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Jean-Pierre et Luc Dardenne
Le jeune Ahmed
Sortie le 22 mai 2019
Article mis en ligne le 25 mai 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • onzième long métrage des Frères Dardenne, concourant une nouvelle fois au titre de la Palme d’Or au 72e Festival de Cannes, lesquels l’ont déjà remportée à deux reprises (pour Rosetta en 1999, et « L’Enfant » en 2005).

Résumé : En Belgique, aujourd’hui, le destin du Jeune Ahmed, 13 ans, pris entre les idéaux de pureté de son imam et les appels de la vie.

La critique de Julien

Entre les frères Dardenne et le Festival de Cannes, c’est une longue histoire d’amour. De la présentation à la Quinzaine des réalisateurs de leur troisième film « La Promesse » (1996) au sacré de « Rosetta » (Palme d’Or en 1999), de « L’Enfant » (Palme d’Or en 2005), du « Silence de Lorna » (Prix du scénario en 2008), du « Gamin au Vélo » (Grand prix en 2011), jusqu’à la présentation officielle en compétition de leur précédent film « La Fille Inconnue » (2016), on ne peut pas dire que ce festival n’y est pour rien dans la reconnaissance internationale de leur cinéma. Les voilà d’ailleurs cette année une nouvelle fois en compétition avec leur dernier film intitulé « Le Jeune Ahmed », lequel est aujourd’hui l’objet de cette critique. Fidèle à leur style de mise en scène minimaliste, et filmé au plus de leurs personnages, les cinéastes traitent ici de la radicalisation fanatique d’un gamin, couplée avec sa quête identitaire.

Il est alors question (comme le titre l’indique) du jeune Ahmed, lequel est endoctriné depuis quelques temps par Youssouf, l’imam de sa moquée intégriste. Le petit va alors développer un culte aveugle et absolu à sa religion, et inversement une guerre contre tous ceux qui en seront impurs. Alors que la présence d’un père n’est jamais signalée dans sa vie, Ahmed, de part également de son jeune âge, son manque d’expérience et de recul, va littéralement boire les paroles de son séducteur, lequel sait comment s’y prendre pour retourner le crâne, et faire d’Ahmed un nouvel disciple extrémiste d’Allah. Malgré l’inquiétude de son entourage, et même de son professeur, rien n’arrêtera plus Ahmed dans sa quête de rencontre avec le Tout-Puissant.

« Le Jeune Ahmed » suit alors ce personnage pris en étaux par les idéaux de pureté que lui inculque son imam, et les appels de la vie relatifs à son âge. Qu’à cela ne tienne, les frères Dardenne ne développent que très peu la psychologie d’Ahmed, laissant davantage place ici à l’élaboration d’une quête impardonnable du jeune homme, et en sa réalisation, quoi qu’il advienne, tandis qu’il sera placé en conséquence dans un Centre Fermé. Les Dardenne explore alors, mais de l’extérieur, la capacité des (jeunes) radicalisés à ne jamais détourner de leur objectif, malgré l’aide mise en place pour les en éloigner. Bien qu’au travers de l’écriture d’Ahmed, ils laissent une petite place aussi à son incertitude, à sa part d’innocence qui sommeille toujours en lui, mais qu’il se refuse d’écouter, de peur de ne plus être pur à son tour. Autrement dit, si le tonnerre et la brume habitent leur nouveau film, les cinéastes n’en n’oublient pas pour autant l’éclaircie. Mais c’est sans doute à ce niveau-là que « Le Jeune Ahmed » détonne le plus, étant donné le grand écart final scénariste allant à l’encontre de tout ce qu’il avait alors jusque-là renvoyé envers le spectateur. Trop brusque, et mal nuancé, on a alors bien du mal à comprendre ce twist, et dès lors à y croire...

Comme d’accoutumée, les Dardenne posent leur caméra au nez et aux baskets de leur personnage principal, et cela afin d’être au plus près de ses émotions, et de son isolement social. Bien qu’ils parviennent à créer un climat de promiscuité captivant (flirtant parfois avec le thriller) envers Ahmed, le souci, c’est qu’en plus d’être enfermé dans son idée, ce dernier ne s’exprime que trop rarement, ce qui n’aide dès lors pas à créer le contact avec le spectateur. Certes, c’est la volonté assumée du film, mais il en est dès lors peu communicatif. Et puis, la tournure des événements autour de la question de la radicalisation font du « Jeune Ahmed » un film davantage contemplatif que psychologique, lequel pose ses valises plutôt qu’il ne les ouvre, étant donné que le travail d’enrôlement est terminé dès le début du film. L’histoire en conte alors ses suites, et surtout son inéluctabilité. Et force est de constater que ce point de départ, et le cheminement emprunté par le long métrage pour traiter du sujet ne lui permettent sans doute pas de nous en parler comme il aurait pu le faire. À contrario, « Le Jeune Ahmed » n’est jamais moralisateur, et prend parti pour un ton résolument épuré, et focalisé à son tour dans son idée.

Lien vers la critique de Cinécure



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