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Pierre François Martin-Laval
Les Vengeances de Maître Poutifard
Sortie du film le 05 juillet 2023
Article mis en ligne le 11 juillet 2023

par Julien Brnl

Genre : Comédie, film familial

Durée : 90’

Acteurs : Christian Clavier, Isabelle Nanty, Jennie-Anne Walker...

Synopsis :
Instituteur à la retraite, Robert Poutifard n’a plus qu’une idée en tête : aidé de sa maman, il va se venger de ses anciens élèves qui ont gâché sa vie !

La critique de Julien

« Par les équipes des Profs et Ducobu », peut-on lire sur l’affiche de cette « comédie de l’été », signée justement par Pierre François Martin-Laval, lui à (cause de) qui l’on doit « Les Profs » (2013) et « Les Profs 2 » (2015), ou encore l’adaptation de « Gaston Lagaffe » (2018). Après avoir réalisé « Fahim » (2019), lequel est, à ce jour, son film le plus modeste, et joué l’année dernière à « l’Homme Parfait » devant la caméra de Xavier Durringer, l’ex-membre de la troupe comique les « Robins des Bois » nous punit avec « Les Vengeances de Maître Poutifard », lequel est la libre adaptation (et trahison) du livre « La troisième vengeance de Robert Poutifard » (2004) de Jean-Claude Mourlevat, dans lequel un ancien instituteur de CM1, désormais à la retraite, va se venger, vingt ans plus tard, de ses anciens élèves devenus adultes, lesquels l’avaient, jadis, humilié...

Obsédé par les films à gags, Pierre François Martin-Laval a trouvé ici l’occasion de réaliser un film pour ses trois filles, lesquelles pourraient ainsi le voir - d’après lui - avec des niveaux de lecture différents. Pour cela, le cinéaste et comédien s’est accordé des libertés vis-à-vis du livre de J.-C. Mourlevat, établissant notamment un lien entre les anciens élèves de Poutifard, eux qui lui ont mis des bâtons dans les roues, et empêché de vivre son histoire d’amour avec sa collègue Claudine Haignerelle (Jennie-Anne Walker). Et pour cause, il ne s’agit plus ici de plusieurs générations d’enfants, mais bien d’un clan de quatre élèves d’une même classe (dont des jumelles), tandis qu’une place a également été faite ici à la maman dudit maître, pourtant alitée dans le livre, et permettant ainsi plus d’interactions et - en théorie - de situations comiques entre les personnages de Christian Clavier et d’Isabelle Nanty. Pourtant, si l’on remet les choses dans l’ordre, le choix du casting du film n’a déjà ici aucun sens...

À 71 ans, Christian Clavier cabotine dans la peau d’un homme assoiffé de « sale » vengeance, prêt alors à tout pour faire payer à ses odieux bourreaux devenus célèbres (une star de la musique, des influenceuses et un chef étoilé) ce qui lui ont fait subir, quitte, notamment pour cela, à enfiler une combinaison à la Mario (mais appelez-le Roberto !), sans avoir peur du ridicule. Or, c’est au travers de son journal des humiliations (racontées avec une voix-off sadique) et d’un prometteur flash-back en ouverture de film que l’on comprendra comment Maître Poutifard en est venu à ce point à haïr ses anciens élèves, lui qui vit toujours chez sa mère castratrice, mais plus complice qu’on ne le pense, jouée par Isabelle Nanty, dix ans sa cadette. Or, il y a là comme un souci d’âge. De plus, il ne suffit pas de couper les cheveux du personnage de Christian Clavier pour lui faire prendre vingt ans ! On ne croit également pas une seule seconde à l’idylle entre Poutifard et une jeune institutrice québécoise beaucoup plus jeune que lui, et surtout plus jolie. Alors certes, le physique ne compte pas, mais il faut arrêter de nous faire croire en l’impossible ! Ce qui est donc ici de l’ordre de l’établi dans cette histoire n’a donc ni queue ni tête, sans compter sur les lourdes facilités d’écriture, et le choix d’une mise en scène linéaire, privilégiant également une vengeance en particulier plutôt que les autres...

« Les Vengeances de Maître Poutifard » enchaîne alors les péripéties grotesques et fantaisistes qui ne font aucunement rire, mais au mieux sourire par quelques amusantes trouvailles, tandis qu’il renferme évidemment une gentille petite morale, soit celle du pardon comme la plus belle des vengeances. En effet, ruminer n’est jamais la meilleure des idées. Alors qu’elle se regarde comme n’importe quel épisode d’un « Ducobu », mais à l’envers, cette comédie française mollassonne, et inoffensive malgré ses quelques promesses, finit également par jouer avec le mauvais goût, elle qui y convoite la maladie de l’enfance comme objet de remise en question. Douteux, et très maladroit.



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