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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Jon Favreau
Le Roi Lion / The Lion King
Sortie du film le 17 juillet 2019
Article mis en ligne le 24 juillet 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • seuls James Earl Jones (la voix de Mufasa en VO), le compositeur de la musique du film Hans Zimmer, les cœurs africains de Lebo M, Sir Elton John et le parolier Tim Rice reviennent pour cette adaptation live, 25 ans après le film d’animation original, tandis que Jean Reno est aussi de retour dans le rôle de Mufasa en version française ;
  • seconde adaptation d’un classique animé Disney pour Jon Favreau après « Le Livre de la Jungle » (2016) ;
  • de la bande-originale d’origine, récompensé d’un Oscar, seuls cinq titres sont repris : « L’Histoire de la Vie », « L’Amour Brille Sous les Étoiles » d’Elton John, « Hakuna Matata », « Je Voudrais être Roi » et « Soyez Prêtes ! » (mais pas dans son entièreté) ;
  • 25 ans après sa sortie dans les salles, le film a été diffusé pour la première fois en clair à la télévision sur M6 le 15 juillet 2019 dernier ;
  • pour célébrer la sortie du film, Beyoncé a produit un album inspiré par le film, et intitulé « The Lion King : The Gift », lequel est sorti une semaine après la bande-originale officielle.

Résumé : Au fond de la savane africaine, tous les animaux célèbrent la naissance de Simba, leur futur roi. Les mois passent. Simba idolâtre son père, le roi Mufasa, qui prend à cœur de lui faire comprendre les enjeux de sa royale destinée. Mais tout le monde ne semble pas de cet avis. Scar, le frère de Mufasa, l’ancien héritier du trône, a ses propres plans. La bataille pour la prise de contrôle de la Terre des Lions est ravagée par la trahison, la tragédie et le drame, ce qui finit par entraîner l’exil de Simba. Avec l’aide de deux nouveaux amis, Timon et Pumbaa, le jeune lion va devoir trouver comment grandir et reprendre ce qui lui revient de droit.

La critique de Julien

Sorti il y a maintenant 25 ans au cinéma, « Le Roi Lion » est aujourd’hui encore considéré par beaucoup comme le classique absolu du catalogue de Disney, voire comme un chef-d’œuvre de l’animation. Pour tous ceux qui sont nés dans les années 1990 et ses débuts, le film fait même partie intégrante de leur enfance, étant donné l’impact émotionnel et culturel qu’a reflété le succès du film sur cette génération.

Largement inspiré de l’œuvre d’Osamu Tezuka « Le Roi Léo » (1951) et « d’Hamlet » (1603) de William Shakespeare, le film a vu naître deux suites sorties directement en vidéo - le DVD n’existait pas encore ! - avec « Le Roi lion 2 : l’Honneur de la Tribu » (1998) et « Le Roi lion 3 : Hakuna Matata » (2004), ainsi que deux séries télévisées dérivées, « Timon et Pumbaa » (1995-1998) et « La Garde du Roi Lion (depuis 2016, et toujours en production), sans oublier une comédie musicale créée à Broadway en 1997, actuellement en tournée mondiale. Et puis, on a tous au moins possédé un produit dérivé du film, tel que l’album Panini »Le Roi Lion" (on a encore le nôtre - voir en commentaire), avec ses autocollants numérotés, et retraçant au fil des pages l’histoire du film et ses moments forts.

Quelle ne fut donc pas notre surprise d’apprendre que Disney, dans sa politique de revisite de ses classiques, allait mettre en boîte un remake du « Roi Lion », après les succès colossaux de « Maléfique » (2014), « La Belle et la Bête » (2017) ou encore de « Aladdin » (2019), et d’autant plus réalisé par Jon Favreau, à qui l’on doit justement le triomphe du « Livre de la Jungle » (2016).

En tant que fan absolu du film de Roger Allers et Rob Minkoff, on aurait dès le départ pu être offusquer que Disney ose toucher à un seul poil de la crinière du « Roi Lion », de même que l’on peut toujours s’interroger sur la nécessité de leur démarche, outre que pour une question d’argent. Mais il n’en fut pourtant rien, dans le sens où nous redonner la possibilité de redécouvrir/nous remémorer l’histoire de Simba, et ainsi permettre à la nouvelle génération de la découvrir, est un cadeau que seul le septième art peut nous offrir. Et puis, entre nous, on avait entièrement confiance en Jon Favreau, lui qui s’est énormément investi dans la conception du film, qui révolutionne pour l’occasion le monde du cinéma d’animation.

« Le Roi Lion » nouvelle version suit donc l’histoire de Simba, ce jeune lion qui doit assumer son rôle de roi légitime sur la Terre des Lions, à la suite du meurtre de son père Mufasa, commis par son oncle Scar. Sans prise de risques, les créateurs du film ont préféré jouer la carte de la fidélité au dessin-animé, lui qui reprend ainsi plan par plan les scènes originelles, tout en se permettant quelques nouveautés bienvenues. C’est d’ailleurs le premier point fort du film, soit celui de rajouter des scènes qu’il manquait sans doute au dessin-animé, et qui permettent ici de créer astucieusement des liens entre différentes séquences, et de renforcer ainsi certains thèmes développés. De même, la place des lionnes, et en particulier celle de Sarabi (la compagne de Mufasa, et maman de Simba), est plus appuyée, notamment dans sa position de résistance face à Scar, ou encore lors du combat final.

