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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Christopher Nolan (2014)
Interstellar
Sortie le 5 novembre 2014
Article mis en ligne le 4 novembre 2014

par Charles De Clercq

Synopsis : Le film raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire.

Le synopsis du site Mulderville est plus explicite : Dans un avenir proche, la Terre représente une source de nourriture et de vie de plus en plus précaire pour l’humanité. L’ancien pilote de navettes spatiales Cooper s’est reconverti dans l’agriculture. Alors que la sécheresse et un vent de poussière constant menacent chaque année la récolte, le veuf Cooper tente d’élever tant bien que mal sa fille Murph et son fils Tom, avec l’aide de son beau-père Donald. Des événements étranges autour de sa ferme, que Murph interprète correctement, le conduisent vers une installation secrète de la NASA. Des scientifiques y préparent le futur exode de l’espèce vers une autre planète. Cooper devra participer à cette exploration interstellaire, quitte à abandonner ses enfants.

Acteurs : Matthew McConaughey, Jessica Chastain, Anne Hathaway, Michael Caine, Wes Bentley, Topher Grace, Casey Affleck, John Lithgow, Ellen Burstyn...

C’est à une grande fresque épique que nous convient Jonathan et Christopher Nolan tous deux scénaristes du dernier film de Christopher. Elle brasse de nombreux thèmes chers aux amateurs de science fiction et tout particulièrement celui du paradoxe temporel lié à la théorie de la relativité. On lira la réponse d’Einstein soi-même (sur le site Dialogus qui permet de dialoguer avec des personnalités qui ont marqué l’Histoire) à cette question.

Parmi les autres thèmes abordés, celui de la dégradation de notre planète (et qui paraît de moins en moins être une dystopie), le voyage dans l’espace et la gestion de sa durée grâce à l’hibernation, le rapport aux robots, l’exploration de planètes inhospitalières, les trous noirs, le voyage à grande distance dans l’Univers grâce à des trous de ver, sans compter la question des liens familiaux et tout particulièrement de la relation d’un père avec ses enfants, celle de la survie de notre espèce en conflit avec l’instinct de survie individuel...

Rien de bien neuf qui n’ait donc été exploré dans la littérature de science-fiction depuis son âge d’or jusqu’à certains épisodes de la série Doctor Who (au moins dans la seconde série !).

Au sortir de la salle après la vision presse, les journalistes semblaient divisés entre les seniors (de dubitatifs à interrogatifs, notamment par rapport à certains emprunts ou citations, dont 2001, Odyssée de l’espace, par exemple) et les jeunes, majoritairement enthousiastes dont certains disaient, en substance : « Vous n’allez pas nous dire qu’il s’agit d’un emprunt à Kubrick ! ».

Pour tout dire, je suis dans ces seniors et je dis clairement qu’on lorgne du côté de Kubrick (cf. ci-après). D’ailleurs, pendant le film, je me suis dit : Tiens, on aurait pu intituler le film 2021, Odyssée de l’espèce !

Venons-en aux emprunts assumés... ou pas (et pour cela, j’emprunte moi-même très largement au site Sens Critique), en commençant par le plus important :

