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Christophe Hermans
La Ruche
Sortie du film le 01 juin 2022
Article mis en ligne le 13 juin 2022

par Julien Brnl

Genre : Drame

Durée : 81’

Acteurs : Ludivine Sagnier, Sophie Breyer, Mara Taquin, Bonnie Duvauchelle, Tom Vermeir...

Synopsis :
Du plus loin qu’elles s’en souviennent, Marion Claire et Louise ont toujours vécu au rythme des joies et de la douleur d’Alice, leur mère. Aujourd’hui, elles n’ont plus que leur amour à opposer à cette spirale destructrice dans laquelle Alice sombre chaque jour davantage. Un amour infini, aussi violent qu’indicible. D’après le roman de Arthur Loustalot.

La critique de Julien

Après avoir réalisé cinq courts métrages de fictions et six documentaires, le cinéaste Christophe Hermans, né à Namur, passe pour la première fois le cap du long métrage, avec « La Ruche », qui est une libre adaptation du roman (2013) éponyme d’Arthur Loustalot (publié aux Éditions Jean-Claude Lattès), dans lequel il est question de l’emprise d’une mère malade envers ses enfants, lesquels étouffent, et vont chercher à s’en libérer, tout en protégeant celle qu’ils aiment.

Alors que le romancier racontait au travers de son livre comment il avait dû porter la maladie de sa mère, tout en se transposant en fille dans son récit, Christophe Hermans nous immisce dans le microcosme familial d’une mère bipolaire (Ludivine Sagnier) et de ses trois filles (Sophie Breyer, Mara Taquin, Bonnie Duvauchelle), au sein d’un quasi-huit-clos, dépassant alors ici l’idée du film de scénario pour celui du jeu d’acteur, et en l’occurrence ici d’actrices. Il est en effet principalement question ici de ça, dans ce premier film, porté, illuminé par quatre femmes, lesquelles livrent ici d’intenses émotions, et se mettent à nu.

Sans jamais citer la maladie qui touche cette maman, afin de ne pas l’enfermer dans une case, et éviter les clichés, Hermans permet d’une part à Ludivine Sagnier d’interpréter un rôle à contre-emploi, et d’autre part de révéler trois formidables et jeunes interprètent, dont Bonnie Duvauchelle, qui n’est autre que la fille de l’actrice principale, née de sa relation passée avec l’acteur Nicolas Duvauchelle. Mais c’est surtout la puissance de jeu de Mara Taquin (vue récemment dans le film « Rien à Foutre » de Julie Lecoustre et d’Emmanuel Marre) et l’intense retenue de Sophie Breyer (vue dans la série « La Trêve »), dans le rôle des ouvrières de ladite ruche, qui touchent ici, au travers de ce drame familial, dans lequel des enfants tentent de protéger leur mère, refusant de se résoudre à l’évidence, quitte à passer en second plan, à s’éteindre, afin de préserver ainsi l’unité de leur fragile cocon familial, déjà fracturé par le départ du père (Tom Vermeir), ayant davantage les yeux en face des trous. Voir ainsi ces jeunes demoiselles opposer leur amour pour leur mère à la spirale destructrice à laquelle elle les confronte est ici troublant, tandis que le cinéaste embrasse deux manières différentes de filmer ses interprètes, au regard justement de leur position. Sa caméra est, en effet, tantôt intrusive, face aux émotions adolescentes mises à rude épreuve et, l’instant d’après, distancielle, permettant d’observer, d’analyser cette maman, profondément malade, instable, tout en ne nous permettant pas de la juger. Cette mise en scène, intimiste et sombre, permet alors d’appuyer cette rude cohabitation féminine, et l’amour tempétueux, mais indestructible, qui unit ses protagonistes, lequel porte ce premier film – sensible - sur ses épaules.



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