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CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

David Robert Mitchell (2014)
It Follows
Sortie le 25 mars 2015
Article mis en ligne le 15 mars 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : Pour Jay, 19 ans, l’arrivée de l’automne annonçait une saison d’école, de garçons et de weekends au bord du lac. Mais après une expérience sexuelle apparemment anodine, elle se retrouve confrontée à d’étranges visions et l’inextricable impression que quelqu’un, ou quelque chose, la suit. Face à cette malédiction, Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire à la menace qui semble les rattraper...

Acteurs : Maika Monroe, Keir Gilchrist, Daniel Zovatto, Olivia Luccardi, Jake Weary, Linda Boston, Heather Fairbanks, Ruby Harris, Lili Sepe.

Le film est déjà sorti en France (le 4 février) et il est à ce jour en tête des votes de préférence des membres du forum DVDClassik auquel je participe régulièrement. Il est également présenté comme un film d’horreur, genre qui n’est pas celui vers lequel je me tourne spontanément. Vu la façon dont le film est perçu dans l’Hexagone, il me fallait donc vaincre mes appréhensions et prendre mon bâton de pèlerin afin de rendre compte de ce film sur les antennes de RCF. Après tout, cela fait partie de mon job !

Alors qu’en est-il qui vaille une cotation mitigée (disons 70/100 !) ? Tout de go, il faut reconnaître que la bande-son et le cadrage sont flippants. Le son, surtout et parfois trop, trop fort, trop explicite. Mais pourquoi pas ? Ce qui m’a déstabilisé, c’est d’attendre un film d’horreur et d’épouvante et d’avoir vu autre chose. À plusieurs reprises, j’ai pensé à une métaphore relative au sida. C’est qu’il est question ici de quelque chose qui est sexuellement transmissible.

Ne lire ce qui suit qu’après avoir vu le film !
Quelque chose que l’on nomme ou plus exactement que l’on ne nomme pas, sinon par « ça », « quelque chose ». « Ça » ne vous dit rien ? Normal, « ça » ne parle pas ! Vous me suivez ? C’est que j’ai reçu le film comme devant se lire avec des clés de lecture quasi psychanalytiques. On peut bien entendu le recevoir comme un film d’horreur puisque nous n’aurons pas le « dernier mot » de et sur « ça » ! Bien plus « ça » vous suit jusqu’à la fin qui pourrait même ouvrir sur une suite puisque, désolé si je « spoile », aucune explication ne sera donnée. Entendons : rien de « cartésien » comme c’est le cas dans Jacob’s Ladder (L’échelle de Jacob, Adrian Lyne, 1990) ou The Sixth Sense (Sixième sens, M. Night Shyamalan, 1999). Dans ces films et d’autres du même genre, un twist final vous donne une clé de lecture et vous invite presque à une seconde vision.

Rien de tel ici, même si je ne puis que conseiller de revoir It Follow pour suivre l’histoire de Jay de plus près et à nouveaux frais. En effet, dégagé de l’éventuelle angoisse suscitée par le film puisqu’on en connaît le déroulement, il pourrait être l’objet d’un autre décodage. Vous y découvrirez un monde quasiment sans adultes. Ceux-ci sont rares, hormis sur quelques photographies. Nous sommes à Detroit, une ville sans avenir. Les jeunes y sont entre eux, quasiment repliés sur eux-mêmes. Il y a du « non-dit » dans les sentiments de certain pour certaine. « Ça » ne s’exprime que par des regards, des attitudes corporelles, mais ne se dit pas, sinon par le souvenir d’un baiser. C’est le baiser d’un autre, plus âgé, suivi d’une relation sexuelle dans une voiture qui va entrainer Jay dans un nouveau trip. Celui qui est désormais adulte et qui lui a transmis « ça » n’en est pas totalement débarrassé. Outre la crainte d’un retour, il y a celle d’une remontée aux origines. Celle-ci ne peut se faire que par la mort ? Mais s’agit-il d’une mort physique ou de la mort de l’enfance/adolescence ? Que perd-on quand « ça » vous suit tout en étant entré en vous par l’acte sexuel ? C’est dans votre corps et pourtant « ça » vous suit hors de vous. C’est angoissant, d’autant plus que vous seul voyez « ça » !

Ça suffit donc à (vous) foutre la trouille mais également à se replier entre soi, entre jeunes adolescents, à se protéger les uns les autres... mais également à se dire que l’on pourra prendre « ça » sur soi (et en soi) en passant à son tour à l’acte (sexuel). On pourra alors assumer ça avec plus ou moins de bonheur. Et quand ça prend une figure maternelle à quel mort doit-on s’attendre ? Et si celui qui était amoureux depuis longtemps prend ça sur et en lui, il y a fort à parier que ça le suivra longtemps encore !

Tout ce que je viens d’écrire trahit mon interprétation. Elle pourra paraître séduisante à certains, tirée par les cheveux à d’autres. Il y a cependant quelques éléments qui me dérangent. Ainsi la volonté de manifester l’invisible par des artifices (les cheveux, le drap... choses que l’on comprendra lors de la vision du film) ; les appareils électriques autour de la piscine qui n’ont aucune action ni sur Jay... ni sur le différentiel de l’installation électrique... Sur ces incohérences de scénario, il peut être intéressant de lire la critique d’un site « spécialisé », Devildead. Je conclus en signalant qu’un de mes amis critique cinéma faisait part, à la sortie du film, de liens avec, notamment, A Nightmare on Elm Street (Les griffes de la nuit, Wes Craven, 1984) que je n’ai jamais vu.



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