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CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Michaël R. Roskam
Le fidèle
Sortie le 4 octobre 2017
Article mis en ligne le 9 septembre 2017

par Charles De Clercq

Synopsis : Lorsque Gino rencontre Bénédicte, c’est la passion. Totale. Incandescente. Mais Gino a un secret. De ceux qui mettent votre vie et votre entourage en danger. Alors Gino et Bénédicte vont devoir se battre envers et contre tous, contre la raison et contre leurs propres failles, pour pouvoir rester fidèles à leur amour ?

Acteurs : Matthias Schoenaerts, Adèle Exarchopoulos, Sam Louwyck, Kerem Can, Stefaan Degand, Jean-Benoît Ugeux, Corentin Lobet.

Nous avions beaucoup apprécié Rundskop le premier film de Michaël R. Roskam, de même que le deuxième The Drop (Quand vient la nuit), tout comme nous apprécions l’acteur Matthias Schoenaerts. Autant dire que nous n’avions aucune inquiétude pour ce troisième film. Et pourtant, à l’arrivée, c’est plutôt une déception ou, pour être positif, une insatisfaction. Et ce n’est pas notre fait à nous, elle est partagée par nombre de critiques. Pour le côté anecdotique, il y avait énormément de monde lors de la vision presse et un grand groupe de jeunes néerlandophones (une école de cinéma ?) dont nous avons vu la plupart consulter l’heure sur leur smartphone à partir des deux cinquièmes du film ! Ce n’est pas le jeu des acteurs : Matthias Schoenaerts est impeccable et arrive même à rendre son personnage plus juvénile, plus vulnérable et fragile que le costaud musclé auquel nous sommes habitué. Il excelle donc dans ce rôle de Gigi amoureux de Bibi (Adèle Exarchopoulos), qui n’hésite pas à se dévoiler au spectateur. Signalons aussi, Thomas Coumans, qui, s’il n’est pas crédité sur IMDB, joue le rôle du jeune frère de Bibi. Nous avions eu le plaisir de recevoir ce jeune acteur sur nos antennes et son jeu ici, confirme tout le bien que nous en pensions alors. En fait, c’est plutôt du côté du scénario que cela coince.

le film est construit en trois parties précédées d’un prologue (non spécifié) qui permet de voir un enfant (que l’on comprendra plus tard être Gigi) dans une scène qui le confronte à un chien. Cela permet de comprendre plus tard la réaction phobique de Bibi qui entrainera bien des malheurs. Les trois parties sont intitulées : Gigi, Bibi, et « Pas de fleurs ».

Il est donc question du secret de Gigi. En réalité, lorsque Bibi lui demande quelle est la chose qu’il ne confiera à personne, il lui dit être un gangster et attaquer des banques. Le secret est donc dévoilé, mais elle n’en croit rien. Nous découvrons donc à la fois la vie qui s’annonce amoureuse de Gigi et de Bibi et, la vie de casseur avec une bande de potes dont l’un est un peu frapadingue. Bibi, elle est pilote de course. Le film oscille entre drame, psychodrame, romance, film de braquage et de course de voiture sans exceller dans l’un ou l’autre genre. La vie de braqueur, Gigi veut la quitter par amour pour Bibi... mais ses complices ne veulent pas. L’on se doute bien qu’il y aura de gros problèmes. Cela va très vite mal finir, après un casse qui se veut impressionnant (avec une grue au-dessus d’un pont d’autoroute ou de route importante), mais qui parait bien irréaliste et où l’on à une séquence de gunshot sans désemparer. Cela finit ainsi, avec l’arrivée d’une policière inattendue et infiltrée qui était en une amie de Bibi, le tout avec beaucoup d’ellipses, lorsque l’on passe au deuxième volet, Bibi ! L’on se dit alors « génial », nous allons avoir une partie qui présente les faits du côté de la belle héroïne. Un peu comme ce fut le cas dans le film The Disappearance of Eleanor Rigby : Him & Her (Ned Benson, 2014). Hélas, il n’en sera rien. Nous assisterons à la suite de l’histoire, avec le procès de Gigi, une grossesse de Bibi et surtout des problèmes de santé qui n’en finissent plus. Chaque fois que l’on croit qu’elle a atteint le fond, le scénario ajoute une pierre pour noyer un peu plus l’héroïne. Ajoutons qu’elle est soutenue par sa famille qui l’aime beaucoup, mais qui n’étant pas très chaude pour la liaison avec Gigi, va l’aider jusqu’au bout, jusqu’au plus insensé, après le mariage, les déboires et l’emprisonnement, parce que bien sûr, la famille, c’est sacré, quoiqu’il en coûte. La troisième partie : « pas de fleurs » nous fait descendre encore un peu plus dans le (mélo)drame. La perte du bébé, un cancer, une libération conditionnelle qui tourne mal, un décès, une évasion, un gang de mafieux albanais (ou du genre), des combats de chiens, un cimetière... La totale dans la descente aux enfers d’un homme amoureux et meurtri. C’est un peu trop : te veel is te veel écrirait-on dans la langue de Vondel !

Et c’est probablement un des principaux reproches que l’on peut faire au film (si l’on fait abstraction d’un scénario alambiqué et invraisemblable), c’est son bilinguisme. Certes, cela fait belgitude assumée, des images, nombreuses, de Bruxelles et permet d’avoir une actrice française ne parlant pas le flamand (mais devenue bilingue bien entendu dans le film). Il eut mieux valu un film flamand, tourné à Anvers. Ici, ce bilinguisme fait et est factice. Sans compter que, par exemple, pour le procès : il paraît avoir lieu dans une chambre bilingue (cela existe à Bruxelles ?), correctionnelle (à trois juges), mais il semble que l’on voie un jury [ce serait alors une cour d’Assises bilingue, qui se tient quelques semaines après les faits (à savoir le meurtre d’un policier qui justifie le fait que cela ne soit pas traité en correctionnelle)].
En gros, sans être mauvais, le film est trop elliptique, le scénario manque de vraisemblance et ne trouve pas vraiment son style entre romance et film de gangsters.

Lien vers la critique de Julien Brnl



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