Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

David Gordon Green
Halloween Ends
Sortie du film le 12 octobre 2022
Article mis en ligne le 16 octobre 2022

par Julien Brnl

Genre : Horreur, thriller

Durée : 111’

Acteurs : Jamie Lee Curtis, Andi Matichak, Judy Greer, Nick Castle, Will Patton, Rohan Campbell...

Synopsis :
Quatre ans après les événements du film « Halloween Kills », Laurie vit avec sa petite-fille Allyson et finit d’écrire ses mémoires. Michael Myers n’a pas été revu depuis. Laurie, après avoir laissé le spectre de Michael déterminer et diriger sa réalité pendant des décennies, a décidé de se libérer de la peur et de la rage et d’embrasser la vie. Mais lorsqu’un jeune homme, Corey Cunningham, est accusé d’avoir tué un garçon qu’il gardait, cela déclenche une cascade de violence et de terreur qui obligera Laurie à affronter le mal qu’elle ne peut contrôler, une fois pour toutes.

La critique de Julien

Clap de fin (présumée) pour Michael Myers et Laurie Strode. Troisième et dernier épisode de la nouvelle trilogie « Halloween » reprenant quant à elle à l’issue du classique film de John Carpenter datant de 1978, « Halloween Ends » fait suite au décevant épisode de transition qu’était « Halloween Kills », lequel traînait des pieds en jouant la carte de la surenchère, même si sa brutalité était loin d’être désincarnée, et dans l’attente donc d’une confrontation finale qu’on espérait de qualité. Et on a bien fait de faire confiance à David Gordon Green (sous la bannière Blumhouse Productions) et à son équipe, lequel réalise, coécrit et coproduit cette conclusion, laquelle vient mettre un terme à 45 ans de confrontation entre « l’incarnation du mal » et le personnage incarné par Jamie Lee Curtis ; rôle qui, rappelons-le, a lancé sa carrière, marquant l’une des plus longues associations acteur-personnage de l’histoire du cinéma. Plus intime et rétroactif que son prédécesseur, tout en restant tout aussi efficace et mieux dosé, « Halloween Ends » devrait satisfaire les fans...

Au contraire de « Halloween Kills » qui voyait son action débuter quelques secondes à peine à la suite des événements du premier volet de cette trilogie, cet épisode débute quatre années après ceux de « Kills », alors que Laurie a acheté une nouvelle maison et y vit avec sa petite-fille Allyson (Andi Matichak), tandis qu’elle finit d’écrire ses mémoires, et tente de se reconstruire une vie « normale » après la mort de sa fille (Judy Greer). Quant à Michael Myers, il n’a plus été revu depuis... Le calme, lui, semble être revenu à Haddonfield, après la débauche de violence citoyenne, qui souhaitait (vainement) quatre ans plus tôt traquer le tueur et faire justice elle-même. Mais un jeune homme, Corey Cunningham (Rohan Campbell), sera accusé d’avoir tué un garçon dont il était le baby-sitter, alors qu’il ne s’agissait pourtant que d’un accident. Moqué, harcelé, pointé du doigt, Corey deviendra malgré-lui le nouveau croquemitaine aux yeux de la population d’Haddonfield, laquelle créera dès lors elle-même un nouveau monstre, pour lequel s’éprendra Allyson, devant le regard inquiété de sa grand-mère, et cela alors qu’une nouvelle nuit d’Halloween approche...

On avait méchamment peur que ce final tourne autour du même pot, et ne cherche qu’à remplir le vide, ce que faisait « Halloween Kills », avec son bain de sang et une Laurie Strode clouée sur son lit d’hôpital. Mais force est de constater que ce dernier round prend du recul, et ose même revenir à la racine du mal, ou du moins à l’une de ses racines possibles. Aussi, Michael Myers, qui se terre dans une tanière, paie ici le prix cher de ses blessures, étant donné son incohérente invincibilité constatée quatre ans auparavant, où celui-ci avait fait les frais d’armes à feu et d’armes blanches, tandis qu’il réussissait à poignarder plus vite que son ombre. La bonne idée du film, c’est donc d’avoir déplacé la menace en une nouvelle personne, comme une contagion, où nous assistons ainsi à la naissance, tandis que plane toujours l’ombre de Myers, lui que Laurie verra au travers du regard obscur dudit jeune homme, qu’incarne avec peu d’épaisseur Rohan Campbell, malgré un certain charisme. L’écriture du film souffre en effet de quelques naïves facilités, lui dont la transformation en monstre est certes évidente, mais trop extrême vis-à-vis des terribles actes qu’il commettra, et manque donc de nuances, tandis qu’une idylle naissante et évidemment impossible naîtra entre ce dernier et la petite-fille de Laurie Strode, au grand désarroi de cette dernière, essayant vainement de la prévenir. Sauf qu’elle aura bien évidemment raison sur toute la ligne...

Sans véritable temps mort, malgré un mal en latence, bien qu’il en prenne pour installer tant bien que mal ses personnages dans leur nouvelle vie, « Halloween Ends » se révèle plus ou moins agréablement inspiré, efficace, et même captivant dans la manière dont il filme et développe le mal qui se répand devant nos yeux, et dont nous serions, d’après son discours sous-jacent, responsables, tandis que la rencontre finale entre Laurie et Michael a évidemment bien lieu, et cela pour notre plus grand plaisir, tout en étant très généreuse. Dommage cependant que la finesse ne soit définitivement pas au rendez-vous, le film ayant une protubérance à surligner ses effets, comme porter littéralement sur la place publique la mort de l’une des figures emblématiques du cinéma d’horreur (Laurie Strode ou Michael Myers ?), d’où ici un rassemblement inopiné en procession des habitants d’Haddonfield durant l’épilogue du film. Mais on comprend bien-là la démarche du metteur en scène, lui dont le travail se situe dans la lignée de celui de son mentor, John Carpenter, dont il reproduit ici le style de mise en scène, tout en portant un regard similaire sur le mal et ses fondements, aussi dérangeant soient-ils. Comme le dirait Voltaire, « l’homme n’est point né méchant ; il le devient, comme il devient malade. » Une citation qui trouve ici tout son sens...



Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.11