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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Neil Marshall
Hellboy
Sortie le 8 mai 2019
Article mis en ligne le 18 mai 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • troisième film adapté du personnage de Comics « Hellboy » créé par Mike Mignola, après les deux premiers films de Guillermo del Toro sortis respectivement en 2004 et 2008, sauf que ce dernier est un reboot des aventures du « garçon de l’enfer », et ne prend donc pas en compte les deux premiers films ;
  • s’inspire principalement de l’intrigue développée dans « Hellboy, Volume 9 : The Wild Hunt » (2010), soit une anthologie composée des numéros 37 à 44 de la série de bande dessinée de la série « Hellboy » ;
  • contrairement aux précédents films, « Hellboy » a été classé R aux Etats-Unis (ce qui signifie que les enfants de moins de 17 ans doivent être accompagnés d’un adulte pour pouvoir le voir) ;
  • Ed Skrein (« Le Transporteur : l’Héritage », « Alita : Battle Angel ») devait initialement incarner le rôle de Benjamin Daimio (agent travaillant pour le BPRD capable de se transformer en un jaguar lors de stress extrêmes), sauf qu’après de nombreuses protestations sur Internet en raison du non-respect des origines japonaises de ce personnage dans les comics, l’acteur a décidé de quitter le projet, lequel a été replacée par l’acteur sud-coréen Daniel Daie Kim.

Résumé : Durant l’Âge sombre, la Reine de Sang Vivian Nimue est vaincue par le Roi Arthur grâce à Excalibur. Le corps de Nimue est dispersé et chaque membre caché en des lieux différents. De nos jours, Hellboy, qui travaille pour le BPRD (Bureau de Recherche et de Défense sur le Paranormal) dirigé par son père adoptif et supérieur hiérarchique, Pr. Trevor Bruttenholm, va devoir affronter en plein cœur de Londres ce puissant démon revenu d’entre les morts pour assouvir sa vengeance.

La critique de Julien

On y a cru de nombreuses années au troisième épisode des aventures de « Hellboy » par Guillermo del Toro, et cela jusqu’en février 2017, lorsque le cinéaste mexicain annonçait sur Twitter l’abandon pur et dur de cet opus, tandis qu’au même moment, le projet d’un reboot se dessinait. Il n’aura fallu alors attendre que trois mois après les aveux de Guillermo del Toro pour qu’il soit officiellement annoncé par Mike Mignola, le créateur du personnage. Très vite, le réalisateur britannique Neil Marshall (« The Descent » en 2005) a été choisi pour mettre en boîte cette nouvelle version, promisse alors comme plus adulte et violente comparée aux deux autres films, et d’autant plus fidèle aux comics desquels est inspiré le personnage, et plus précisément ici du volume neuf (paru en 2010), intitulé « The Wild Hunt », tandis que l’acteur David Harbour (« Stranger Things ») a été choisi pour remplacer Ron Perlman dans la peau du célèbre personnage à l’apparence si particulière...

Dans ce film qui fait office d’une seconde jeunesse au cinéma pour Hellboy, l’histoire nous apprend ses origines insoupçonnées ainsi que sa destinée royale, tandis qu’il sera confronté à la vengeance de la Reine de Sang Vivian Nimue (Milla Jovovich), revenue d’entre les enfers après avoir été jadis vaincue par le Roi Arthur et l’Excalibur, puis démembrée et éparpillée aux quatre coins de la Grande-Bretagne afin qu’elle ne puisse jamais plus répandre le mal sur Terre.

Si ce reboot a été envisagé plutôt qu’une suite (malgré l’implication de Del Toro et de son acteur principal), c’est bien parce que le studio Universal, détenant les droits de la franchise depuis août 2006 et la faillite des studios Revolution, n’a pas vu en celle-ci une saga assez rentable, malgré l’accueil critique plus que positif. Réticent alors à l’idée de perdre de l’argent, le studio a donc opté pour un redémarrage depuis zéro, surfant sur la vague de « Logan » (de James Mangold) et « Deadpool » (de Tim Miller). Et à l’heure actuelle, si on est triste, d’un côté, du sort dorénavant scellé du personnage au cinéma suite à l’échec commercial et critique de ce nouveau « Hellboy », on ne peut, de l’autre, que s’en réjouir, étant donné sa qualité très discutable. Et puis, c’est qu’avec un budget de production officiel s’élevant à cinquante millions de dollars, le film n’en a même pas rapporté vingt-deux aux Etats-Unis ! Autant dire que le studio aurait mieux fait de faire confiance à Guillermo del Toro !

Si l’histoire de la « Queen of Blood » est appréciée des fans du comic book, force est de constater la laideur absolue de ce film, abusant de CGI grotesques à tout-va. C’est simple, puisqu’à chaque plan de l’intrigue, des effets numériques s’invitent dans la partie, étant donné en plus l’impressionnante armada ennemie à laquelle devra faire face Hellboy, composée de vampires, de géants, d’une fée porcine (Gruagach) ou encore d’une sorcière (Baba Yaga), sans oublier Nimue et son armée de créatures hideuses. Noyé dans un chaudron d’effets numériques, le film de Neil Marshall ne fait pas le poids face à la beauté visuelle des films de Del Toro, lui qui usait surtout de costumes et de maquillages pour donner vie à ses monstres. Alors certes, la transformation effectuée sur David Harbour pour le transformer en Hellboy est plus que convaincante (sous la direction du créateur de maquillages spéciaux primé aux Oscar Joel Harlow), mais le reste n’est qu’une bouillie illisible au sein d’une mise en scène qui ne permet jamais à l’histoire de poser ses valises, et de s’imprégner de ses innombrables ambiances, et décors. Or, à divers moments, « Hellboy » propose une immersion dans des lieux intéressants, tels que dans la maison sur pattes de poule de la sorcière Baba Yaga (oui, oui), où encore dans notre monde ravagé par les enfers, lors d’une vision apocalyptique apparaissant à Hellboy lorsqu’il empoigne l’Excalibur... Mais ces moments ne sont malheureusement ici qu’instants.

Avec sa direction horrifique plutôt que fantastique, « Hellboy » perd forcément en charme et poésie, et d’autant plus à l’image d’effets gores utilisés à foison, et d’ailleurs beaucoup trop soulignés pour fonctionner, tandis qu’en essayant d’être marrant à coup de second degré, le film ne l’est jamais vraiment. Pire que ça, puisque toutes les vannes tombent à plat, et semblent ne faire rire qu’Hellboy... Alors certes, David Harbour s’en donne à cœur joie dans son rôle, et s’en sort avec les honneurs, mais Milla Jovovich, elle, n’est pas du tout convaincante dans le sien. Entre nous, on a vraiment du mal à se souvenir d’un bon rôle de la part de l’actrice au cinéma. Et ce n’est pas le rôle d’Artemis qu’elle va camper l’année prochaine dans l’adaptation au cinéma du jeu vidéo « Monster Hunter » de son époux Paul W.S. Anderson qui va nous rassurer...



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