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CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Ron Howard
Inferno
Sortie le 19 octobre 2016
Article mis en ligne le 8 octobre 2016

par Charles De Clercq

Synopsis : Lorsque Robert Langdon se réveille amnésique dans un hôpital italien, il fait équipe avec le docteur Sienna Brooks qui va tenter de l’aider à retrouver la mémoire. Ensemble ils vont empêcher un malade mental de répandre la peste dans le monde, tel que le décrit Dante dans son « Inferno ».

Acteurs : Tom Hanks, Omar Sy, Felicity Jones, Irrfan Khan, Sidse Babett Knudsen.

 Un réalisateur capable du meilleur mais pas que !

Nous avions snobé The Da Vinci Code en 2006, essentiellement parce que le foin autour du roman, laissant entendre des secrets cachés par la toute puissante Eglise catholique était un tel ramassis de « couillonnades », d’une telle absurdité que nous voulions y échapper. Il ne s’agissait pas de défendre une Institution qui n’est pas enfermée dans les fantasmes que l’on a sur elle, mais de nous protéger le cerveau d’une histoire nulle, même si elle fascinait les foules (mais c’est loin d’être un critère). Pour la même raison, on a laissé tomber Angels & Demons en 2009. Entretemps, nous l’avions acheté en DVD... mais jamais regardé. Acheté parce que bluffé par Rush en 2013, un peu moins par In the Heart of the Sea l’an dernier et totalement conquis par son documentaire The Beatles : Eight Days a Week. Comment ne pas faire confiance en quelqu’un qui savait mettre si bien en images et en musique les années mythiques d’un groupe musical qui l’était tout autant ? Malheureusement il faut reconnaître que la déception était au rendez-vous !

 Rien de neuf mais voir du pays et de l’art !

Il y a bien un film d’action à l’arrivée dont toute l’intrigue se trouve dévoilée dans la bande-annonce. Il suffit de la regarder attentivement et la majorité des ressorts du film y sont dévoilés. Si vous aimez être (un peu) surpris et détestez les spoilers, autant ne pas visionner la bande-annonce avant le film. Son scénario est assez classique, mais il s’éloigne de l’intrigue du roman (lien vers la fiche Wikipedia pour ceux/celles qui ne l’ont pas lu) dont plusieurs éléments, lieux et actions sont (très) largement transposés pour faire place ici à un pseudo-ésotérisme New Age de bazar, avec un certain nombre d’images, de décors et de corps « fantastiques », qui ont pour unique but de faire flipper, de donner un soupçon d’horreur éventuelle au film, mais dont on découvrira à la fin du film qu’il s’agit-là d’une aporie [1]. Il y a bien des fausses pistes, des flash-backs pour découvrir où les uns et les autres se sont fourvoyés. Pour les confrères qui ont vu les deux précédents opus de cette saga policière, le canevas est le même et les clichés identiques (S’agissant d’ésotérisme, Jean-Jacques Annaud - adaptant là aussi un roman - avait fait bien mieux avec Le nom de la rose !). Tout au plus, même si nous sommes conscients que les foules devraient se ruer dans les salles, y verra-t-on une possibilité de voyager à travers quelques beaux endroits du monde, en particulier en Italie et de découvrir de belles œuvres artistiques. En somme de fréquenter quelques musées et quelques belles villes et peut-etre le désir d’en savoir un peu plus sur l’œuvre de Dante.

En résumé, ceux qui ont aimé les deux premiers opus de la saga - et pour qui les critères « cinématographiques » sont seconds, voire secondaires - se retrouveront (très) volontiers dans ce troisième volet qui garde la même structure. Les cinéphiles, en revanche, seront probablement déçus... même si on retrouve l’acteur qui monte, Omar Sy, avec ici, un anglais avec un délicieux accent français. Et donc, on ne peut que conseiller de voir le film en version originale, rien que pour cela !

 Où l’on pose quand même une petite question philo...

Toutefois, il est une question plus « philosophique » abordée par le film par la médiation de Bertrand Zobrist, l’antagoniste, interprété par Ben Foster (Comancheria, The Program, Ain’t Them Bodies Saints, ou encore le moins connu du grand public Kill Your Darlings...). Il s’agit de la question de la surpopulation humaine et du poids qu’elle fait peser sur la planète. Elle est illustrée par un schéma, tout comme dans l’excellent documentaire Tout s’accélère : supposant que l’on mette une bactérie dans une bouteille, et qu’elle se divise en deux toutes les minutes, quand la bouteille sera-t-elle à moitié pleine ? Une minute avant la fin !! La comparaison est simple avec la croissance exponentielle de l’humanité. Le « remède » du « méchant » : supprimer la moitié de l’humanité grâce à une peste mortelle. OK ! Mais cela ne fait que reculer d’une minute dans l’image de la bouteille. A part montrer que la solution du « méchant » n’est pas la bonne, le film ne va pas creuser ce point. Il n’empêche qu’il pose de sérieuses questions. Il y a une limite que l’on ne pourra pas franchir. Comment la gérer, pour les monothéistes chrétiens fasse à l’instruction divine « croissez et multipliez, emplissez la terre et-là ! » ? Le théologien allemand Eugen Drewermann posait cette question il y a plus de trente ans. Il en arrivait à la conclusion qu’il fallait prendre le malthusianisme au sérieux, au moins si l’on veut poser le modèle de vie occidental comme étant celui à atteindre par tous. Cela va dans le sens posé par Bertrand Zobrist dans le film. La méthode qu’il propose est radicale et nous ne pouvons l’accepter. Il n’empêche, le modèle de croissance et de démographie induit par les religions chrétiennes ne peut que nous conduire à la catastrophe. Si la »Nature« s’en remettra (à une autre échelle temporelle que ce que nous pouvons appréhender), ce ne sera pas le cas de l’espèce humaine - et donc de la majorité qui »partage« le même »territoire" ou espace vital. C’est peut-être la seule chose que l’on pourrait retenir du film, une question qui sera vite oubliée et évacuée. Occasion alors d’aller voir - de toute urgence ! - le film Tout s’accélère !

 Bande-annonce :

Inferno Bande-annonce VOSTFR
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