Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Brian Helgeland
Legend
Sortie le 20 janvier 2016
Article mis en ligne le 13 janvier 2016

par Charles De Clercq

Synopsis : Londres, les années 60. Les jumeaux Reggie et Ronnie Kray, célèbres gangsters du Royaume-Uni, règnent en maîtres sur la capitale anglaise. À la tête d’une mafia impitoyable, leur influence paraît sans limites. Pourtant, lorsque la femme de Reggie incite son mari à s’éloigner du business, la chute des frères Kray semble inévitable…

Acteurs : Tom Hardy, Emily Browning, Taron Egerton, Colin Morgan, Christopher Eccleston, Sam Spruell, Mel Raido.

Brian Helgeland, plus connu comme scénariste que comme réalisateur (Payback, 1999 ; Chevalier, 2001), sort du bois !, après s’être attaqué en 2013 à une légende du baseball Jackie Robinson. Avec Legend, il s’attaque à deux légendes, deux frères ou plutôt une légende, celle des frères Kray.

Vous connaissez ? J’avoue de mon côté : non ! Et légende, dans le sens commun, nous entendons « faux », fabulation. D’ailleurs, Brian Helgeland déclare : « La première fois que j’ai entendu parler des Kray, l’histoire qu’on m’a racontée s’est avérée fausse (sic). C’était une entrée en matière des plus appropriées !  ». Cependant, qu’est-ce qu’une légende ? Il est question de la légende d’une photo ou de certains dessins « sans légende ». Dans ce cas, ils « parlent » d’eux-mêmes ! Quand il y a une légende, celle-ci nous aide à comprendre, c’est « ce qu’il faut lire ».

Le réalisateur nous propose donc de relire cette histoire mythique (en tout cas en Angleterre) qui se déroule dans les années 1960. Il s’agit de la cinquième adaptation au cinéma, la plus connue étant celle de Peter Medak en 1990. Les jumeaux Kray étant interprétés à l’écran par les frères Kemp (Gary, 1959 et Martin, 1961). Si selon certains critiques le film de Brian Helgeland n’a pas l’intensité et la densité dramatiques du long métrage de Medak, en revanche, le choix d’acteur pour les frères Kray est remarquable. C’est qu’il s’agit de Tom Hardy qui interprète les rôles des jumeaux Reginald et Ronald. Si le premier était sain d’esprit, le second, en revanche était schizophrène à tendances paranoïaques. Et Tom Hardy excelle à rendre ce personnage tout en excès. C’est une véritable performance qu’il livre à l’écran. Certes le maquillage y est pour quelque chose, mais il y a aussi le talent. Notons aussi que la technique utilisée pour les trucages (principalement le split screen) est invisible à l’écran. « Tom Hardy commençait donc généralement la journée dans le rôle du frère le plus présent dans la scène. Il s’agissait le plus souvent de Reggie, le personnage principal du film aux yeux du réalisateur. Puis, une fois ses scènes achevées, l’acteur passait par le département maquillages et costumes pour se glisser dans la peau de Ron afin de tourner le reste de la séquence. »

Le film a majoritairement été tourné dans des lieux naturels (plus de cent à travers Londres) et n’a eu recours qu’à quelques scènes en studio durant les 50 jours d’un tournage serré, dont 35 avec Tom Hardy. Si la transformation physique de cet acteur « double » est impressionnante, les costumes jouent aussi leurs rôles, mais aussi celui de tous les acteurs et actrices. Une attention a été apportée sur ce point pour les jumeaux. C’est que les documents historiques nous les montrent différents et que l’équipe du film a été très attentive sur ce point. Je ne m’attacherai pas à l’intensité dramatique présente ou pas dans le film. Celui-ci est pour moi, avant tout un film de gangsters. Le producteur Tim Bevan déclare : « Reggie est une sorte de star de cinéma à l’ancienne, genre Steve McQueen, tandis que Ronnie est un personnage plus excentrique, bourré de raison pour laquelle nous sommes tous allés en prison » Tout l’univers que j’avais construit autour des Kray s’effondrait soudain comme un château de cartes. Chris [1] m’a confié qu’à sa mort, Reggie avait cessé de s’occuper des affaires. » D’une histoire « anglaise », le réalisateur et son équipe en ont fait un film de gangsters à l’américaine !

A l’arrivée, cela fonctionne, même si le film doit beaucoup à Tom Hardy. Si l’histoire est vraie, tirée de faits réels, Brian Helgeland, comme réalisateur et comme scénariste (là où il est vraiment compétent et à l’aise), il y a cependant une (très) libre adaptation. Il arrive même qu’un rire nous échappe alors que, paradoxalement, il nous est arrivé de prendre fait et cause pour ces gangsters de légendes qui n’hésitent pas à faire preuve de violence (surtout bien sûr pour Ronnie) parfois gore, voire too much. Et cependant le film ne met pas en scène le mythe qui voudrait « que les frères Kray aient cloué un de leurs rivaux au sol », ni encore le fait qu’ils auraient coupé le doigt d’un associé de Led Zeppelin ! C’est tout le rapport du vrai et du faux que j’ai évoqué plusieurs fois à l’antenne, notamment à propos du film Taxi Teheran de Jafar Panai. C’est d’ailleurs le sens de ce qu’exprime le réalisateur : « Il s’agit de ma version de l’histoire des Kray. Le Londres et l’effervescence des années 60 ont depuis longtemps disparu, tout comme leurs représentants, les jumeaux Kray ; tout cela appartient désormais à la légende. Mais ce qui m’a le plus intéressé dans le fait de porter leur vie sur grand écran, c’était de dresser le portrait des hommes derrière la légende… ». Et le réalisateur a parfaitement réussi, aidé en cela par un véritable « duo » d’acteurs : Tom Hardy et Tom Hardy qui arive(en)t à éclipser les autres acteurs et actrices (y compris Emily Browning !).



Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.11