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Les critiques de Julien Brnl
Le Grand Bain
Réalisateur(s) : Gilles Lelouche
Article mis en ligne le 7 novembre 2018

par Julien Brnl

➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 24 octobre 2018

Signe(s) particulier(s) :

  • premier long métrage en solo pour le comédien, scénariste et réalisateur Gilles Lelouche, lui qui avait jusque-là co-réalisé « Narco » il y a quatorze ans (avec Tristan Aurouet), ainsi que le sketch intitulé « Las Vegas » (avec Jean Dujardin) faisant partie intégrante du film « Les Infidèles » sorti en 2012 ;
  • Vanessa Paradis avait été initialement annoncée dans le rôle de Claire (l’épouse de Bernard, joué par Mathieu Amalric), qui est finalement revenu à Marina Foïs ;
  • les acteurs se sont entraînés pendant sept mois, à raison d’une ou deux fois par semaine, notamment avec Julie Fabre, ancienne entraîneuse de l’équipe de France de natation synchronisée olympique, et cela afin d’exécuter les figures imposées, excepté celles où les jambes sont à l’extérieur de l’eau, réalisée par des doublures ;
  • présenté en Sélection officielle hors compétition au Festival de Cannes 2018 ;
  • tout comme le film britannique « Regarde les Hommes Nager » d’Oliver Parker, « Le Grand Bain » s’inspire de l’histoire vraie d’un club suédois.

Résumé : C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins, aujourd’hui alcoolique, et Amanda, une sportive paraplégique. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée, en vue des championnats du monde organisés en Norvège... Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie...

La critique de Julien

Depuis sa présentation hors compétition au dernier Festival de Cannes, le premier film de Gilles Lellouche attire notre curiosité. Et pour cause ! "Le Grand Bain est une comédie sociale au casting très éclectique (et donc excitant), puisqu’on y retrouve notamment Benoît Poelvoorde, Marina Foïs, Guillaume Canet, Virginie Efira, Jean-Hugues Anglade, Philippe Katerine, Leïla Bekhti ou encore Mathieu Amalric !

Avouez que ce n’est pas tous les jours qu’un film réunit une telle brochette d’acteurs venus d’horizons si différents, habitués en plus à porter des films à eux-seuls !
Mais rassurez-vous, pas besoin de retenir sa respiration devant ce « feel-good movie » croisé entre « The Full Monty » et « Rasta Rocket », bien inscrit dans des problèmes sociétales actuelles. À l’inverse, c’est même une jolie bouffée d’oxygène.

Inspiré d’une histoire vraie, « Le Grand Bain » raconte le récit pour le moins original de huit bras-cassés qui vont retrouver la foi en la vie en pratiquant la natation synchronisée masculine, en marge (par la suite) aux championnats du monde organisés dans cette discipline... Pourquoi pas ! Évidemment, ce quête sportive est signe de revanche sur la vie de ces gaillards en perte de vitesse, lesquels retrouveront par celle-ci la force qui les habitait jadis.

Fort de personnalités aussi attachantes que drôles, le film de Gilles Lellouche déploie le portrait plus ou moins fouillé d’hommes et de femmes essuyant toutes sortes d’échecs, autant professionnels que sentimentaux, tout comme des problèmes de santé, ou d’argent. S’il s’oriente principalement autour de cinq personnages (Laurent, Marcus, Bertrand, Simon et Thierry), ce scénario écrit à trois mains brille par la cohésion qui se dégage des individus en question, et la richesse des dialogues, écrits par Lellouche lui-même. Certes, le profil de tout en chacun n’est pas très recherché en soi, mais la profondeur des différents rôles touchent, et reflètent avec justesse comment une vie peut être égratignée dans le monde d’aujourd’hui. Un handicap, une indépendance aux substances, un parent malade, le chômage, la solitude, un enfant qui ne croît plus en son paternel, une entreprise au bord de la faillite (etc.), rien n’est à peu près épargné à ces amoureux du maillot de bain. Mais le film ne tombe jamais dans la caricature, et propose même quelques envolées très émotives.
Tandis qu’il est moins rigolo qu’attendu (tout est dans l’interprétation et les répliques), « Le Grand Bain » met un peu de temps à se mettre en place, et à installer ses nombreux personnages et leurs enjeux personnels. Mais le plongeon du spectateur dans ces vies démantelées en vaut définitivement la chandelle. Lellouche aime plus que tous ses personnages, et cela se transcende à l’écran. Et puis, qu’est-ce qu’on aime les voir se taper dessus, avant de se (sup)porter l’un et l’autre, et d’exécuter, en synchronisation, un nouveau départ dans leur vie.

Avec « Le Grand Bain », Gilles Lellouche réussit un film choral sur l’estime de soi et sur le combat intérieur de gens ordinaires, qui parviennent dès lors à sortir la tête de l’eau, et cela par le partage et le goût de l’effort. Le résultat est plus vrai que nature, et on ne doute pas une seule seconde qu’il n’a pas du toujours être évident de calibrer cette bande d’acteurs hauts en couleur ! Alors chapeau ! Enfin, bonnet, devrait-on dire...



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