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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Terrence Malick (2014)
Knight of Cups
Sortie le 16 septembre 2015
Article mis en ligne le 22 août 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : Rick est un esclave du système hollywoodien. Il est accro au succès, mais en même temps le vide de son existence le désespère. Le monologue intérieur de Rick fusionne avec les voix des femmes qui croisent son chemin, des femmes qui représentent les différents principes de la vie : une vit dans le monde réel, l’autre incarne la beauté et la sensualité. Quel chemin choisira Rick ?

Acteurs : Christian Bale, Natalie Portman, Cate Blanchett, Teresa Palmer, Imogen Poots, Joe Manganiello, Joel Kinnaman, Jason Clarke, Joel Kinnaman, Freida Pinto, Antonio Banderas, Isabel Lucas.

NB : Ma note dépasse et sort du cadre de mon échelle de cotation. Elle témoigne ainsi de son caractère émotionnel, voire irrationnel.

 Merveilles, merveilles que fit Malick ! [1]

Autant je suis fan ou je croyais être fan de Malick, autant son avant-dernier film « To the Wonder » (A la merveille) m’avait surpris, décontenancé, à tel point que j’avais écrit sur un forum, en juin 2013 : « Et, finalement, je suis déçu (et je me suis ennuyé à plusieurs reprises) ! Une impression que Malick fait du Malick, comme une mauvaise parodie de lui-même ! Certes les images sont belles, les couleurs de Malick (semblables parfois à celles des Moissons du ciel), l’éclairage et la lumière (proches de L’Arbre de vie) ne dépaysent pas ! (...) Une narration encore plus éclatée que sa Palme d’Or ! Mais surtout, le film me paraissait comme constitué à 60% de chutes et de bouts d’essais de The Tree of Life, qu’il s’agisse d’images sous l’eau, sur terre ou dans les airs ! En fait, il ne manquait quasiment que les dinosaures et les images cosmiques ! »

 Un film sans histoire(s) ?

Je puis dès lors comprendre aujourd’hui l’immense déception de nombreux de mes confrères (certains sont aussi des amis dont j’apprécie les critiques et jugements). C’est donc un point de vue éminemment subjectif que je vais formuler sans aucune intention de convaincre ou de faire changer d’avis. En d’autres jours j’aurais pu avoir une réaction totalement négative d’autant que Knight of Cups va plus loin encore que les autres films et qu’il donne l’impression d’être un condensé de « Malick » !

C’est un peu comme si l’on avait enlevé des films précédents tout ce qui n’était pas tropisme et/ou tics de Terrence Malick et que l’on avait sacrifié sur un improbable autel la règle attribuée à Clouzot : « Quelles sont les trois choses qu’il faut pour faire un bon film ? 1. Une histoire. 2. Une histoire. 3. Une histoire ! »

C’est que Knight of Cups est un film sans histoire ! Le synopsis lui-même (voir en tête de cet article) me paraît un leurre. Il est formulé selon les canevas classiques où il y a des personnages et des choses qui leur arrivent au fil du temps.
En réalité, il n’en est rien. A ce titre... le titre et la référence au tarot ne nous aideront pas. Même si nous en connaissons les arcanes et le nom des cartes qui sont autant d’inter.... titres qui semblent autant d’inter...ruptions ou de ruptures d’une narration qui n’existe pas !
En effet, Malick filme des humains, des objets, des bâtiments, la nature.
La plupart du temps, il utilise un grand-angle avec une très grande profondeur de champ.
Cela se traduit par le fait que l’avant-plan et l’arrière-plan sont confondus. Dans la majorité des cas, il n’y a pas une focalisation sur un élément particulier, un acteur. Ici, il y a des acteurs et des actrices qui sont en mode « impro ».
C’est comme s’il n’y avait pas de scénario, pas de plan, pas d’histoire, pas de dialogues prévus. Ceux-ci sont d’ailleurs peu nombreux.
La seule chose qui semble donner sens aux images à défaut de construire un récit, c’est la voix « off ».

 Une voix sans récit !

