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Diederik Van Rooijen
L’Exorcisme de Hannah Grace / The Possession of Hannah Grace
Sortie le 2 janvier 2019
Article mis en ligne le 9 janvier 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • Diederik Van Rooijen est un réalisateur hollandais qui signe ici sa première incursion à Hollywood ;
  • premier long métrage tourné intégralement avec le Sony Alpha 7S II, un appareil photo plein format à objectifs adaptables...

Résumé : L’ex-policière Megan Reed a perdu son poste suite à une arrestation qui a mal tourné. En cure de désintoxication dans un hôpital de Boston, elle accepte un poste d’agent d’admission dans la morgue de l’établissement. Une nuit, elle reçoit le cadavre de Hannah Grace, une jeune femme décédée 3 mois plus tôt suite à plusieurs exorcismes ratés. Mais l’esprit démoniaque qui a pris possession de son corps n’a pas disparu et l’amène à commettre plusieurs meurtres qui vont mettre les nerfs de Megan à rude épreuve.

La critique de Julien

L’année commence plutôt mal avec ce soi-disant film d’horreur. Enfin, voyons-là le côté pratique de la chose, puisque l’on tient déjà ici l’un des grands prétendants aux pires films de l’année !

Alors qu’il pompe à grosses doses l’angoissant et mystérieux « The Jane Doe Identity » (2016) d’André Øvredal, « L’Exorcisme de Hannah Grace » tente maladroitement de nous ressortir une énième déclinaison de ’L’Exorciste". Dès la scène d’ouverture, nous avons ainsi droit à une scène digne d’une parodie à ce classique de William Friedkin, sorti en 1973. On y découvre alors un exorcisme qui ne tourne non pas à l’eau bénite, mais bien au vinaigre, lequel causera le décès de la victime possédée, Hanna Grace. Mais malgré sa mort, l’entité démoniaque continuera à habiter le corps de l’hôte... C’est alors Megan Reed qui en fera les frais, une ex-policière déchue en pleine cure de désintoxication, et ayant accepté un poste d’agent d’admission dans la morgue à l’hôpital de Boston, elle qui s’occupera justement du cadavre assez mutilé de Hanna, tandis que des phénomènes étranges se produiront durant son examen, et notamment la régénérescence du corps...

Avant d’aller plus loin, arrêtons-nous quelques instants, et penchons-nous sur les motivations de la demoiselle. Elle possède une drôle de façon à elle de se reconstruire après son drame vécu, et son combat quotidien contre les substances. Qui accepterait, en effet, d’aller travailler auprès de cadavres, du jour au lendemain, pendant la nuit, et seule, soi-disant dans la nécessité de se retrouver avec soi-même, et de se prouver que l’on peut réaliser l’impensable comme acte salutaire ? Franchement, on a bien du mal à croire à cette grosse ficelle scénaristique, d’autant plus que l’écriture du personnage peine à lui donner de l’épaisseur. Malgré des flash-back, l’intrigue a du mal à revenir sur son dramatique passé, tout comme à développer son mal-être psychologique actuel, et dès lors à susciter l’empathie (sans parler des seconds-rôles, inexistants). Cette jeune demoiselle semble en plus faire tout ce qu’il ne faut pas faire, ce qui a tendance à énerver. Et ce n’est rien face à l’incapacité du scénario à rebondir sur cet exorcisme échoué, prétexte aux pérégrinations dans un hôpital d’un démon affamé, ayant cependant le temps de revenir à chaque fois dans son compartiment mortuaire comme si de rien n’était. Et autant dire que Megan l’ouvrira quelque fois, et à intervalles parfois très courts !

Si la tension n’est jamais à son comble dans « L’Exorcisme de Hannah Grace », c’est aussi la faute à une histoire qui tourne en rond et patauge dans la semoule, pour ne finalement pas raconter grand chose. Car Megan Reed aura ainsi beau prévenir ses gentils et prévoyants collègues d’autres services qu’il se trame quelque chose avec ce corps, les phénomènes paranormaux qu’elle décrira seront sans cesse remis sur le compte de sa dépendance et des conséquences de son traitement. Malheureusement pour eux, il sera trop tard lorsqu’ils comprendront qu’elle n’avait pas tort, avant de se faire zigouiller en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Sans pourtant donner suite à ces différences disparitions, le film tente alors de nous effrayer, mais sans jamais y parvenir. Au contraire, on rigole devant ce dédale bordélique, et profondément imbécile.

« L’Exorcisme de Hannah Grace » pèche également par sa réalisation assez fade, non-aidée par l’utilisation d’effets numériques dépassés, et une inoccupation de l’espace mis à disposition, dans un décor pourtant richement anxiogène. Mais les coups de grâce viennent certainement du montage, sans queue ni tête, et d’un travail du son relégué en second plan, lequel nous empêche toute immersion, et nous laisse béatement sur notre siège, en train de bâiller.



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