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James Mangold
Le Mans 66 / Ford v Ferrari
Sortie du film le 13 novembre 2019
Article mis en ligne le 23 novembre 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • adaptation du livre « Go Like Hell : Ford, Ferrari, and Their Battle for Speed and Glory at Le Mans » d’A. J. Baime (2010) ;
  • Tom Cruise et Brad Pitt devaient initialement tenir les deux rôles principaux du film, sans que cela ne puisse finalement se faire.

Résumé : Basé sur une histoire vraie, le film suit une équipe d’excentriques ingénieurs américains menés par le visionnaire Carroll Shelby et son pilote britannique Ken Miles, qui sont envoyés par Henry Ford II pour construire, à partir de rien, une nouvelle automobile qui doit détrôner la Ferrari à la compétition du Mans de 1966.

La critique de Julien

Fan ou non de courses automobiles et de bolides lancés à toute vitesse, « Le Mans 66 » aura tout pour vous plaire. Revenant sur la célèbre rivalité entre Ford et Ferrari pour la domination de la course d’endurance au Mans et ses acteurs de l’ombre, ce divertissement efficace est une grosse cylindrée, adaptée d’une incroyable histoire vraie, et romanisée comme il se doit.

Pour le contexte, on est au début des années 1960, et Ford Motor Company connaît des problèmes financiers. Henry Ford met alors la pression à ses employés pour trouver des solutions. Le vice-président Lee Iacocca, suggéra alors de relancer la marque via la compétition automobile, et d’étendre la présence de Ford dans le sport automobile général, et aux 24 Heures du Mans en particulier. Il sera alors envisagé que Ford rachète Ferrari, également à court d’argent. Mais la rencontre avec Enzo Ferrari tournera au fiasco, Fiat lui proposant un contrat plus lucratif, lui permettant en plus de conserver la propriété de Scuderia Ferrari. Insultant envers la marque américaine et son patron, « il Commendatore » ne s’imaginera pas qu’il vient d’allumer un feu vif et ardent. En effet, Ford II décidera vaille que vaille de mettre fin à la domination de Ferrari au Mans (la marque italienne ayant remporté la course six fois de suite entre 1960 et 1965). Lee Iacocca fera alors appel au seul champion américain ayant remporté la course en 1959 : Caroll Shelby (Matt Damon), désormais retiré de la course en raison d’un problème cardiaque, mais propriétaire et constructeur, et en particulier de moteurs V8, chargé alors de construire une voiture capable d’éjecter Ferrari dans les courses de classe GT. Shelby remarquera et engagera alors à son tour Kent Miles (Christian Bale), un ingénieur, mécanicien et pilote britannique ayant fait la guerre, afin de devenir pilote d’essai (et principal de Shelby-American en 1963), et concourir au Mans. Miles, en plus de ses talents de coureur, aidera aussi Shelby à notamment développer la GT40 Mk... Pourtant, son caractère bien trempé et ses excès de colère ne plairont pas trop au sein de Ford, et surtout à l’exécutif de Ford, Leo Beebe...

Tel que Ron Howard mettait en images avec passion la rivalité entre les deux pilotes de Formule 1 James Hunt et Niki Lauda dans son film « Rush » (2013), James Mangold (« 3:10 To Yuma », « The Wolverine », « Logan ») parvient à réhabiliter les heures de gloire de l’écurie Ford aux 24 heures du Mans 1966, et surtout les dessous de cette triple victoire, et ses véritables responsables, dont Caroll Shelby et son acolyte Kent Miles. « Le Mans 66 » revient alors longuement sur la relation de travail et d’amitié (grossie) qu’entretenaient les deux hommes, et l’évolution du pilote chez Ford, lui qui y était sans y être... Mis en scène sans temps-mort, et pourtant long de près de deux heures et trente minutes, le cinéaste réussit à filmer avec beaucoup de savoir-faire autant l’intime que le spectacle. Et on aurait tendance à l’oublier, et pourtant Kent Miles a joué un rôle clef dans cette course au triomphe de 1966, lui qui a d’ailleurs remporté la même année la course de Daytona, partageant la Ford GT Mk II avec Lloyd Ruby, puis les 12 Heures de Sebring.

Fidèle à la véritable histoire, tout en y prenant quelques libertés de l’ordre du sensationnel ou du sentimental, « Le Mans 66 » divertit autant qu’il touche (quel beau final !), et impressionne par sa reconstitution américaine des sixties. D’ailleurs, le cinéaste et son équipe artistique parviennent tellement à nous y immerger que le gouffre entre l’Amérique et l’Europe (décors, façon de vivre, etc.) lors de l’arrivée de l’équipe en France est phénoménal. Bref, on a vraiment affaire là à un bel objet d’époque ! Ainsi, les amoureux de voitures seront aux anges lorsqu’ils apercevront la Shelby Cobra ou encore la Mustang GT350, mais surtout lorsque viendra la dernière partie du film, soit près de trois-quarts d’heure haletants sur la piste du Mans.

Reflétant la rivalité entre Ford et Ferrari avec beaucoup d’humour de bonne guerre, le film est aussi porté par d’excellents acteurs, en commençant par Matt Damon, mais surtout Christian Bale, qui lui vole quelque peu la vedette. Une fois de plus métamorphosé depuis son précédent film « Vice » (sorti début d’année chez nous), l’acteur n’est plus l’acteur, il est Kent Miles (intronisé à titre posthume au Temple de la renommée de l’Amérique du sport automobile en 2001). Mais la collaboration entre les deux hommes gagne en intensité tout le long du film, de là à réussir à nous atteindre là où l’on ne l’aurait pas l’imaginer ! Le reste du casting n’est pas en reste, et parvient à vivre face à ces mastodontes du cinéma, tels que les acteurs Jon Bernthal (Lee Iacocca), Caitriona Balfe (Mollie Miles) ou encore Tracy Letts (Henry Ford II).
Ainsi, si vous ne connaissez pas le dénouement de cette histoire (comme nous avant de l’avoir vue), ainsi que les coulisses et coups-bas pas toujours glorieux de cette course de Mans 66, alors n’allez pas vous renseigner avant, et laissez-vous conduire par ce film !

Palpitant, et doté en plus d’une bande-originale et d’un travail du son exemplaire, le long métrage de James Mangold en a sous le capot. Certes classique en termes de mise en scène, et ne se concentrant finalement que sur l’une des facettes de la victoire de Ford à cette célèbre course automobile, « Le Mans 66 » prend le temps de freiner et d’accélérer au cours de son récit pour mieux le nuancer.



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