S’il y a bien une chose constante chez Malick, c’est l’utilisation de la « voix off ». Il a recours à ce que Michel Chion appelle la « narration décentrée ». Il s’agit d’une voix off qui «  ne recoupe pas exactement ce qu’on voit et manifeste une connaissance des faits différente et désaxée par rapport au récit qui se déroule sous les yeux du spectateur. » (cf. Wikipedia)

Nous avons coutume de découper notre univers en récits. La littérature et le cinéma nous en donnent de très nombreux exemples. Le « nouveau roman » va bousculer cela. « En 1963, Alain Robbe-Grillet réunit les essais sur la nature et le futur du roman. Il y rejette l’idée, dépassée pour lui, d’intrigue, de portrait psychologique et même de la nécessité des personnages ». « Le nouveau roman se veut un art conscient de lui-même. La position du narrateur y est notamment interrogée : quelle est sa place dans l’intrigue, pourquoi raconte-t-il ou écrit-il ? L’intrigue et le personnage, qui étaient vus auparavant comme la base de toute fiction, s’estompent au second plan, avec des orientations différentes pour chaque auteur, voire pour chaque livre. » (source : Wikipedia)

A la même époque (1963), Chris Marker réalise La jetée, son célèbre film expérimental : moins d’une demie-heure d’images fixes [2] où la voix du narrateur est fondamentale. Il y a certes une « histoire », mais elle ne fait sens que grâce à la narration et à des instants figés, un roman photographique qui se présente comme un film, mais en désagrège la continuité des images, fixées, en principe, à 24 par seconde.

Aujourd’hui Malick va au bout d’une logique que le spectateur découvre depuis Badland : des images et une voix off qui fait passer le récit et la narration au second plan, puis à l’arrière-plan jusqu’à le faire quasiment disparaître. Si dans The Tree of Life il y avait encore un semblant de récit « construit », même s’il naviguait entre passé et présent en appelant le cosmos et la « Nature » à la rescousse comme témoins, le récit commence à se déliter dans To the Wonder pour (quasiment) disparaître dans Knight of Cups.

 Un récit pour jeter des ponts !

Durant mes études de théologie, certains cours étaient suivis par des séminaristes et par des laïcs. Un jour (je raconte une histoire donc !), une étudiante senior interpelle un professeur qu’elle trouvait trop « théorique » [3] et lui demande d’être plus « concret » ! Ce à quoi il répond : « Si je comprends bien, madame, vous me demandez, d’abstraire quelque chose du réel, de l’y soustraire, pour le mettre en évidence ! » Il précisait même que ce qui était « évident » était si proche des yeux que l’on était dans une zone de flou parce qu’il était difficile d’accommoder la vision !

Pour construire une histoire, nous choisissons donc des circonstances, des « occasions » dans ce que nous définissons comme le « réel » pour les « relier » et leur donner un sens. En même temps, nous en supprimons d’autres. Ainsi, en principe on ne montrera pas certaines « actions » à l’écran, par exemple déféquer [4] ou un acte sexuel réel, sauf à être dans le registre pornographique et à faire polémique dans un film qui ne l’est pas ou prétend ne pas l’être comme Love. Il y a donc un arbitraire culturel à choisir/exclure des événements-circonstances-occasions dans le cours de la « réalité » pour rendre compte de celle-ci [5]. Mais nous entrons alors dans le domaine d’une construction et du faux. C’est un thème qui me touche beaucoup et je relève souvent que dans des films où les vrais protagonistes « jouent » leur histoire « vraie », cela sonne faux !

 Le vrai et le faux !

A contrario, le faux est parfois l’occasion de dire une « Vérité ». Ainsi, dans Taxi Teheran, Jafar Panahi crée un faux documentaire pour dire une « vérité » sur son pays ; il en est de même dans Le challat de Tunis où la réalisatrice crée un documenteur pour parler d’histoires vraies en Tunisie. On trouvera une thématique analogue chez Kiarostami dans Close-Up qui recrée fictivement une situation vécue ; par exemple lorsque Abbas Kiarostami, dans la reconstitution du procès, interroge Hossain Sabzian en lui demandant : « Est-ce que vous jouez maintenant ? » ou lorsque Mohsen Makhmalbaf intervient dans les dernières séquences du film.

En somme en retirant un instant du réel pour le monter en images, en sons, en textes, je le sors de la réalité. A ce titre, Close-Up me paraît très éclairant dans le souci d’Abbas Kiarostami de rendre compte du réel avec une mise en abime en miroirs multiples où, dans les bonus du DVD, lors d’une interview du principal protagoniste, Hossain Sabzian, celui-ci explique comment il a été « affecté » par le film - interview qui est elle-même miroir et mise en abime du récit. Même en ne bougeant pas la caméra le lieu de placement de celle-ci est à lui seul une prise de position (littéralement aussi donc !).

 Les évangiles et l’histoire de Jésus

Je vais faire un détour par un domaine qui est en « principe » de ma compétence. Les récits bibliques et les évangiles en particulier. Pour beaucoup de catholiques, les miracles sont une « preuve » de la divinité de Jésus. Ainsi, a contrario, il en reste quelque chose dans un film comme Le tout nouveau testament de Jaco Van Dormael qui nous montre la fille de dieu faire des « miracles », tels la multiplication des pains (ici des sandwiches !) et la marche sur l’eau !

