouflant de pudeur et de sang-froid, lui dont le personnage tombe pourtant de très haut en l’espace de quelques heures. Façonner par son histoire, ce père illustre avec une belle densité le chemin parcouru par ces hommes et femmes depuis leur fuite de la guerre civile, aujourd’hui dans la reconstruction et la stabilité d’une vie meilleure, et cela malgré les difficultés d’adaptation.

« Ma Fille » est un premier film suffisamment sincère dans sa démarche pour toucher, et qui en plus tient en haleine, lui qui est définitivement interprété avec une très belle subtilité. Dommage qu’il n’échappe pas à la caricature du milieu de la nuit parisienne, ni à celle de la jeunesse en perdition, et enfin qu’il n’aborde qu’en surface certains de ses thèmes qui auraient très certainement mérité plus de profondeur.

Diaporama

Copyright Mars Films

Bande annonce :

Ma Fille : Trailer HD
Ma Fille : Trailer HD
Hakim et Latifa ont fui la guerre civile algérienne au début des années 90. Ils vivent depuis dans le Jura, avec leurs deux filles : Nedjma 14 ans, et Leïla, l’aînée, partie suivre ses études de coiffure à Paris...
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