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Kasi Lemmons
I Wanna Dance With Somebody
Sortie du film le 21 décembre 2022
Article mis en ligne le 23 décembre 2022

par Julien Brnl

Genre : Biopic

Durée : 146’

Acteurs : Naomi Ackie, Stanley Tucci, Tamara Tunie, Ashton Sanders, Nafessa Williams...

Synopsis :
De la jeune choriste du New Jersey à l’une des artistes les plus renommées et récompensées de tous les temps, le public se retrouve transporté dans une aventure à travers la vie et la carrière tourmentées de Whitney Houston.

La critique de Julien

À chaque grande voix féminine et américaine éteinte, son biopic. Après Aretha Franklin l’année dernière dans « Respect » de Liesl Tommy (passé d’ailleurs inaperçu), place cette année-ci à Whitney - Elizabeth - Houston, dans « I Wanna Dance With Somebody » de Kasi Lemmons, spécialiste des films biographiques. Ecrit par Anthony McCarten, à qui l’on doit le script de « Bohemian Rhapsody » (2018), lui qui a autofinancé une option pour les droits sur la carrière de Houston, ce film revient ainsi sur la vie de celle que l’industrie musicale appelait « The Voice », elle qui détient - notamment - le record de sept titres (issus de ces deux albums) classés consécutivement numéro 1 au Billboard Hot 100, tout en ayant connu, comme chacune de ses condisciples, de nombreux drames dans sa vie, elle qui est d’ailleurs décédée en 2012 des suites d’une noyade, provoquée par une maladie cardiovasculaire et la consommation de cocaïne...

Coproduit par le mentor de la chanteuse lui-même, Clive Davis (aujourd’hui âgé de 90 ans), mais également par sa belle-sœur, Pat Houston, « I Wanna Dance With Somebody » débute en 1983, alors que la fille de la choriste renommée de rhythm and blues aux États-Unis, Cissy Houston, et cousine de la chanteuse Dionne Warwick, chante dans l’église baptiste de Newark, avec le souhait de devenir, choriste, comme sa mère. Puis viendra sa rencontre avec Clive Davis (ici joué par Stanley Tucci), le président de la maison de disques Arista, lui qui lui fera signer un contrat à vie, tandis que le film revient sur sa relation amoureuse avec Robyn Crawford, elle qui deviendra son assistante et directrice créative, après avoir été mise à l’écart par la famille et la direction de Houston, alors que sa renommée grandissait, à mesure de ses premiers - et énormes - succès. S’en suivra son mariage tumultueux avec Bobby Brown, lequel la fera plonger dans la toxicomanie, bien qu’ils auront ensemble une fille, Bobbi Kristina Brown (au destin aussi tragique que celui de sa mère), après que l’artiste ait fait une fausse-couche pendant le tournage de « The Bodyguard » ; film lui ayant permis de faire du titre « I Will Always Love You » le plus vendue de tous les temps par une chanteuse. De ses grands succès à ses problèmes de trésorerie (le film salissant ouvertement la mémoire de son père), en passant par ses tournées épuisantes, ses problèmes d’alcool et de consommations de stupéfiants, ou ses tentatives ratées de comeback, avec, pour souvenir gravé, sa prestation aux American Music Awards 1994 avec son triplé « I Loves You, Porgy », « And I Am Telling You I’m Not Going » et « I Have Nothing », « I Wanna Dance With Somebody » épingle ainsi à la grosse louche la vie de celle que ses proches surnommaient « Nippy »...

Il y a quatre ans, le cinéaste Kevin Macdonald sortait le documentaire « Whitney », portrait de la star déchue, de sa naissance dans une famille d’artistes afro-américains, à sa reconnaissance musicale sans précédent dans un star-system féroce, jusqu’à son évanescence, aussi bien artistique que personnelle. Mais au contraire de ce film, ce documentaire se révélait beaucoup plus fouillé et révélateur, lequel laissait entrevoir les parts d’ombres, à la fois en surface et enfuies de Whitney Houston, mais également celles de son entourage. Même si le personnage de l’actrice Naomi Ackie (vue dans « The Young Lady » de William Oldroyd) dit ici qu’il a « beaucoup sacrifié » dans sa vie pour plaire au star-system, le film de Kasi Lemmons n’est lui qu’une photographie des grandes étapes de la vie de la chanteuse, sans entrer dans les détails les plus intéressants, tandis qu’il ne s’intéresse aucunement aux combats qu’elle aura menés pour autrui, laissant aussi de côté tout contexte socio-politique, même si la polémique entourant sa musique jugée « trop blanche » est ici abordée. « I Wanna Dance With Somebody » est dès lors un biopic orienté, écrit en fonction des spécifications de la famille de Whitney Houston, et des droits acquis par Anthony McCarten.

Qui dit biopic dit film à interprétation. Et Naomi Ackie s’en sort ici avec les honneurs, même si le mimétisme n’est pas flagrant (elle lui ressemble au plus lors du tournage du clip du titre « It’s Not Right But It’s Okay »), même si elle en épouse avec subtilité les gestes, les postures. Bien que ce n’est pas ici sa voix que l’on entend, mais bien celle de l’artiste, remixés ici pour le cinéma, l’actrice a du chanter aussi distinctement qu’à tue-tête, afin que le placement de sa bouche soit parfaitement en accord avec la bande-originale et ses riffs, posés en post-production. Le vibrato de la voix de Whitney Houston et les conséquences physiques de celui-ci coïncident avec perfection sur l’interprétation de Naomi Ackie, elle que l’on croirait réellement chanter. C’est sans doute là l’une des grandes prouesses de « I Wanna Dance With Somebody », lui qui fait davantage vibrer que nous en apprendre sur Whitney Houston, et qu’on ignorait encore. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien si le film enchaîne de nombreuses interprétations, rythmées par des images illustrant des passages clef de la lente descente aux enfers de Whitney Houston, lui qui se regarde finalement comme un long clip vidéo plutôt que comme un film à part entière. Mais qu’on se le dise, ces séquences musicales nous donnent littéralement le frisson, et nous confortent surtout dans l’idée que la carrière descendante de l’artiste est un gâchis total...



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