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Taiki Waititi
Jojo Rabbit : L’humour ne nous pose pas de lapin
Sortie du film le 29 janvier 2020
Article mis en ligne le 3 février 2020

par Delphine Freyssinet

Point particulier : Il s’agit d’une adaptation du roman Le ciel en cage (Caging Skies) de Christine Leunens.

Synopsis : Allemagne, Seconde Guerre Mondiale. Johannes Betzler, dit Jojo, 10 ans, s’est inventé un ami imaginaire. Super pratique, quand on est souvent livré à soi-même - sa mère travaille et son père est sur le front - et qu’on est maltraité par ses camarades du camp des jeunesses hitlériennes. Super pratique, sauf que son ami imaginaire s’appelle Adolf Hitler.
Sa vie va être remise en question quand Jojo découvre que sa mère, Rosie, cache une jeune fille juive, Elsa, dans le grenier.

Il faut être de bien mauvaise foi pour craindre que ce film « n’humanise » Hitler et le rende sympathique, car tout est fait, au contraire, pour en marquer la distance.
Remarquez, Roberto Begnini, avait reçu la même volée de bois vert avec « La vie est belle ».
Ici, Hitler n’est qu’une baudruche boursouflée, ridicule qui ne peut absolument pas être prise au sérieux. Rien que la scène de baignade nous donne envie de clouer le bec à tout fanfaron par un Ton Fuhrer en slip de bain à la pistoche (pour changer de la classique insulte - en vogue en france, ces dernières années - ta mère en short)
Les scènes d’ouverture, couplées aux images d’archives, montrent effectivement la fascination qu’il a exercée sur les foules - ne pas l’admettre serait du pur négationnisme. Mais depuis quand rappeler un fait historique équivaut à le cautionner ?
Le début du film permet aussi de redonner le contexte : les petits allemands étaient tous embrigadés dans les jeunesses hitlériennes dès l’âge de 10 ans. Mais enfin ! Ils s’y rendaient comme ils seraient allés chez les scouts !
Et c’est justement comme ça que Taika Waititi le filme, ce camp de jeunesses hitlériennes : comme le pire camp scout possible, de quoi s’étrangler de honte avec son insigne de louveteau. Alors, pour la fascination nauséabonde qui pourrait s’exercer sur le spectateur, on repassera.
Les seconds rôles sont ultracaricaturaux à souhait : Sam Rockwell en nazillon raté, alcoolique, homosexuel est excellent.
Il s’agit d’une farce volontairement outrée, et la bande-son pop rock de qualité - les Beatles, Tom Waits, David Bowie - apporte une touche de plus au côté décalé.
Mais « Jojo Rabbit » n’est pas seulement une farce, c’est aussi un conte initiatique, un film sur la perte de l’enfance. Ce n’est pas pour rien que les couleurs du film rappellent l’esthétisme de l’univers de Wes Anderson.
Roman Griffin Davis incarne parfaitement toute la candeur, l’innocence, la peur panique de l’abandon et l’égoïsme un peu cruel de Jojo.
On comprend d’ailleurs qu’il tombe amoureux d’Elsa : Thomasin McKenzie est époustouflante dans ce rôle de jeune juive désabusée.
Mention très bien à Scarlett Johansson en mère faussement légère, elle est parfaite ; c’est même elle qui équilibre le film. D’où le petit coup de mou quand son personnage n’apparaît plus.
Alors oui, parfois, la mise en scène est un peu répétitive, un peu didactique. Mais c’est pour mieux nous faire plonger dans cette histoire.

Si Jojo Rabbit n’a pas la puissance de « La vie est belle », il n’en reste pas moins un feel-good movie.
Et si ça peut permettre de parler de l’horreur du nazisme pendant le souper familial, ce n’est pas mal aussi.

https://www.youtube.com/embed/OAwFAX3668c
😂 JOJO RABBIT Bande Annonce VOSTFR (2020) - YouTube


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