  • 2001, Odyssée de l’espace film de 1968, pour lequel Christopher Nolan précise : « Je l’ai vu quand il est ressorti en Angleterre suite au succès de Star Wars et de la mode « science-fiction ». Mon père nous a emmené mon frère et moi à Leicester Square, ou l’on peut trouver les plus grands cinémas de Londres. Je me rappelle très clairement avoir été transporté dans un autre monde. J’étais un très grand fan de Star Wars à cette époque. Mais c’était une toute autre approche de la science-fiction. J’avais sept ans, donc je ne pouvais pas prétendre avoir compris le film. Je ne peux toujours pas le prétendre. Mais à sept ans, je me fichais de comprendre le film. J’ai juste eu cette sensation extraordinaire d’être emporté dans un autre monde. Tu ne doutais pas de ce monde un seul instant. Il était d’une qualité plus grande que nature. ».
    Ensuite et je ne ferai que citer des films avec lesquels des cinéphiles auront fait quelques passerelles au plan des idées, des images,... :
  • The Right Stuff (L’étoffe des héros), Philip Kaufman, 1984
  • The Black Hole (Le Trou Noir), Gary Nelson, 1980
  • Star Wars IV, Geroges Lucas, 1977
  • Blade Runner, Ridley Scott, 1982
  • Alien, Ridley Scott, 1979
  • Zerkalo (Le Miroir), Andreï Tarkovski, 1974
  • The Treasure of the Sierra Madre (Le Trésor de la Sierra Madre), John Huston (1948)
  • Metropolis, Fritz Lang, 1927
  • Contact, Robert Zemeckis, 1997
  • Close Encounters of the Third Kind (Rencontres du troisième type), Steven Spielberg, 1977
  • Soylent Green (Soleil vert), Richard Fleischer, 1974
  • Planet of the Apes (La planète des signes), Franklin J. Schaffner, 1968
  • Days of Heaven (Les moissons du ciel), Terrence Malick, 1979
  • Apollo 13, Ron Howard, 1995
  • Mud (Mud, sur les rives du Mississippi), Jeff Nichols, 2013
  • The Wizard of Oz (Le magicien d’Oz), Victor Fleming, 1939
  • Take Shelter, Jeff Nichols, 2012
    (source)

J’ajouterais aussi quelques images proches d’Elysium de Neill Blomkamp (2013), où là aussi le thème de la dégradation de notre planète est abordé.

A voir la cote IMDB (9,5/10 sur près de 5500 votes) au moment où j’écris ces lignes on constate l’enthousiasme évident des moins de 18 ans, celui des 18-29, voire des 30-44 et plus modéré pour les plus de 45 (ma propre cotation s’inscrit d’ailleurs dans cette ligne !). Comme toujours sur IMDB, le chiffre n’est pas tout, il faut examiner la courbe des votes !

Alors le voyage avec Nolan en vaut-il la peine, malgré la durée de près de 3 heures (169 minutes) de ce film qui prétend à une certaine rigueur scientifique, notamment grâce à l’éclairage de plusieurs scientifiques spécialisés dans les « trous noirs » ? « Prétend » car malgré ce qui apparaît comme caution « scientifique » nous sommes encore loin du compte (Voir à ce sujet la vidéo tout en bas de cet article, après la bande-annonce du film).

Oui, le voyage en vaut la peine et c’est vrai que, somme toute, il est très long (trop diront certains) mais c’est normal, s’agissant de l’écoulement du temps dans des « durées » différentes. Ainsi un épisode qui dure 1 heure sur une planète proche d’un trou noir équivaudra à une dizaine d’années sur la Terre. Et c’est justement cette contraction/dilatation du temps (et donc du vieillissement) en fonction des lieux qui est un des enjeux dramatiques du film, impossible course contre la montre face à l’inexorable et irréversible cours du temps.

Ce sera grâce à une rencontre temporelle entre un improbable point de tangence paradoxale (comme aurait dit un de mes maîtres) où le présent, écrivons plutôt l’« actuel » d’un des protagonistes rencontre le (son) « passé » grâce au « futur » que des clés seront données pour une possible réconciliation familiale.

Pour peu que l’on passe sur une certaine philosophie New Age, sur certaines incohérences techniques (ainsi, par exemple, après plusieurs décennies l’ordinateur portable n’a pas changé et les vaisseaux spatiaux permettent toujours d’installer un robot de plus de cent ans !) on aura plaisir à entrer dans cet (ces) univers que nous propose Nolan (et notons que cette fois-ci il n’y a pas de son dans l’espace !!) et dans lequel nous retrouvons même Matt Damon dans un rôle, auquel il ne nous a pas vraiment habitué, ainsi que la bande musicale de Hans Zimmer.

Pour aller plus loin dans l’approche positive...

Une vidéo pour revenir sur Terre...

http://www.youtube.com/embed/jGUeadHiYeY
INTERSTELLAR : Science ou Fiction ? - YouTube


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