Cliquez pour lire (Lecture facultative !)

Je ne crois pas que les Évangiles, pas plus que les textes bibliques, sont une « preuve » (au sens judiciaire du terme). Ils ne valent que dans la mesure où on leur donne un statut dans une histoire humaine singulière, pour un temps donné et pour des gens particuliers. On ne peut imposer les récits bibliques comme universels ni comme opposables aux tiers.
Je reprendrais l’expression du philosophe et théologien Pierre-Jean Labarrière, de mémoire : nous faisons « vrais » ces récits, en les disant « vrais » ET en les vivant « vrais ». En « réalité », ils sont, pour nous, Occidentaux du XXe et XXIe siècle, une grammaire et un vocabulaire qui permettent de dire et donner (un) sens. Mais ils ne sont « opérationnels » que pour ceux et celles qui utilisent ces grammaire et vocabulaire.

Nous lisons donc les Évangiles comme une histoire, avec un début et une fin : la naissance et la mort de Jésus. Nous dirions « diachronique » en linguistique.
Il nous semble assez clair que Jésus est né à Bethléem, qu’il est mort à Jérusalem, qu’il a été baptisé par son cousin Jean-Baptiste ; que sa vie dite publique a duré trois ans ; qu’il est mort à trente-trois ans, après avoir institué le sacerdoce le jeudi saint et été trahi par Judas ; qu’il est monté au ciel 40 jours après sa résurrection.
Nous le voyons parler en paraboles, faire des miracles. Nous arrivons à le suivre sur son itinéraire que l’on reconstitue en terre dite « sainte ». Et pourtant tout cela est une construction littéraire (sans tenir compte du fait que beaucoup mélangent allègement les 4 évangiles pour en faire une seule « histoire » sainte !) qui est tout sauf un récit « historique » et « journalistique » !

Prenons l’exemple du baptême, en signalant au passage que celui du Baptiste ne fait pas de Jésus un bon petit chrétien (Jésus naît et meurt juif). Voici donc, dans l’ordre de composition [6] :

  • Chez « Marc » : Jésus se fait baptiser par Jean. Le récit est « neutre ». Le « ciel » confirme la chose de manière symbolique. On est presque dans une théologie « adoptianiste » : Jésus, homme, humain comme vous et moi est « adopté » par Dieu à ce moment-là.
  • Chez « Matthieu » : Jésus est baptisé par Jean. Le récit devient polémique : discussion pour savoir qui est le plus important/grand. Même « adoption » (si l’on tient compte que le récit de l’enfance est « ajouté » et correspond à une autre problématique.
  • Chez « Luc » : Jésus est baptisé par on ne sait qui, après l’arrestation du Baptiste. Le climat de controverse est toujours présent. On ne voit pas Jésus « être baptisé », mais seulement « baptisé » ! Même « adoption ». Le récit de l’enfance, ajouté également, est incompatible avec celui de Matthieu et l’(es) auteur(s) présente(nt) Jésus et Jean comme « cousins »...
  • Chez « Jean » : Le baptiste ne connaît pas Jésus (qui devrait être son cousin !) ; il ne baptise pas Jésus. Jésus n’est même pas baptisé, semble-t-il !

.
Je suppose que plusieurs auront été surpris des décalages et divergences entre ces « histoires » bien connues même par ceux qui ne sont pas concernés par la religion chrétienne...

 Comme !

Et pourtant, ces récits évangéliques - déjà si dissemblables dans leur souci de rendre compte de quelque chose - font apparaître à certains endroits la difficulté de transmettre une expérience par le biais du langage (et donc d’une histoire... ou pour le dire de façon contemporaine, par du « cinéma » !). Ainsi pour le baptême, la mention d’une colombe. Tout le monde « voit » la colombe et la représenterait peut-être même dans un film. Et pourtant les textes ne disent pas « une colombe », mais « comme » une colombe. De même, au Cénacle, pour le don de l’Esprit-Saint en « langues de feu », le texte dit « comme ». C’est que le langage s’épuise à se dire dans une « histoire » qui ne peut être dite, qui ne peut être montrée.

Dans le registre poétique, on songera à Paul Eluard (L’amour et la poésie, 1929 [7]) dans le premier verset de La terre est bleue : « La terre est bleue comme une orange ». [8]

Il y a quelques années, un confrère prêtre, aujourd’hui décédé, me disait, au moment de prendre sa retraite, qu’il avait tenté pendant des décennies de transmettre un message en se conformant aux formes habituelles du cadre religieux qui était celui de sa religion et de sa profession. Il faisait le constat, douloureux pour lui, que le message n’était pas passé malgré son respect des conventions. Il ajoutait que passant désormais sur un autre versant de sa vie, il allait s’abstraire de ces règles et conventions et parler « vrai » autrement. Je ne puis que songer à cet ami prêtre après avoir vu le dernier Malick qui abandonne toutes les règles, les formes, et les conventions de la narration.

