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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Nicolas Steil
Le Chemin du Bonheur
Sortie du film le 22 juin 2022
Article mis en ligne le 28 juin 2022

par Julien Brnl

Genre : Comédie dramatique, historique

Durée : 115’

Acteurs : Simon Abkarian, Pascale Arbillot, Django Schrevens, André Jung, Michel Vuillermoz, Eric Caravaca, Héléna Noguerra...

Synopsis :
Enfant, Saül échappe à la Shoah grâce au kindertransport lui permettant de passer de Vienne à Bruxelles. Quarante ans plus tard, il y est propriétaire d’un restaurant Delicatessen dédié au 7ème art où se croisent des personnages aux histoires singulières et joyeuses. Alors qu’il pense avoir surmonté ses traumatismes, il fait la rencontre d’Hannah et s’implique dans le projet cinématographique de l’un de ses amis ; deux événements qui le replongent dans son passé d’enfant caché et le confrontent à des souvenirs profondément enfouis.

La critique de Julien

Depuis son film premier inédit intitulé « Réfractaire » (2011), le producteur, distributeur, scénariste et metteur en scène de théâtre Nicolas Steil n’avait plus réalisé de film. Au travers de son second, « Le Chemin du Bonheur », ce dernier adapte l’histoire de son ami et « papa de cinéma », Henri Roanne-Rosenblatt, lequel lui a permis, il y a une trentaine d’années, de prendre les commandes d’une partie du Programme MEDIA de la Commission Européenne. Roanne-Rosenblatt lui avait alors raconté au cours des longues soirées qu’ils ont passées ensemble son histoire d’enfant juif et autrichien, pendant la guerre, lequel a publié, en 2013 une fiction semi-autobiographique, « Le Cinéma de Saül Birnbaum », de laquelle s’inspire ici de film.

L’intrigue débute parallèlement en 1987 et en 1938. Dans cette comédie dramatique et historique, Simon Abkarian incarne un Juif, Saül, ayant échappé à la Shoah, lequel s’est totalement réinventé une vie. Ce dernier est d’ailleurs aujourd’hui le généreux patron d’un Delicatessen, soit une épicerie fine où il fait bon vivre, suivant le modèle amélioré d’un lieu de restauration rapide américain. Et en tant que cinéphile absolu maîtrisant un grand répertoire de répliques de film, tout en étant une anthologie de l’histoire juive, ce dernier s’adonne volontairement en spectacle devant sa clientèle, laquelle joue alors le jeu, tel en improvisation théâtrale (ce que permet d’ailleurs la conception architecturale du lieu). C’est d’ailleurs en cet endroit très « cabaret », et pour le moins singulier, que se déroule une grande partie de l’intrigue, ou en tout cas lorsque le film ne retourne pas en arrière, étant donné qu’on y découvre également l’histoire d’un petit garçon, David, et de sa mère, tandis que ces derniers tentent de quitter Vienne, près de cinquante ans plus tôt. Mais alors que la mystérieuse projectionniste du cinéma Galeries de Bruxelles, Hannah, jouée par Pascale Harbillot, franchira la porte de son établissement, Saül décidera d’aider le fils d’une de ses serveuses, soit un jeune réalisateur chilien en devenir, lequel souhaite écrire un film sur l’enfance de Saül. Ces deux événements vont alors le confronter à son passé « d’enfant caché »...

« Le Chemin du Bonheur » construit son récit autour du deuil du passé, son personnage principal étant de plein fouet rattrapé par des réminiscences de sa prime jeunesse, tandis que sa rencontre amoureuse le forcera à passer au-dessus d’une forme de rancœur, en quête de résilience, et donc de paix intérieure. Nicolas Steil nous parle alors de la question très douloureuse et difficile du pardon chez les êtres abîmés et meurtris, essentielle pour les aider à trouver l’apaisement, et donc la légitimité d’être heureux. Outre ces thèmes assez durs, mais racontés sous le prisme de la légèreté, « Le Chemin du Bonheur » est une véritable déclaration au cinéma, la danse et le chant faisant également partie intégrante du quotidien de l’histoire de cet homme, Saül, s’étant réfugié, très jeune, dans le septième art, afin d’y trouver une raison d’échapper aux horreurs qu’ils a vécues.

Réalisé avec peu de moyens, le film de Nicolas Steil souffre malheureusement d’une mise en scène qui en manque, tandis que le montage du film, désuet, ne permet pas toujours une fluide cohésion entre les époques traversées. Aussi, bien que les acteurs apportent beaucoup de vie et de fraîcheur à leurs personnages, leurs jeux ne sonnent pas toujours justes, la faute sans doute à une approche un brin trop théâtrale dans la manière de raconter cette histoire d’amour impossible et d’abandon, à la fois de ceux qui sont là pour nous aimer inconditionnellement, de soi, et de ses douleurs enfouies.



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