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Hong Khaou (2014)
Lilting
Sortie le 22 octobre 2014
Article mis en ligne le 11 octobre 2014

par Charles De Clercq

Synopsis : Dans le Londres contemporain, une mère sino-cambodgienne pleure la mort prématurée de son fils. Son monde s’écroule et se trouve perturbé par la présence d’un étranger. Leur difficulté à communiquer les force à faire appel à un traducteur. Ensemble, ils commencent à reconstituer les souvenirs d’un homme qu’ils ont tous deux aimé.

Acteurs : Ben Whishaw, Pei-Pei Cheng, Peter Bowles, Naomi Christie, Leila Wong, Morven Christie, Andrew Leung.

Au contraire de certaines critiques sur le web qui démolissent ce film sans délicatesse (par exemple : ...un film un peu vulgaire, définitivement raté, trop engoncé dans des intentions qu’il n’est pas capable de tenir...) j’ai quant à moi beaucoup aimé ce film qui traite, à mon estime, de l’incommunicabilité plus que les questions de l’homosexualité et du déracinement (même si ces deux dernières sont présentes).

L’actrice principale, Junn (Cheng Pei Pei, que les amateurs des films de la Shaw Brothers connaissent bien pour son rôle dans L’hirondelle d’or) est certes déracinée, à Londres, mais surtout incapable de communiquer avec les vivants dans sa langue. Ainsi, il lui est impossible de dialoguer avec Alan (Peter Bowles) un pensionnaire de la maison de retraite et ne peut que fantasmer en bien ce qui lui apparaît comme une idylle. De même, il lui est impossible de communiquer avec Richard (excellent Ben Whishaw) qui fut le compagnon de son fils décédé.

Tant Richard que Junn ne peuvent communiquer qu’avec un mort (Kai, interprété par Andrew Leung) en plongeant dans le souvenir : souvenir d’un fils qu’elle voulait probablement accaparer et qu’elle jalousait peut-être à celui qu’elle pensait être un simple ami ou colocataire. Souvenir d’un amant dont on apprendra seulement à la fin du film comment la mort, toute bête, - malheureuse conjonction de circonstances - est survenue !

Pour vaincre cette incommunicabilité, entre Junn et Alan et entre Junn et Richard, il ne restera que la médiation d’une interprète ou plutôt « traductrice » (Naomie Christie) qui sera le pivot de ce trio en tentative de relation(s).

Traduire est probablement toujours trahir un peu. Mais il n’empêche que plus on avancera dans la traduction des échanges entre Junn et Alan, plus les fantasmes de l’une et de l’autre seront dépecés, écorchés pour ne plus que révéler un squelette ou, finalement, l’amour n’est peut-être pas présent.

En revanche, la traduction des échanges entre Junn et Richard passera par des propos celés, par un non-dit, celui de la relation affective et homosexuelle de Kai et de Richard. Celle-ci ne pourra s’affirmer, se dire, qu’à la toute fin du film, en présence de la traductrice. Mais de façon très surprenante (il peut s’agir d’une erreur du scénario mais si tel est le cas, l’œuvre finale échappe à son créateur !) ce dévoilement, cette « apocalypse », se passera de traduction. Est-ce que la vérité exprimée en ce moment et ce lieu transcende le langage, est-ce que les mots entendus ne sont que l’expression non verbalisée de maux intérieurs ? Peu importe, à la fin du film, entre la mère et Richard, il se passe quelques choses entre eux qui leur permet de rendre compte de celui qu’ils aimaient tous deux, chacun à sa façon !

http://www.youtube.com/embed/jsNbFyM2LE8
Lilting ou la délicatesse ★ Bande-annonce VOST - YouTube


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