Outre que pour l’aspect nostalgique, le visuel, absolument bluffant, est sans doute la seconde raison d’aller voir ce film. Après des voyages en Afrique pour étudier le comportement des animaux, l’équipe a réalisé de nombreuses prises de vues réelles pour s’en inspirer pour les décors du film, tels qu’au Kenya pour la Terre des Lions, en Californie, en Ethiopie et dans le parc national de Yellowstone pour le Cimetière des Éléphants, ou encore en Namibie, dans le canyon de Sesriem, pour la scène dramatique que l’on connaît tous. Techniquement, « Le Roi Lion » est une prouesse sans précédent, où tous les animaux paraissent plus vrais que nature. Et c’est parfois assez perturbant de découvrir avec quel réalisme Jon Favreau et son équipe ont pu donner vie à cette nature totalement réalisée en images de synthèse, et cela des couleurs aux textures, en passant par les comportements animaliers. Mais d’un autre côté, c’est en cette optique de réalisme que le film perd la folie débridée du dessin-animée, notamment lorsque nos héros se mettent à pousser la chansonnette. Ne vous attendez donc pas à revivre, par exemple, la pyramide animale de Simba et Nala lorsqu’ils chantent avec Zazou sur le titre « Je Voudrais Déjà Être un Roi ». Ici, tout est calqué dans un univers sauvage photo-réaliste. Il y a donc moins de vitalité dans ce film que dans son modèle, alors qu’il se veut pourtant plus rapproché de la vraie vie.

Voilà qui est donc plutôt contradictoire ! D’un autre côté, c’est un parti-pris qui est intéressant à voir, et qui donne une autre vision du film. Mais il en demeure que l’émotion passe moins que celle du dessin-animé, étant donné qu’un animal faussement réel exprime moins que celui qui est dessiné et animé à la main. Cela n’empêche que certaines scènes (en particulier celle où Simba parle à l’esprit son père, dans le ciel) réussissent à nous donner les frissons, et les larmes aux yeux, elles qui sont, il faut le dire, toujours bien aidées par une bande-originale intacte.
Toujours composée et arrangée par l’immense Hans Zimmer, tandis que Elton John se charge des chansons et Tim Rice des paroles, « Le Roi Lion » nous touche en plein lorsqu’il nous rejoue ses célèbres partitions qui ont bercé notre enfance. On a ainsi la chance de réentendre « L’Histoire de la Vie », « Hakuna Matata », ou encore « Soyez Prêtes ! ». Pourtant, cette dernière, qui n’apparaît d’ailleurs pas dans son entièreté, a failli passer à la trappe. En effet, la scène en question où Scar chante sur sa falaise fait au départ allusion à Adolf Hitler et au film de propagande nazie « Le Triomphe de la Volonté » (1935), Scar prenant alors la place d’Hitler et les hyènes, marchant au pas de l’oie, celle des SS et SA. Par peur de maladresse en dénonçant le nazisme, le studio a longuement hésité à inclure cette chanson. Mais c’est sans compter sur la réponse colère des fans. Dès lors, une version raccourcie, et visuellement éloignée de celle du dessin-animé est à découvrir ici, laquelle procure tout de même son effet, notamment par le doublage de Michel Lerousseau (déjà entendu dans « Coco », lequel doublait Ernesto de la Cruz), même s’il ne rivalise en rien avec la voix charismatique du regretté Jean Piat. Pour le reste du travail, Jean Reno, Anne Sila (pour ne citer qu’eux), mais surtout Jamel Debbouze et Alban Ivanov font le job. D’ailleurs, leurs personnages, Timon et Pumbaa, sont extrêmement réussis, eux qui affichent un immense capital humoristique, tout en étant en plus mignons tout plein !

Faut-il donc concrètement voir « Le Roi Lion » ? Inévitablement en famille, et cela est une certitude, tant la magie et la beauté brillent sous les étoiles de son fabuleux visuel. Certaines images sont ainsi uniques, et on ne mâche pas nos mots ! De plus, le soin apporté au matériel de départ est respecté, et cela est une belle preuve de l’amour que porte Jon Favreau pour le film de 1994, lequel ne peut dès lors emporter que notre approbation. Par contre, il est évident que l’impact émotionnel ne sera pas aussi fort que celui que nous avons jadis ressenti pour la personne qui découvrira l’histoire de Simba pour la première fois aujourd’hui, via ce remake. En effet, si la technologie utilisée est absolument grandiose, elle possède aussi ses propres limites, et ne permet pas (encore) de refléter la justesse des mots et des sentiments évoqués. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas le fantôme de Mufasa qui rôde par-delà ces nouvelles images, mais bien celles du dessin-animé tout entier, que l’on ne peut s’empêcher de se rappeler à la moindre image de ce « Roi Lion ». C’est bien là la preuve que la transposition et la puissance d’évocation sont réussies, tout comme elles ne suffisent pas à nous faire oublier son modèle, qui fait partie, lui, de l’histoire de notre vie. Longue vie au roi !



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