 Malick donne à voir et à entendre !

Le réalisateur ne nous donne ni à boire ni à manger. Nous ne serons pas nourris et/ou désaltérés par une belle histoire, avec un début, un milieu et une fin. Certes nous retrouvons des acteurs dont certains sont très connus et l’on se doute qu’ils ont eu beaucoup de joie de travailler avec et pour Malick même pour risquer de ne pas apparaître dans le film où d’être réduit à la portion congrue lors du montage. Je n’ai pas de peine à imaginer que certains de ces hommes et femmes qui ont l’habitude de prêter leurs corps pour qu’un réalisateur en exprime une histoire ont pu, d’une certaine manière, « déifier » M. Mallick. Ce dieu-là serait donc un potier et ils seraient la glaise entre ses mains... mais pour nous donner quoi alors ?

Pour nous donner à voir et à entendre ! Non pas une histoire, mais des circonstances, des occasions. Au premier tiers du film, une voix fait entendre : « Il n’y a pas de principe, mais des circonstances ». J’entends, moi : il n’y a pas de règle, mais aussi pas de présupposé, il n’y a que des événements, des occasions, des instants. Malick les capte, les fait virevolter : humains, ciel, eau, mer, bâtiments, nuages, comme un enfant qui s’enthousiaste de tant de merveilles devant ses yeux. Il nous montre cela sans privilégier un plan par rapport à l’autre (comme je l’écrivais ci-avant, en utilisant souvent un grand-angle et une grande profondeur de champ). L’humain n’est pas au centre, il est partie prenante. Il ajoute la musique et les voix off. Elles m’apparaissent ici jouer le rôle du soleil dans l’hymne d’Edmond Rostand (Ô Soleil ! toi sans qui les choses ne seraient que ce qu’elles sont !). Et donc « Musique et voix off, vous sans qui cela (humains, nature, bâtiments, mer,...) ne serait que ce qu’il est ».

 Deus sive natura ?

S’agissant de Malick, il arrive de faire référence à certains philosophes américains. Pourquoi pas ! Mais aussi à une certaine religiosité, au New Âge, au christianisme ! On a parlé de panthéisme. Son dieu serait-il celui de Spinoza, se donnant à connaître dans la Nature ?

Je n’ai pas cette impression. A voir notamment le plan du tremblement de terre. Il n’y a pas ici une Nature belle divine et bonne ! La terre, la nature tremble ici et affecte le temps qu’il faut des occasions, des événements, ni plus, ni moins. Nature ni bonne, ni mauvaise : c’est ainsi. Cela vient et s’en va.

Tout au plus pourra-t-on dire que le dieu de Malick est de l’ordre du panenthéisme (« Dieu » n’est pas le monde, mais il est dans le monde). D’un certain côté, on rejoindrait ainsi des intuitions de la théologie du Process [qui rejette l’anthropocentrisme (biblique)]. La lecture de la note n’est pas indispensable [9] ! Mais tout homme, qu’il s’appelle Malick ou Woody Allen ne fait pas toujours de la haute philosophie et peut avoir des « impensés », comme je le relevais dans ma critique du film Le tout nouveau testament. Somme toute, le dieu de Malick n’est peut-être pas fondamentalement différent du dieu Poelvoorde chez Van Dormael ! Chez ce dernier, dieu est celui qui fait des règles pour emmerder le monde tandis que pour Malick, « dieu » ou le divin est celui qui te donne des épreuves en « cadeau ». Autrement dit : pas d’épreuves ou de souffrance, ce n’est pas un cadeau...pas plus que ne l’est celui proposé par la femme de dieu - Yolande Moreau - sur fond de broderies. Certes c’est exprimé de façon plus fine ou plus élégante chez Malick, mais cela part des mêmes façons « humaines » de penser, pour le dire autrement : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu pour mériter cela ? ». Ce à quoi Malick répond par son film. Aux questions que (s) posent les humains, ses images nous montrent qu’ils ne se détachent pas d’un monde dont il sont partie intégrante et dont il ne peut s’abstraire ni s’absoudre. Il semble bien que pour le moment, Malick abandonne la dimension cosmique pour rester aux frontières terrestres, aux lisières, à cette zone sur la plage où l’eau rencontre le sable où se touchent deux univers antagonistes et qui pourtant sont intrinsèquement liés.



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