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Julius Avery
L’Exorciste du Vatican
Sortie du film le 26 avril 2023
Article mis en ligne le 3 mai 2023

par Julien Brnl

Genre : Horreur

Durée : 103’

Acteurs : Russell Crowe, Franco Nero, Daniel Zovatto, Alex Essoe, Ralph Ineson...

Synopsis :
Inspiré des dossiers réels du père Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican, le film suit Amorth dans son enquête sur la possession terrifiante d’un jeune garçon et finit par découvrir une conspiration vieille de plusieurs siècles que le Vatican a désespérément essayé de cacher.

La critique de Julien

Le nom de Gabriele Amorth ne vous dit peut-être rien. Pourtant, il s’agit d’un des plus célèbres des exorcistes du diocèse de Rome (de 1986 jusqu’à sa mort en 2016), lequel a fondé l’Association internationale des exorcistes, tout en ayant pratiqué des milliers d’exorcismes. Après le documentaire « The Devil and Father Amorth » (2017) que lui avait consacré le cinéaste William Friedkin (auteur du célèbre film d’horreur « L’Exorciste » sorti en 1973), lequel a permis, avec l’autorisation exceptionnelle du Saint-Siège, de filmer un exorcisme, c’est aujourd’hui Hollywood qui s’empare de son nom, et en l’occurrence de ses mémoires, « An Exorcist Tells All » (1999) et « An Exorcist : More Stories » (2002). Réalisé par l’Australien Julius Avery, à qui l’on doit le curieux film de zombies nazis « Overlord », « L’Exorciste du Vatican » met en scène l’acteur Russell Crowe dans la peau du prêtre paulinien, catholique italien, dans un film d’horreur grandiloquent dont la production a commencée il y trois ans, pour finalement aboutir trois années plus tard, après moult révisions. Pas de bon augure, nous direz-vous...

L’intrigue débute alors en 1987, alors qu’Amorth, en tant qu’exorciste personnel du Pape (ce qu’il n’a jamais été), pratique un (soi-disant) exorcisme sans l’autorisation de ses supérieurs, ce qui lui causera des ennuis avec le tribunal de l’Église catholique. Qu’importe, le Pape (Franco Nero) le chargera de se rendre en Espagne, dans une mystérieuse et ancienne abbaye fondée du temps de l’Inquisition espagnole, héritée par une veuve (Alex Essoe) et ses deux enfants américains, que sont Amy, une ado rebelle (Laurel Marsden), et son frère cadet Henry (Peter DeSouza-Feighoney), muet depuis la mort accidentelle de leur père des suites d’un accident de voiture, dans lequel le jeune garçon était passager. Dans le but de retaper la demeure et de la revendre au plus offrant, la famille va pourtant avoir la mauvaise surprise de réveiller un démon aux intentions bien particulières, lequel va commencer par posséder le plus faible d’entre eux, Henry...

Sans surprise, « L’Exorciste du Vatican » coche à peu près toutes les cases du film d’horreur du genre dans lequel il s’inscrit. La scène d’exorcisme classique d’une victime possédée par un démon ne nous est ainsi pas épargnée, avec tous les stéréotypes qui vont avec, comme le lit qui lévite, les blasphèmes et intimidations démoniaques, les prières et autres symboles et objets catholiques utilisés pour repousser le mal (ici la Médaille de Saint-Benoît, la Médaille Miraculeuse), les chapelets au mur qui se retournent, les portes qui claquent, ou encore le vent qui balaie tout sur son passage, lequel parvient même à souffler Russell Crowe et sa soutane ; c’est dire ! Or, ce dernier fait plutôt rire dans la peau dudit prête, lequel est aidé ici dans son combat par le jeune père local Esquibel (Daniel Zovatto), qui ne connaît évidemment rien à la pratique de l’exorcisme, eux qui devront tous deux chasser leurs démons intérieurs avant de vaincre celui qui les met ici au défi, lui qui veut s’en prendre au Vatican...

Alors qu’il ne fait aucunement peur, et pêche même par manque de rythme, le film de Julius Avery s’offre cependant un ton condescendant bienvenu, étant donné la forte personnalité du père Amorth campée par l’acteur néo-zélandais, lequel ne manque par d’humour, lui qui se déplace d’ailleurs, l’air de rien, en vespa. Quelques répliques et dialogues étonnent alors par leurs ruptures de ton, Amorth se permettant du second degré pendant qu’un gamin crache des abominations avec une voix caverneuse si caractéristique au cinéma des démons et autres consorts. Malheureusement, cette bouffée d’oxygène n’est qu’une courte échappatoire pour le spectateur au sein de ce film d’horreur sans aucune originalité ni réalisme, lequel se termine dans le sensationnalisme, sortant l’artillerie lourde d’effets spéciaux laids et peu crédibles. On en regrette ainsi, par exemple, le maquillage de Linda Blair dans « L’Exorciste », et la peur viscérale d’entrer dans la chambre de son personnage possédé. Mais là n’est pas l’ambition de « L’Exorciste du Vatican » (et des grands studios), préférant la surenchère, et salissant ouvertement les mémoires du Père Amorth. En effet, au même titre que les époux Warren chez Warner Bros. Pictures, Sony Pictures tiennent là une nouvelle poule aux œufs d’or, même si le film de Julius Avery a bien mieux fonctionné hors des États-Unis. Mais ses recettes semblent être suffisantes, étant donné qu’une suite est déjà en préparation, tandis que Russell Crowe, en quête d’argent, devrait être de retour, avec - évidemment - son affreux accent italien. Affaire (classée) à suivre...



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