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CINECURE
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Fabien Marsaud & Mehdi Idir
La vie scolaire
Sortie le 28 août 2019
Article mis en ligne le 27 août 2019

par Charles De Clercq

Synopsis : Une année au cœur de l’école de la république, de la vie... et de la démerde ! Samia, jeune CPE novice, débarque de son Ardèche natale dans un collège réputé difficile de la ville de Saint-Denis. Elle y découvre les problèmes récurrents de discipline, la réalité sociale pesant sur le quartier, mais aussi l’incroyable vitalité et l’humour, tant des élèves que de son équipe de surveillants. Parmi eux, il y a Moussa, le Grand du quartier et Dylan le chambreur. Samia s’adapte et prend bientôt plaisir à canaliser la fougue des plus perturbateurs. Sa situation personnelle compliquée la rapproche naturellement de Yanis, ado vif et intelligent, dont elle a flairé le potentiel. Même si Yanis semble renoncer à toute ambition en se cachant derrière son insolence, Samia va investir toute son énergie à le détourner d’un échec scolaire annoncé et tenter de l’amener à se projeter dans un avenir meilleur...

Acteurs : Zita Hanrot, Alban Ivanov, Liam Pierron, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly.

Voilà que le deuxième film de Mehdi Idir et Fabien Marsaud tombe à point nommé pour la rentrée scolaire puisqu’il sort sur les écrans lors de la dernière semaine de congé. Ils avaient réalisé il y a deux ans, un film extraordinaire Patients. Un premier long métrage qui était centré sur la vie, la reprise en mains, ou plutôt la lente remise sur pieds (avec des séquelles) d’un jeune homme dans un centre de revalidation. C’était l’histoire vraie et émouvante de Fabien Marsaud, tétraplégique qui va se relever.
Ce sera le lieu de naissance de celui qui deviendra le slameur Grand Corps Malade !

Celui-ci remet l’ouvrage sur le métier avec son complice Mehdi Idir, puisant dans leurs jeunes années. Pour Mehdi Idir, « c’est une période charnière qui nous a beaucoup marqués. Mais nos souvenirs datent des années 90. Il a fallu se remettre dans le bain, aller sur place pour observer. » tandis que Fabien Marsaud ajoute : « pour autant, on savait que des scènes vécues en 1994 pouvaient sonner justes en 2019. Certains de nos proches bossent dans l’éducation. Et moi j’ai animé des Ateliers Slam dans des collèges. On avait remarqué qu’il y avait des constantes. »

Ni totalement fiction, ni vraiment documentaire, le film tient cependant des deux, avec beaucoup de justesse, car créant une « histoire », en la narrant sous forme de fiction, il puise dans la mémoire de ses réalisateurs - en particulier Mehdi Idir -mais aussi des acteurs et actrices, en particulier les jeunes. Le récit se déploie sur une année et met en scène l’évolution d’une classe, des professeurs, avec comme pivot, comme point focal, une CPE (conseillère principale d’éducation). Elle insuffle aux jeunes pas vraiment motivés et aux enseignants qui ne le sont plus quelque chose qui les mène à se transcender.

Plusieurs « modèles » (ou plutôt types) de personnages sont donnés à voir, dans leurs rêves, leurs fragilités, leurs découragements, tant du côté des enseignants que des enseignés. Le film n’est pas plombant, il n’est pas caricatural, mais montre les difficultés d’enseigner et d’être enseigné. Le comment vivre en banlieue ! Nous sommes dans un établissement scolaire du 93. Ce chiffre même ferait se désespérer d’enseigner et d’y être élève avant même de commencer. Et pourtant à l’image du documentaire A voix haute - La force de la parole de Stéphane De Freitas et Ladj Ly, dont nous écrivions à l’époque:que c’était « un film à voir de toute urgence. (Qu’il fallait) l’annoncer à voix haute sur les toits du 9-3, mais pas que ! (Qu’il s’agissait d’) un plaidoyer pour la parole, pour ce « pouvoir »... qui nous permet d’être humains. »

Ici aussi, c’est la conviction profonde qu’il y a quelque chose à faire, ou plutôt qu’il faut « agir » (au sens où l’entendait Hannah Arendt, en 1958, dans La Condition de l’homme moderne), malgré le découragement et les tentations d’abandonner, de tout laisser tomber. La vie scolaire le fait avec beaucoup de justesse et de respect pour ses protagonistes, mais aussi pour les spectateurs qui pourront prendre plaisir à voir un film construit et scénarisé de façon intelligente, laissant place à un certain suspens, à la surprise dans l’évolution des personnages durant un an. Sans compter l’implication des jeunes acteurs qui ont probablement puisé dans leurs ressources personnelles, offrant, dans une démarche probablement cathartique pour certain·e·s, un jeu criant de vérité.

Occasion ensuite, à défaut le le faire en famille, de débattre de ce film en classe après l’avoir vu. L’on ne saurait trop conseiller aux enseignants de programmer une « scolaire » dans un cinéma qui propose de telles visions.

Lien vers l’interview des réalisateurs par Canal+

https://www.youtube.com/embed/j7tbEZudWqc
LA VIE SCOLAIRE Bande Annonce # 2 (2019) Grand Corps Malade, Comédie Française - YouTube


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