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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Michel Hazanavicius
Le Prince Oublié
Sortie du film le 19 février 2020
Article mis en ligne le 25 février 2020

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • septième film du cinéaste Michel Hazanavicius et cinquième fois qu’il dirige son épouse Bérénice Bejo ;
  • la musique du film est composée par le Canadien Howard Shore, lauréat de deux Oscar du cinéma, Hazanavicius souhaitant avoir une musique proche de celle des films de Pixar Animation Studios.

Résumé : Sofia, 8 ans, vit seule avec son père. Tous les soirs, il lui invente une histoire pour l’endormir. Ses récits extraordinaires prennent vie dans un monde imaginaire où l’héroïne est toujours la princesse Sofia, et son père, le Prince courageux. Mais trois ans plus tard, quand Sofia rentre au collège, elle n’a plus besoin de ces histoires. Désarmé, son père va devoir accepter que sa fille grandisse et s’éloigne de lui. Dans leur Monde imaginaire, le Prince va alors devoir affronter la plus épique de toutes ses aventures pour conserver une place dans l’histoire.

La critique de Julien

Après plusieurs échecs commerciaux consécutifs dont le drame de guerre « The Search » (2014) et l’histoire passionnelle entre Godard et Wiazemsky à l’issue du tournage du film « La Chinoise » durant les événements de mai 68, avec « Le Redoutable » (2017), Michel Hazanavicius revient à du cinéma familial avec « Le Prince Oublié ». Porté par Omar Sy, ce conte fantaisiste, très inspiré par l’univers de Pixar, est une métaphore du temps qui passe et au travers duquel on voit nos enfants grandir trop vite, sans que l’on ait d’emprise dessus, ni l’opportunité d’être leur prince et princesse à vie, tout en gardant pourtant une place primordiale dans leur existence, mais nuancée avec le temps...

Il est donc question d’un papa célibataire et de sa petite fille Sofia, âgée de huit ans, lequel invente alors chaque soir une histoire pour endormir sa fille, dont il est le prince, et elle la princesse, laquelle se voit sauvée par ce dernier des mains de son ennemi juré, Pritprout (François Damiens). S’évadant ainsi dans le monde imaginaire et enchanté de sa fille en même temps qu’elle rêve, Djibi se rassure en tant que protecteur, et unique prince de sa petite princesse. Mais trois ans plus tard, voilà que Sofia a grandi, et qu’il est maintenant temps pour elle d’aller au collège, elle qui n’a désormais plus besoin des histoires de son papa, et qui porte désormais dans ses rêves son nouveau prince, Max (Néotis Ronzon), un camarade de classe. Djibi va alors tenter le tout pour le tout afin de redevenir le héros de sa fille et de ses rêves, dans l’espoir de ne pas finir aux « oubliettes », c’est-à-dire le lieu où finissent tous ceux qui sont oubliés (comme son nom l’indique), quitte également à se voiler la face dans la réalité, et ainsi forcer ce qui ne devrait pas l’être...

« Le Prince Oublié » met étroitement en scène deux univers distincts, et pourtant extrêmement rapprochés en ce qui concerne l’existence ce père, incapable de se résoudre à lâcher du lest et laisser respirer sa fille, alors qu’elle rentre au collège, quitte à la mettre parfois dans des situations embarrassantes vis-à-vis de ses copains de classe. Pourtant, la faute ne revient pas aux slogans illustrés sur les affiches publicitaires des arrêts de bus (qu’il côtoie tous les jours étant donné qu’il va toujours la rechercher), eux qui essaient en vain de l’aider à ouvrir les yeux, étant donné qu’il est obnubilé par sa chérie. Et on comprend bien sa position, surtout au regard du monde qui l’entoure, et dont il essaie de la protéger, vaille que vaille, mais maladroitement. Rires forcés, torse bombé, Omar Sy incarne ce paternel attentionné et héroïque avec suffisamment de dévouement que pour que l’on croit en lui. Bérénice Bejo incarne quant à elle Clotilde, la nouvelle voisine de palier ; personnage dont on aurait pu se passer dans les grandes lignes car manquant de subtilité dans son écriture. C’est donc bien la complicité, et donc la relation, entre l’acteur et les deux petites actrices interprétant sa fille à différents âges (Sarah Gaye et Keyla Fala, respectivement Sofia à douze ans et à huit ans) qui offre ici au film ses plus belles scènes, malgré l’imaginaire dans lequel baigne majoritairement le film, auquel par contre on a du mal à se satisfaire.

En effet, que ça soit d’un point de vue visuel, qui a ses limites, de ses fondements déjà vus malgré quelques bonnes idées (comme celle d’assimiler le rêve à un plateau de tournage), ou encore de ses personnages secondaires, malheureusement trop confondants avec ceux d’autres films du genre tirés des gros studios d’animation (impossible de ne pas établir de correspondance), et en plus ici assez inexploités, le monde rêvé ne procure que trop rarement la magie attendue, tandis que les va-et-vient incessants entre réalité et imaginaire ne nous permettent pas de nous imprégner avec émotion de cette histoire, la faute aussi à un rythme qui s’affaisse, en parallèle des tentatives du prince à garder le contrôle sur les rêves de sa fille, alors qu’elle n’est pas toujours en train de dormir... Au regard de cela, on a bien du mal aussi à identifier si l’on est véritablement dans la tête de ce père, ou bien dans celle de sa petite fille. Il faudrait donc à notre tour entrer dans le jeu, et en accepter les règles, tel que ce père, vis-à-vis de la liberté qu’il se doit d’offrir à sa fille. C’est donc pour toutes ces raisons que l’idée, et donc le mélange, ne fonctionne ici qu’à moitié.

« Le Prince Oublié » aborde le thème universel du passage à l’adolescence d’un enfant vécu par un parent (sage), et cela par le prisme attendrissant et original d’une fantaisie, laquelle sous-tend un amour inconditionnel pour son auteur envers le cinéma. Mais embourbé dans un univers assez niais, aux effets visuels envahissants, et aux fonctionnalités par toujours bien définies, le film manque de souffle, de légèreté, et de mordant.

https://www.youtube.com/embed/gntyId_b1Ws
Le Prince Oublié - Bande-annonce officielle HD - YouTube

➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes



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